Le gouvernement dans l’impasse face à la grogne

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Le mois de février marquera-t-il l’avènement d’une convergence des luttes de nature à faire plier le gouvernement? Une chose est sûre: les mécontentements perdurent, en témoignent les nombreuses manifestations en cours et celles prévues lors des prochains jours. La grève de dix jours, déclenchée depuis lundi le 21 janvier 2019 par les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016, paralyse l’enseignement et provoque le courroux des parents d’élèves.

Mais le mois de février risque d’être également marqué par des grèves à répétitions, notamment du côté des administrateurs civils qui, pour protester contre le relèvement du gouverneur de Kayes, menacent d’observer une grève de 72 heures, du lundi 11 février au mercredi 13 février 2019. Après sa grève de trois jours en janvier, l’UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali) est toujours sur le pied de guerre. Elle projette une nouvelle grève de cinq jours en mois de février si ses doléances ne sont pas satisfaites.

Parallèlement aux syndicats, un front religieux, qui s’était un peu calmé après les débats houleux sur l’enseignement de l’homosexualité au Mali, a subitement durci le ton suite à l’assassinat d’un membre du Haut Conseil Islamique du Mali à Bamako. Après un rassemblement mêlant diverses sensibilités religieuses du pays le 26 janvier, les leaders religieux ont exigé l’application de la peine de mort au Mali. Le samedi dernier, l’association Tabital Pulaaku, lors d’un grand meeting, a accusé l’état malien de complicité avec les milices armées dans les tueries contre les peuls au centre du Mali (aujourd’hui gangrené par une insécurité chronique). Accusés de tous les péchés d’Israël, la tête du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga est mise à prix par l’imam Dicko, le président du Haut Conseil Islamique du Mali.

Si les manifestations en cascade indisposent en haut lieu, on se garde bien de le montrer. On fait mine de vouloir négocier mais on ne peut s’empêcher de céder à un péché mignon, celui de stopper la contestation à tout prix en pointant les grévistes comme les méchants dans l’affaire. Que faire ? Céder ou recourir de nouveau à la violence pour faire taire les plus résistants ? Une chose est certaine aujourd’hui : le pouvoir en place est dépassé par la situation. L’opinion publique se demande, elle, comment les pouvoirs publics vont se sortir du bourbier dans lequel s’enfonce la contestation.

Madiassa Kaba Diakité

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