Le Premier ministre à Tombouctou : Des annonces fortes

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Les effectifs de la Police, de la Gendarmerie, de la Garde nationale et de la Protection civile de la région seront augmentés de 350 éléments afin de renforcer leurs capacités opérationnelles

«Le président de la République nous a instruit de faire tout ce qui est nécessaire pour être constamment à l’écoute des populations, donc de nous rendre à leurs côtés où qu’elles se trouvent pour les voir, pour les écouter et enrichir, à travers ces contacts, notre perception des solutions et des priorités. Notre séjour ici s’inscrit dans cette optique», énonçait vendredi dernier le Premier ministre, en visite de deux jours à Tombouctou. Comme il l’avait déjà fait dans plusieurs localités du pays, Soumeylou Boubèye Maïga s’est rendu dans la capitale de la 6è région administrative pour évaluer de plus près la situation sécuritaire sur le terrain et multiplier les initiatives visant à renforcer le dialogue entre les communautés, la cohésion sociale et la réconciliation nationale. Le chef du gouvernement était à la tête d’une importante délégation comprenant quatre ministres: Pr Tiémoko Sangaré (Défense et anciens Combattants), Mohamed Ag Erlaf (Administration territoriale et Décentralisation), Moulaye Ahmed Boubacar (Développement industriel et Promotion des Investissements) et Mme Nina Walet Intallou (Artisanat et Tourisme).

C’est aux environs de 11H20 mn que le Premier ministre est arrivé vendredi à Tombouctou où il fut accueilli à l’aéroport par le gouverneur de la région, Koïna Ag Ahmadou et d’autres personnalités politiques et administratives. Aussitôt, Soumeylou Boubèye Maïga a pris la direction qui mène au Camp Fort Cheick Sidi Bekaye où il a, d’abord, rendu un vibrant hommage aux militaires morts pour la patrie, avant de passer en revue les troupes. Ensuite, le chef du gouvernement a inauguré la salle d’hospitalisation de l’infirmerie du camp, un acte qui a redonné le sourire aux militaires et leurs familles. Auparavant, il n’y avait que 4 lits dans la salle d’hospitalisation de cette infirmerie. Avec cette inauguration, le nombre de lits est porté à 18. Visiblement enthousiaste, le Commandant de la 5è région militaire, le colonel Abass Dembelé, a indiqué qu’à travers cet ouvrage, la hiérarchie des normes militaires en raison d’une salle pour chaque catégorie (hommes de rang, sous-officiers et officiers) est respectée.

Après avoir visité les locaux, le chef du gouvernement a souligné que l’Etat a pu faire un effort, certes modeste, mais qui accroît les capacités de cette salle. «C’est pourquoi, c’était extrêmement pertinent que le président de la République ait fait adopter la loi d’orientation et de programmation militaire qui ne porte pas seulement sur l’acquisition de matériels militaires au sens strict, mais qui vise aussi à améliorer l’ensemble de l’environnement dans lequel vivent les forces. Parce que les aspects non militaires de leurs conditions sont aussi importants que les équipements qu’on leur donne. Parce qu’il nous faut reconstituer non seulement les capacités opérationnelles, mais reconstruire aussi les ressources morales de la troupe», a-t-il dit, avant de recevoir des mains des autorités militaires de Tombouctou quelques présents : bannière de la 5è région militaire, calendriers réalisés par cette même entité etc.

DES PRIÈRES POUR LA PAIX – Du camp, le Premier ministre s’est directement rendu à la Grande mosquée de Djingareyber pour la prière du vendredi. Sur place, des prières pour la paix, la stabilité et le développement du Mali ont été faites. Les mêmes prières et bénédictions ont été formulées lors du passage de la délégation chez les notabilités de la ville, en l’occurrence l’imam Ben Essayouti. Toutes ces autorités morales ont salué le chef du gouvernement pour être parvenu à relever depuis sa nomination nombre de défis, notamment l’organisation de l’élection présidentielle.

Pose de mines, braquages, assassinats, enlèvements de véhicules, réalisation d’infrastructures, chômage constituent le condensé des préoccupations des populations de Tombouctou et de Taoudenit portées à la connaissance du Premier ministre à la faveur de sa rencontre avec les forces vives dans l’après midi au centre Ahmed Baba. Autorités politiques et administratives, -dont le gouverneur de la région de Taoudenit, le général Abdrahamane Ould Meydou-, leaders religieux, coutumiers, représentants des jeunes et femmes étaient tous présents.

Tout en souhaitant la bienvenue à ses illustres hôtes, le maire de la commune urbaine de Tombouctou, Aboubacrine Cissé a déclaré que sa cité n’échappait malheureusement pas à une insécurité grandissante. «Les populations souhaiteraient que des actions concrètes soient prises dans le cadre de l’éradication de l’insécurité au Nord et au Centre du Mali, et pour la réalisation d’infrastructures routières comme la route Tombouctou -Douentza, Tombouctou-Kabara-Korioumé», a plaidé l’édile.

