Concertation des Donsos du Djitoumou, Selingué et du Mandé : La gestion calamiteuse des litiges fonciers au cœur des préoccupations

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Le samedi 14 janvier 2011, les Donsos ou chasseurs du Djitoumou, de Sélingué et du Mandé se sont rencontrés à Ouélessébougou. Sur initiative  de l’association des chasseurs d’Ouélessébougou, cette grande rencontre a pour but de se retrouver et d’échanger sur les  différents maux qui sont en train de miner la région et qui risquent de se propager à travers toute la lisière. Etaient présents  à cette grande concertation, tous les chefs des chasseurs de Ouélessébougou, de Keleya, de Tiakadougou (commune de Baya), du Mandé, de Safè, de Marakodougou, de Tiakadougou -Dialakoro(Sélingué), de Baga, de Sougoula, de Naréna, de Bancoumana, de Siby  etc.

En effet depuis un certain temps on assiste à l’impuissance voire une complicité des plus hautes autorités du pays à faire face à certains maux qui risquent d’affecter fortement la stabilité, la quiétude et la paix de tout le  Djitoumou et ses environs. Ces maux ont pour nom  l’abattage clandestin des animaux, le coupage abusif des bois, le braquage de plus en plus croissant sur les routes surtout pendant  les foires et la libération inadmissible des voleurs et des bandits de grand chemin pris en flagrant délit par le tribunal d’Ouélessébougou. Mais ce qui préoccupe surtout la région et ses environs, c’est la gestion catastrophique actuelle  des litiges fonciers actuelle par le juge Dramane Diarra. Ne pouvant plus croiser les bras,  tous les Donsos de Ouélessébougou, de Sélingué, du Mandé et même de Kolokani se sont retrouvés  dans la capitale du Djitoumou  en vue de faire face à ce phénomène inquiétant qui est en passe de se propager dans toute la région. Si les autorités refusent de prendre les choses au sérieux, les Donsos ont décidé de prendre désormais les taureaux par les cornes afin de mettre fin à l’injustice et l’impunité dans le Djitoumou.

Le Djitoumou et sa lisière en forte ébullition

En effet depuis environ plus de trois mois la région de Sanankoroba en passant par Dialakoroba jusqu’à Ouélessébougou est confrontée à de terribles maux qui sont en train d’empoisonner les bonnes relations entre les différents villages. Ces maux ont pour nom le braquage  croissant sur les routes, l’abattage clandestin des animaux, la coupe abusive du bois et surtout la mauvaise gestion calamiteuse  des litiges fonciers. Ce qui a contribué à la dégradation du tissu social entre les habitants de ces différentes localités. Ce dont les Donsos ne veulent plus assister à cette situation qui est en train d’embraser toute la zone. En effet, tout le monde est unanime à reconnaître  que ces confréries de Donsos jouent une grande place et un grand rôle dans le Djitoumou dans la consolidation de la paix et de la cohésion. Il ne fait aucun doute que la principale préoccupation est sans conteste la gestion calamiteuse des litiges fonciers depuis l’arrivée du juge Dramane Diarra avec la bénédiction de deux spéculateurs fonciers à savoir Bakary Doumbia de Molobala et de Fadjigui Doumbia de Digato. Aujourd’hui il ne fait aucun doute que la situation est très critique avec la volonté manifeste d’exproprier les villageois de leur terre.  C’est le cas par exemple à  Kola où  1124 ha de terres sont en passe d’être expropriées ; à  Mana, Baga, Simidji  1840 ha des terres  ont déjà été morcelées avec la bénédiction du juge aidé par ces deux pions Fadjigui  Doumbia(Digato) et Bakary Doumbia  (Molobala). C’est dire donc  que ces bulletins ont vraisemblablement été déjà établis par le cercle de Kati. Face à cette situation préoccupante surtout que plusieurs villages ne se parlent plus, les Donsos, qui ont été les garants de la cohésion, de la paix et de l’unité entre tous les villages depuis les temps immémoriaux, ont décidé de se concerter pour  trouver des solutions idoines. Ainsi ils ont tiré sur la sonnette d’alarme contre les décisions arbitraires du juge portant sur l’expropriation des propriétaires coutumiers. En effet le juge profite de l’ignorance, la précarité des villageois en les faisant croire que toute immatriculation des terres  entraîne un retrait de 60% pour l’administration (40% pour l’état et 20% pour le géomètre). Le hic, c’est que malgré les 40%, les villageois ne reçoivent que des bulletins signés du préfet. Du coup ils sont obligés de payer encore pour avoir droit à un titre précaire d’une lettre d’attribution de concession rurale. Ce qui veut dire que l’ensemble des terres prélevées via des bulletins vierges se retrouvent dans les mains de différents négociants pour des sommes  faramineuses. Ainsi pour avoir 5ha, il faudrait dépenser 3 millions de FCFA et avec un simple bic, l’acheteur rempli  lui-même le bulletin déjà signé par le  préfet.  Or la réglementation exige d’abord  10.000 FCFA pour un hectare  pour avoir droit à un titre précaire. C’est ainsi que des milliers de bulletins sont en attente de propriétaire et pourtant  déjà signés. Le paradoxe dans tout cela, c’est que l’acheteur reste inconnu pour les villageois d’où le risque de confrontation quasi-permanente. Tout cela se fait en complicité avec Dramane Traoré du génie rural qui exige coûte que coûte et cela vaille que vaille les fameux 40%  des terres à defaut la somme équivalente à ce pourcentage et sans reçu. Et si un village refuse  cela, il se voit son dossier d’immatriculation de ces terres  classé. Et une fois le contentieux saisi, ce dernier va continuer à tourner durant toute une éternité et pire le préfet ne signera pas les bulletins pourtant validés par le génie rural. Pour mieux jouir leurs terres, ils font  appel au juge pourtant censé dire le droit et qui sort à son tour une décision d’interdiction prétextant que la zone est litigieuse.  Quant aux voleurs des animaux et aux bandits de grand chemin, une fois arrêtés et remis à la justice, ils sont aussitôt libérés sans aucune forme de procès. Pire les victimes sont souvent transformées en coupables et jetés injustement en prison depuis un certain temps. Comme on le sait le Djitoumou est fortement confronté par le vol  et l’abattage clandestin des animaux en complicité avec les bouchers. En décidant de se réunir, les Donsos du Djitoumou, du Mandé et de Sélingué  entendent mettre fin à cette injustice et en appellent au sens élevé des plus hautes autorités du pays. Ainsi au cours de cette rencontre d’Ouélessébougou, les participants envisagent de créer une seule coordination qui va regrouper tous les Donsos du Djitoumou, du Mandé, de Sélingué, de Kolokani et pour quoi pas de tout le Mali. Il ne fait aucun doute aujourd’hui l’arrivée de Dramane Diarra comme juge à Ouélessébougou, a réveillé les vieux démons et a favorisé une véritable instabilité dans toute la région. »Depuis l’arrivée de ce juge, on assiste à une forte criminalité dans le Djitoumou. On ne comprend pas aussi pourquoi réveiller les conflits fonciers qui ont été gérés depuis belle lurette. En tout cas le président de la république et son gouvernement n’ont pas intérêt à laisser continuer cette situation pourrie .Il est temps qu’un audit sérieux et des mesures adéquates pour annuler tous les bulletins non payés sous l’ère de l’actuel préfet de Kati et avant lui. C’est à ce seul titre qu’on pourra réduire les fraudes foncières  afin que notre pays ne connaisse plus de crise foncière  ou de spéculation foncière » confie un participant.

Sadou Bocoum 

 



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