Supervision des élections : Doute sur certains membres de la société civile

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La tenue d’élection libre, transparente et crédible, le 29 juillet demeure une préoccupation majeure de l’ensemble des Maliens et de ses  partenaires notamment la Minusma. A cet effet, le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, dans son rapport trimestriel sur le Mali publié le 6 juin évoque la création des conditions propices à la tenue d’élections pacifiques et transparentes, incombe au Gouvernement, avec l’appui de la MINUSMA. Mais la réalité  sur le terrain est tout autre. Et moult interrogations demeurent sur la vraie nature de certaines structures liées au processus électorale, et leur composition qui compromettent leur neutralité dans le processus électoral.

Un mois nous sépare de l’élection présidentielle au Mali dont le premier tour est prévu le 29 juillet prochain. Les états-majors politiques, à cet effet, sont déjà en ébullition. Les partis politiques de l’Opposition malienne, qui se battent pour l’alternance, doutent fortement de la volonté du gouvernement à organiser des élections crédibles et transparentes. Ainsi, le 2 juin 2018, pour réclamer l’organisation « d’élection transparente, crédible et l’égal accès aux médias d’Etat » la Coalition pour l’Alternance et le Changement a organisé une grande marche à Bamako et l’intérieur du pays. La marche pacifique de la Coalition a été matée suscitant une vague de condamnations  des partenaires  du Mali. La tension  couvant toujours, le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, dans son rapport trimestriel sur la situation au Mali, s’est dit préoccupé par la détérioration continue des conditions de sécurité au Centre du Mali.

En outre, il a insisté sur la réunion des conditions pour des élections crédibles et a déclaré que « la tenue d’élections inclusives, transparentes et crédibles sera essentielle pour garantir les progrès réalisés jusque-là par les parties dans la mise en œuvre de l’Accord et pour les faire fructifier. Il est important que toutes les parties travaillent ensemble pour s’assurer que les conditions d’un déroulement des élections dans un environnement pacifique sont réunies. Il importera que le Gouvernement, avec l’appui de la MINUSMA, crée des conditions propices à la tenue d’élections pacifiques et transparentes, qui se déroulent en toute sécurité. Pour ce faire, il faudra établir un véritable dialogue avec l’opposition politique et la société civile sur le processus électoral », a indiqué le secrétaire général des Nations- Unies.

Poser la question de la réunion des conditions pour des élections, est juste. Cependant la pratique est tout autre sur le terrain,  quand on voit certaines structures financées à coup de dizaines de millions et qui ne sont rien d’autre, que des  clones déguisés de l’Etat. Le Réseau d’ONGs d’Appui au Processus Électoral du Mali (APEM) est dans ce cas de figure aujourd’hui, présidé par un magistrat, un agent de l’Etat en fonction.

La composition de cette structure dont le rôle devrait être essentiel dans le processus électoral est compromettante pour sa crédibilité. Ce Réseau d’ONGs d’Appui au Processus Électoral du Mali (APEM) se trouve aujourd’hui composé, au détour d’un renouvellement de ses organes de direction, de magistrats occupant de hautes fonctions de l’Etat et de ministres au gouvernement. Impensable  dans un Etat sérieux!

Comment une telle structure peut-elle être crédible pour contribuer à la transparence des élections ? Nous citons ici quelques membres de la direction de ce Réseau APEM, qui avant d’être phagocyté par l’Etat a réalisé des tâches appréciables dans l’accompagnement du processus électoral malien et occupait ainsi une place de choix dans notre processus électoral. Aujourd’hui, il donne l’image d’un service du gouvernement, en mission de validation du pouvoir.

Le président du Réseau APEM, Dramane Diarra est magistrat et procureur de la Commune IV, même s’il est par ailleurs président de l’Alliance des Générations Démocratiques du Mali (AGDM), président de l’Amicale de la Promotion Me Tiemoko Diatigui DIARRA de 1996 de l’ENA de Bamako, 2ème Secrétaire à l’Organisation du Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM)., l’affaire du renouvellement du Réseau APEM est pendante devant la Cour Suprême depuis 2015 et n’est pas encore tranché à ce jour.

Dans le bureau du Réseau APEM dirigé par Dramane Diarra, figure Cheick Mohamed Chérif KONE, président du Syndicat Autonome de la Magistrature qui est aussi Avocat Général près de la Cour Suprême en activité. Dans ce même bureau du Réseau APEM figurent Mme Traoré Oumou Touré au nom de la CAFO (actuellement membre du gouvernement ministre de la Promotion de la Femme et de l’Enfant) et Maouloud Ben Kattra au nom de l’UNTM (membre du gouvernement, actuel ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle).
Des magistrats et des ministres de la République peuvent-ils continuer de se réclamer de la société civile ? La réponse mérite réponse, quand on sait que la ministre de la Promotion de la Femme et de l’Enfant Mme Traoré Oumou Touré refuse de libérer le siège de la CAFO à son successeur. Ainsi va le monde de la société civile malienne, et le Réseau d’ONG d’Appui au Processus Électoral du Mali (APEM), censé être de la société civile. Comment un tel Réseau, avec une telle composition, pourrait-il contribuer à assurer la transparence et la crédibilité des élections ?

Face à cette situation il est légitime de s’interroger sur l’attitude de la Minusma qui continue de collaborer avec  l’APEM. Le  Secrétaire général des Nations Unies  cautionne-t-il de telle pratique ?  Pratique  qui consiste  à attribuer des financements à des réseaux de combinaison connectés au pouvoir, en lieu et place des organisations crédibles de la société civile malienne.

Mémé Sanogo

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