Abondant dans le même sens, le gouverneur de la 6è région a indiqué que l’enclavement constituait un frein au développement de Tombouctou et un facteur majeur d’insécurité, ajoutant que c’est ainsi que les populations nourrissent un grand espoir de voir la reprise de la construction de la route de Niafunké – Goma – coura. De même, a insisté Koïna Ag Ahmadou, la route de l’espoir, avec la réalisation d’un pont sur le fleuve Niger à Tombouctou, est aussi une préoccupation des populations. Enfin, selon le gouverneur, le retour des services financiers dans la région est indispensable pour la relance des activités économiques.

Pour sa part, le représentant de la société civile de Taoudenit, Baba Ould Sidi Mohamed a demandé au premier chef de l’administration d’inscrire parmi les priorités certaines actions: comme la création et l’opérationnalisation de la région militaire de Taoudenit, organisation d’un recensement administratif pour l’enrôlement de toutes les populations encore non recensées etc.

La jeunesse de la région, à travers son représentant, Diouguel Maïga, souhaite obtenir plus d’emplois et de formation professionnelle, la création d’une université à Tombouctou et la réalisation d’infrastructures sportives et culturelles. La jeunesse de la Cité des 333 saints déplore également sa non implication dans la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Au nom des femmes de Tombouctou, Zeinabou Cissé a sollicité de l’Etat des appuis afin de pouvoir développer des activités génératrices de revenus.

C’est par la transmission du message de remerciement et de confiance du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta aux populations de Tombouctou que le Premier ministre a débuté son intervention. S’exprimant sur la préoccupante question sécuritaire, il révélera que les sources de l’insécurité tiennent essentiellement à la connexion qu’il y a entre les groupes terroristes et les réseaux mafieux. «Nous avons une connexion profonde structurelle entre ceux qui vivent du trafic et ceux qui sont chargés de maintenir un environnement de pagaille et de violence pour que le trafic soit possible», a analysé le PM.

Soumeylou Boubèye Maïga a appelé les populations à aider les forces de défense et de sécurité dans leur mission. «Tant que nous n’allons pas combattre ensemble cette réalité là, les efforts que le gouvernement faits, peuvent mettre du temps avant d’avoir les résultats. Ici comme ailleurs, c’est le moment aussi pour chacun de choisir son camp… Je suis persuadé que dans nos régions, quand une situation intervient, beaucoup de gens savent qui a fait quoi et où est ce qu’ils sont», a-t-il martelé. Et Soumeylou Boubèye Maïga d’annoncer la création de la région militaire de Taoudenit en 2019 et celle prochaine d’un corps de gardes-frontières qui participent de la volonté du gouvernement de ramener la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire.

DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES – Par ailleurs, le chef du gouvernement a confié avoir pris bonne note de l’urgence qu’il y a à faire des infrastructures. A ce propos, il a évoqué l’ambitieux programme d’infrastructures économiques pour désenclaver toutes les régions du Mali, soulignant au passage la fin des études de la route Douentza-Tombouctou, dont le financement est évalué à 86 milliards de F CFA. De même, le financement de la BAD pour faire la route Bourem-Kidal a été obtenu il y a quelques jours. Les travaux de la route Tombouctou-Kabara-Koriomé, a annoncé le PM, commenceront en 2019, avec notamment le concours de la MINUSMA. Là également, le chef du gouvernement a insisté sur l’indispensable collaboration des populations afin d’aider les forces de défense et de sécurité dans la sécurisation des chantiers. Car, selon lui, il s’agit d’apporter des garanties supplémentaires aux partenaires par rapport à l’insécurité.

En outre, Soumeylou Boubèye Maïga a relevé que la mise en oeuvre de l’Accord a enregistré des avancées significatives, notamment le démarrage du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Tombouctou et dans les autres régions. Normalement, a-t-il informé, les éléments qui ont été retenus vont être acheminés dans les jours à venir sur les centres de formation où ils doivent rejoindre d’autres.

Sur la réorganisation administrative du territoire, le chef du gouvernement a affirmé avoir entendu beaucoup de discours qui ont totalement déformé l’esprit dans lequel cela a été entrepris, estimant qu’il se trouve d’ailleurs que la Région de Tombouctou et celle de Taoudénit illustraient très bien l’esprit et la vision qui ont présidé à ce projet.

«D’abord, la région de Taoudénit a été créée pour essayer de faire en sorte que tous les secteurs géographiques de notre pays puissent se développer, que l’Etat puisse être présent partout et puisse être présent auprès des populations. L’Etat s’est dit, dans le souci d’être plus près des populations, je réorganise l’administration du territoire pour créer des structures, des services et gérer des populations», a argumenté le premier patron de l’administration malienne.

Au terme des échanges, les représentants de la communauté de Taoudénit ont offert au Premier ministre un dromadaire. De retour de Tombouctou, Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé que le gouvernement allait accroître les effectifs de la Police, de la Gendarmerie, de la Garde nationale et de la Protection civile. En somme, 350 éléments supplémentaires seront bientôt déployés dans la région afin d’augmenter les capacités opérationnelles de ces différents corps.

Envoyé spécial

Massa SIDIBE

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