Ousmane Issoufi Maïga, président des communautés de culture songhoï en mouvement Ir-Ganda : «Si nous sommes attaqués, nous nous défendrons»

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Le président des communautés de culture songhoï en mouvement Ir-Ganda, Ousmane Issoufi Maïga, était face à la presse pour échanger sur les assises des communautés de culture songhoï en mouvement Ir-Ganda, tenues à Gao les 19, 20 et 21 mai 2017. C’était le samedi 3 juillet à la Maison de la presse.

 Répondant aux questions de journalistes, le conférencier a tenu à informer que les communautés de culture songhoï en mouvement Ir-Ganda n’ont été créées contre personne, mais pour favoriser la cohésion sociale et le vivre ensemble entre les communautés de culture songhoï. «Nous ne nous dressons contre personne. Mais si nous sommes attaqués, nous nous défendrons. Nous allons nous battre contre les attaques terroristes, contre le vol et contre ceux qui empêchent à nos femmes d’aller aux foires hebdomadaires. La situation est critique dans notre pays, mais c’est nous qui devons régler le problème», a-t-il déclaré.

 

Auparavant, Ousmane Issoufi Maïga avait, dans son propos liminaire,  rappelé que la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger a contribué à apaiser le conflit. Toutefois, dira-t-il, des défis majeurs demeurent pour le pays, car la paix et la sécurité à l’intérieur du pays et dans la sous-région restent fortement menacées. Le conférencier dira qu’au-delà de la résolution politique du conflit, le plus grand défi reste, sans nul doute, celui de la mise en œuvre de l’accord et sa traduction en programme de développement incluant toutes les compétences de la société malienne et garantissant les droits fondamentaux de tous les citoyens sans distinction aucune.

Aussi, a-t-il noté, en plus de cette situation d’insécurité, d’autres problèmes d’ordre endogène, à savoir la mauvaise gouvernance, les questions environnementales, la gestion conflictuelle des patrimoines collectifs dans le contexte de la démocratie et de  la décentralisation,  ont fortement contribué à la destruction des valeurs culturelles et cultuelles et le vivre ensemble, et dégradé considérablement les conditions de vie des communautés de culture songhoï. À cela s’ajoutent ceux d’ordre exogène liés aux exigences contraignantes de l’ordre économique international.

Selon Ousmane Issoufi Maïga, malgré les immenses efforts déployés par l’Etat, les partenaires au développement et la société civile, des multiples accords de paix, aucune solution pérenne n’a été trouvée, d’autant que plus que les populations des contrées et terroirs de culture songhoï subissent encore et toujours les conséquences dramatiques de cette situation.

Il a par ailleurs expliqué que les communautés de culture songhoï, constituant la population majoritaire au septentrion du Mali (environ 83%), se sont toujours battues pour la construction de l’unité nationale et le respect des valeurs républicaines sans jamais se prévaloir de quelconques traitements de faveur. Compte tenu de ceci, ajoute-t-il, ces communautés aussi bien au Mali que dans la diaspora dans toute leur diversité, après plusieurs mois de riches échanges et de concertations fructueuses, ont décidé de mettre ensemble leurs efforts en vue de la création d’un mouvement dénommé «communautés de culture songhaï en mouvement Ir-Ganda», qui signifie notre terroir en langue songhaï.

 

L’objectif du mouvement, à l’en croire, est de défendre leur patrimoine historique, leurs intérêts moraux, socioculturels et économiques ; de jouer leur partition dans un Mali unique, laïc, républicain et démocratique ; de mettre en place une instance dédiée à la mise en œuvre des solutions répondant aux attentes et aspirations profondes de leurs communautés.

 

Le conférencier a également fait savoir que le nom communautés de culture songhaï en mouvement Ir-Ganda a été plébiscité lors de l’organisation des assises qui se sont tenues à Gao les 19, 20 et 21 mai 2017. Durant ces trois jours, plus de 6000 participants venus de tout le pays et de la diaspora y ont pris part et ont traité des thèmes tels que «la sécurité et la paix, le développement et la gouvernance locale, le vivre ensemble et la réappropriation des valeurs».

 

M. Maïga a enfin cité quelques recommandations pertinentes issues de ces assises. Il s’agit du rejet catégorique et systématique de l’appartenance des régions de Tombouctou, Gao, Mopti, Ménaka, Kidal et Taoudéni à l’espace géographique dit Azawad ; de l’arrêt immédiat du rançonnement des populations civiles des régions du Nord par les groupes armés ; du désarmement de tous les groupes armés dont les milices et l’organisation de la défense civile ; du renforcement de la lutte contre la prolifération des armes légères et des armes de guerre ; du rétablissement de l’autorité de l’Etat et le retour sans délai des forces armées et de sécurité dans toutes les régions du Nord ; du désenclavement des régions du Nord, notamment la restauration urgente de la route Sévaré-Gao ; de l’élaboration d’une charte pour une paix durable et le vivre ensemble entre les communautés de culture songhoï, Tamasheq, arabe vivant sur le même terroir, entre autres.

 

Diango COULIBALY

 

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