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L'entrée de la region de Kidal[/caption]
L’ambiance était mortuaire le mercredi soir dans les rues de Bamako. La courte joie d’une brève victoire sur l’ennemi a très vite laissé la place à l’anxiété. Après la défaite cuisante de nos hommes, qu’adviendra t-il de l’avenir de cette partie de notre territoire national? Cette question n’est pas à l’ordre du jour. Celle qui fait tilt dans les têtes est la raison de la débâcle de notre armée. Qui a jeté les armes après cinq heures seulement de combats. La rançon de la mauvaise gouvernance.
L’amertume est à la dimension de l’enjeu.
Mais, qu’est ce qui s’est réellement passé pour que nos hommes, provisoirement installés au Gouvernorat, dévissent peu de temps après ?
La main invisible de Serval ou de Dieu ? En tout cas, elle a été déterminante dans la suite des opérations. Les explications concernant l’origine de ce coup de main, ne manqueront pas. Chacun y va de son commentaire.
Selon de sources militaires, jointes au téléphone sur place dans la soirée, après l’occupation du siège du gouverneur, deux hélicos ont commercé à tourner dans le ciel pendant qu’ils échangeaient des tirs nourris avec l’ennemi. Il ressort des informations collectées un peu plus tard que ces avions appartenaient à Serval. Question : que faisaient ces deux hélicos au dessus de la tête des combattants ? Deuxième fait troublant, après avoir administré un échec cuisant à l’ennemi, comment celui-ci s’est soudainement ressaisi et tirer avec extrême précision des obus sur les véhicules de nos militaires transportant les armes lourdes, pour les détruire avec ses occupants ?
Autant de questions sans réponse qu’on peut aligner à l’infini. D’autres sources militaires affirment que les deux hélicos de Serval sont des avions de renseignement. Du ciel, ils fournissaient des informations précises à des troupes au sol sur la position exacte de nos armes lourdes. C’est comme cela que nos hommes ont été mis en déroute. Cette thèse semble plausible en ce sens que les Français ne voudront jamais que l’armée malienne les désavoue à Kidal. Par ailleurs, la victoire du Mali sur le MNLA allait mettre à nu toutes les combines que les deux alliés trament sur le dos de notre pays.
La conséquence logique n’est autre que le retrait qui lui sera demandé par nos autorités. Ce qui est dans l’ordre normal des choses. A notre place, elle ferrait pareil. Lorsque de tel scénario se présente qu’adviendra de nos relations avec la France ? Forcement, elle prendra un coup. Pour toutes ces raisons, ‘’Serval’’ ne pouvait laisser l’armée malienne gagner cette guerre. Il n’y a donc aucun doute, Serval a combattu aux côtés des rebelles pour humilier l’armée malienne. D’ailleurs, l’interview du chef de la diplomatie burkinabé, Djibril Bassolé, sur RFI hier, en dit long sur la complicité de la France. Il répondait à la question de Christophe Bouabouviers, que ces genres de conflits permettent à toute sorte d’alliance de se nouer. Sinon logiquement comment comprendre que quelqu’un qui lance des cris de détresse, demande le cessez le feu, puisse reprendre le dessus ? C’est juste une question de bon sens. Maintenant, le jeu est très clair, nous voulons occuper votre pays de gré ou de force. ‘’Si vous ne voulez pas de nous, nous allons découper votre pays et s’installer avec ceux qui veulent de nous et vous empêcher de vivre’’. Rappelons que nous sommes victimes d’une nouvelle recomposition de la carte géopolitique et stratégique du monde. Dans laquelle, le pays visé par la France, est plutôt l’Algérie.
Du Mali pour atteindre l’Algérie !
Le Mali servira seulement de tremplin. La France ne pardonne pas au pays de Bouteflika l’équipement de son armée par des matériels allemands, chinois, russes ukrainien et même américains. Un journaliste spécialiste des questions militaires expliquait cette semaine sur RFI que les quelques armes françaises utilisées par l’armée algérienne sont acquises dans des lots de commandes passées soient avec les Russes ou avec les Ukrainiens. Sinon, pas directement. Deuxième visée française en Algérie, c’est le gaz. Selon le journaliste, les entreprises françaises ont tout essayé pour pénétrer le marché algérien, mais sans succès.
Donc, l’Algérie qui a obtenu son Indépendance grâce à la magnanimité des Autorités maliennes d’alors devrait tout, en retour tout faire pour aider notre pays à sortir du bourbier kidalois. Abandonné le Mali dans cet imbroglio compromet sa stabilité. Dès que l’armée française finira avec le Mali et qu’elle s’installera à Tessalit, l’Algérie aussi prendra de son grade ce vent de déstabilisation. Les généraux algériens peuvent être sûrs d’une chose, ils n’auront plus la paix. Mais, l’on ne cessera jamais de le répéter. Celui qui perd la guerre, perd le droit à la parole. Mais, rien n’est encore joué. Car, c’est à terre que la France a rebondi deux fois face à l’Allemagne des années après l’occupation. Deux fois l’Alsace et la Loraine sont passés sous autorité allemande. La première fois, c’était à l’issue de la guerre 1914 – 1917 et la deuxième fois, c’était la deuxième guerre mondiale (1939 - 1945) où en trois jours de combat, le drapeau allemand flottait sur Paris. Nous n’avons pas à rougir de notre défaite. Prenons le temps de reconstruire notre armée. C’est sûr que la France, qui attendait depuis 1960 pour solder son compte contre nous, ne fera rien pour nous aider à nous relever. En fait, elle veut cette partie simplement parce que les Autorités de la Première République a gracieusement offert son territoire à l’Algérie indépendantiste pour combattre la France. Dans la tradition française, les pages se tournent mais, elles ne sont jamais déchirées. Nos Autorités d’alors, n’ont pas oublié. Mais, les héritiers que nous sommes, avons oublié. 53 ans après, l’histoire nous rattrape.
Mohamed A. Diakité