Kati : La grande frayeur

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L’attaque de la base militaire de Kati, le vendredi dernier fait suite à une série d’attaques. Elle a suscité une grande frayeur.

 

C’est vers 5 heures du matin que deux voitures kamikazes foncent sur une installation de la direction du Matériel, des Hydrocarbures et du Transport des Armées (DMHTA), des tirs nourris s’en sont suivis. Le bilan officiel fait état d’un mort et de 6 blessés dont 1 civil côté amis. 7 assaillants ont été neutralisés, 8 interpellés et beaucoup de matériels récupérés. Cette nouvelle attaque audacieuse amputée à la Katiba du Macina, membre de la coalition des groupes terroristes affiliés à Al Qaeda, montre la capacité opérationnelle des groupes terroristes. C’est une manière pour les groupes terroristes d’envoyer un signal fort aux autorités de la transition qui ont fait de la question sécuritaire leur “priorité” absolue. Le cœur du pouvoir de transition apparaît comme la cible parfaite pour remettre en cause l’efficacité des opérations de sécurisation des forces armées maliennes entamées depuis le début de l’année.

 

Kati, la cible parfaite

C’est la première fois depuis le début de la crise malienne en 2012 qu’une cible “hard target” aussi importante soit attaquée par les groupes terroristes. Cela ressemble à une démonstration de force en réponse aux opérations militaires en cours. Au-delà de l’aspect médiatique, c’est le symbole de la puissance militaire caractérisée par la garnison de Kati, censée être impénétrable, qui est attaquée. C’est aussi là-bas qu’habitent plusieurs cadres du pouvoir dont le Président de Ta transition, le colonel Assimi Goïta.

Depuis plusieurs mois, le JNIM sort de sa zone de prédilection qu’est le centre du pays pour commettre des attaques vers le sud à cause de l’offensive menée par les FAMa dans le centre. L’objectif principal de ce groupe est d’installer un climat de terreur et de peur généralisée au sein de l’opinion publique, de renvoyer une image d’invincibilité et de remettre en cause la stratégie militaire déployée dans le cadre du plan Maliko et de l’opération Keletigui.

 

Les JNIM sous pression de l’armée malienne

Malgré les opérations de sécurisation de la part de l’armée malienne dans le centre au cœur des foyers terroristes, les groupes armés terroristes restent nuisibles. Il y a là une difficulté d’endiguer véritablement la menace djihadiste. Les attaques de ces derniers jours contre des positions militaires en disent long sur les capacités opérationnelles des groupes terroristes en termes d’habileté et d’adaptation. La menace qui au départ était au nord, se métastase dans le pays. Depuis des mois, elle s’étend de plus en plus vers le sud qui présentait une tranquillité relative. Les groupes terroristes semblent être dans une dynamique d’ouverture de nouveaux front vers le sud, mais aussi d’encercler le pouvoir central au regard des récentes attaques dans plusieurs localités près de la capitale.

L’expansion de la menace terroriste au-delà de leur zone de prédilection s’explique par la pression militaire. Les groupes terroristes sont obligés de se disséminer au-delà de leurs zones d’influences parce qu’ils sont de plus en plus traqués et neutralisés.

L’une des leçons apprises de la lutte contre le terrorisme au Sahel d’une façon générale devrait être le fait de considérer la stratégie militaire comme seul moyen de lutte contre les groupes armés terroristes qui ont un encrage endogène et une offre politique qu’ils promeuvent.

Bah Traoré

Analyste  politique et sécuritaire au Sahel, chercheur, Ucad Dakar

 

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