DR. ALPHONSE ZOZIME TAMEKAMTA:"L'Algérie, une cobelligérante qui refuse de s'assumer…" "La dynamique internationale au sujet de la marocanité du Sahara est un processus irréversible..."
La 2e conférence politique de la Coalition pour l'autonomie du Sahara a réuni les 29 et 30 avril 2025, à Dakhla, des experts de différentes couches socio-professionnelles, venus de différents pays, autour de la question du Sahara marocain.

Le thème principal de ce grand rendez-vous portait sur "Les nouvelles réalités du Sahara marocain : vers une approche onusienne revisitée dans un contexte géopolitique en mutation". Le panéliste Dr Alphonse Zozime Tamekanta du Cameroun a développé le thème portant sur "L'Algérie, principale partie obstructrice d'un règlement pacifique du différend régional sur le Sahara marocain". Selon lui, "la dynamique internationale au sujet de la marocanité du Sahara, symbolisée par le retrait de la reconnaissance à la pseudo-RASD par plusieurs pays et l'ouverture des consulats généraux à Laâyoune (12 consultas) et Dakhla (17 consulats), est un processus irréversible vers le règlement définitif du différend régional". Voici son analyse sur la question notamment le rejet de la formule des "Tables rondes" par l'Algérie et surtout l'Algérie face au refus du recensement des populations de Tindouf.
Parler de l'Algérie comme principale partie obstructrice du règlement pacifique et définitif du différend régional sur la Sahara marocain, relève de la lapalissade. Car, historiquement et de façon obsessionnelle, l'Algérie et son suppôt, le Polisario, ont toujours transgressé toutes les règles juridiques connues et les commodités de bienséance, pour s'ériger en obstacles au règlement du différend régional sur le Sahara marocain. Cinq tableaux permettent d'illustrer ce propos :
1. La responsabilité historique de l'Algérie dans la genèse
et l'entretien du différend sur le Sahara marocain
L'Algérie détient une responsabilité historique dans la question du Sahara au vue de son engagement dans la genèse et la perpétuation du différend régional. Elle s'oppose, sans arguments et sans foi, à l'attachement du Royaume à une question existentielle et manifeste, par son désir d'hégémonie matérialisé par la volonté d'accéder à la façade Atlantique, au blocage de la résolution pacifique de ce différend régional.
La position de l'Algérie, au sujet du différend autour du Sahara, est connue depuis 1976, symbolisée par : la naissance de la pseudo-RASD ; la première bataille (27 et 29 janvier 1976) et la seconde bataille (14 février 1976) d'Amgala (localité située au Sahara marocain). A l'occasion, Houari Boumediene, président algérien d'alors, et le Roi Hassan II s'étaient échangés des correspondances plus ou moins houleuses. Depuis lors et bien avant, l'Algérie dit s'en tenir à l'idée honnie et inatteignable d'un Etat fictif au sud du Royaume.
A plusieurs occasions, par voix de communiqués ou déclarations aux instances africaine et onusienne, l'Algérie se dit être "animée d'un sens élevé de ses responsabilités, tant envers le peuple du Sahara occidental qu'envers la région dans son ensemble […]" ; ce qui traduit le soutien constant d'Alger au séparatisme au sud du Royaume. C'est pour cela que le président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, avait proposé en 2002, lors d'une réunion à Houston avec James Baker, de scinder le Sahara en deux parties (une partie pour le Maroc et la seconde pour le Polisario) ; ce qui est inadmissible.
2. L'Algérie, une cobelligérante qui refuse de s'assumer
Depuis bientôt deux décennies, toutes les Résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU, depuis 1991, citent autant de fois l'Algérie que les autres parties au différend. Ce statut de partie au différend est régulièrement réfuté par l'Algérie qui se détermine comme observateur, au même titre que la Mauritanie. Ceci transparait dans le compte rendu de la 9e séance plénière de la 77e session de la 4e Commission de l'ONU tenue le 14 octobre 2022. En effet, il y fait mention que "l'Algérie a réagi au fait que le Maroc qualifie le Front Polisario de groupe séparatiste, en rappelant que l'ONU a déterminé que les parties au différend du Sahara occidental sont le Maroc et le Front Polisario, elle-même et la Mauritanie n'ayant qu'un statut d'observateur".
Ainsi, sur la base des arguments factices, Alger croit tenir le monde à sa solde, contestant souvent les avancées connues et saluées sur le dossier du Sahara marocain. L'Algérie est donc cobelligérante (avec le Polisario) au différend, puisque cette dernière porte la voix du Polisario au sein des instances africaine (notamment à l'Union africaine) et onusienne (notamment à la 4e Commission de l'ONU chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation).
3. Le rejet de la formule des "Tables rondes" par l'Algérie
Depuis quelques années, l'Algérie s'oppose à la formule des Tables rondes ; ce qui lui permet de torpiller le processus politique initié par l'ONU depuis 2007. Elle affiche son désaccord chaque fois que son objectif n'est pas défendu ou atteint.
Par exemple, le 5 septembre 2022 à Alger, lors de la visite de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra avait réitéré la position de son pays et rejeter la formule dite de "Tables rondes" (format quadripartite), organisée à Genève en décembre 2018 et en mars 2019 suivant une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
Plus récemment, après que le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, ait réitéré le soutien de Washington à la souveraineté marocaine sur son Sahara, les USA ont demandé aux parties de s'engager sans délai dans les discussions, conformément à la demande onusienne. L'Algérie consentirait-elle à se conformer à cette demande perçue comme l'une des alternatives, un progrès notable ?
Après avoir créé ce différend régional, l'Algérie obstrue la formule des tables rondes. En armant, finançant, hébergeant le Polisario, l'Algérie obstrue la reprise des discussions entre les différentes parties concernées par le différend. En mobilisant sa diplomatie et en faisant de la question du Sahara une priorité absolue de sa politique, l'Algérie obstrue également la marche vers la solution politique, réaliste et pragmatique intégrant le sens du compromis.
4. L'Algérie face au refus du recensement des populations de Tindouf
Depuis plusieurs décennies, la communauté internationale, notamment l'Union européenne et l'ONU à travers le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), demandent de recenser le nombre de réfugiés des camps de Tindouf, situés au sud-ouest de l'Algérie. Ce recensement, transparent, a pour objectif de déterminer les besoins réels des habitants des camps de Tindouf. Cela est d'autant urgent que plusieurs rapports internationaux font état des conditions de vie déplorables dans les camps, malgré les importantes aides humanitaires envoyées depuis des décennies. Malheureusement, chacune des demandes s'est toujours heurtée au refus des autorités algériennes alors qu'elles prétendent ne pas être partie prenante au différend sur le Sahara. En entravant les demandes répétées du Royaume du Maroc, des Nations unies et des organisations de défense des droits de l'Homme, l'Algérie et le Polisario s'érigent en obstacles aux engagements juridiques et humanitaires de la communauté internationale.
5. L'hostilité algérienne à la dynamique internationale
de reconnaissance de la marocanité du Sahara
La dynamique internationale au sujet de la marocanité du Sahara, symbolisée par le retrait de la reconnaissance à la pseudo-RASD par plusieurs pays et l'ouverture des consulats généraux à Laâyoune (12 consultas) et Dakhla (17 consulats), est un processus irréversible vers le règlement définitif du différend régional. L'Algérie, partie prenante au différend, s'est toujours opposée à cette dynamique, allant jusqu'à la rupture des accords bilatéraux avec les pays favorables à la marocanité du Sahara.
A titre d'illustration, après que Madrid ait annoncé, le 18 mars 2022, son soutien au projet marocain d'autonomie de la région du Sahara, l'Algérie avait suspendu, dès le 8 juin 2022, le traité d'amitié avec l'Espagne (concernant la coopération des deux pays au niveau économique et militaire), datant de 2002, permettait un développement de la coopération des deux pays au niveau économique et militaire.
Dans un communiqué, la présidence algérienne avait estimé que la nouvelle position des autorités espagnoles était en "violation de leurs obligations juridique, morale et politique. Ces mêmes autorités (espagnoles) qui assument la responsabilité d'un revirement injustifiable de leur position depuis les annonces du 18 mars 2022 par lesquelles le gouvernement espagnol actuel a apporté son plein soutien à la formule illégale et illégitime de l'autonomie interne préconisée par la puissance occupante, s'emploient à promouvoir un fait accompli colonial en usant d'arguments fallacieux".
Plus encore, après que la Résolution 2654 (2022) du 27 octobre 2022 ait été adoptée, Alger s'en était offusqué à travers un communiqué du ministère des Affaires étrangères dans lequel il était écrit :
La résolution 2654 adoptée le 27 octobre 2022 résulte, comme ses devancières depuis la remise en cause par la puissance occupante de ses engagements envers le plan de règlement porté par la résolution n° 690 (1991), d'un exercice laborieux de rédaction dépourvu de la volonté d'orienter et de stimuler des efforts destinés à préserver la nature de la question du Sahara occidental et à lui appliquer scrupuleusement la doctrine et les bonnes pratiques des Nations Unies en matière de décolonisation.
Bien plus, la relation France-Algérie, manichéenne depuis 1962, est refroidie depuis le 30 juillet 2024, date à laquelle le Président français Emmanuel Macron, dans une lettre adressée à SM Le Roi Mohammed VI, a déclaré que "le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivaient dans le cadre de la souveraineté marocaine". Cette position de la France avait été réitérée par le Président Emmanuel Macron lors de sa visite officielle à Rabat le 29 octobre 2024. Plutôt que de se mettre à l'évidence, l'Algérie a préféré un refroidissement des relations avec la France à travers le rappel de son ambassadeur à Paris en signe de mécontentement.
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