Désinformation et discours de haine : Les actions menées par les Nations-Unies

En juin 2024, le Secrétaire général António Guterres a lancé les Principes mondiaux pour l’intégrité de l’information, appelant gouvernements, entreprises technologiques et médias à adopter des actions urgentes contre la désinformation et les discours haineux tout en respectant les droits humains.

17 Sep 2025 - 02:02
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Désinformation et discours de haine : Les actions menées par les Nations-Unies

Cette initiative met notamment l’accent sur la liberté d’expression, la transparence des plate-formes numériques et la protection des enfants face à l’IA et aux contenus malveillants.

En 2019, l'Onu a élaboré une Stratégie et Plan d’action contre les discours de haine, adoptée par l’Assemblée générale. L’Unesco, sous cette bannière, soutient les États pour renforcer les régulations, l’éducation à l’information et les réponses législatives. Elle promeut la littératie médiatique pour aider les individus à reconnaître les contenus haineux et désinformatifs, notamment en ligne, en proposant des guides pratiques à l’attention des décisionnaires et enseignants.

L’Onu a institué le 18 juin, Journée internationale pour la lutte contre les discours de haine, pour renforcer la sensibilisation et mobiliser localement autour des enjeux liés à la désinformation et à la haine.

Les opérations de maintien de la paix, comme la Minusma au Mali, ont fait face à des campagnes de désinformation ciblées-mensonges sur le pillage des ressources naturelles, soutiens aux groupes armés, etc. Ces campagnes ont souvent été soutenues par des médias ou organisations liés à des intérêts étrangers, et s’intensifient depuis le retrait de certaines forces étrangères.

« Alors que la mésinformation fait référence à la diffusion accidentelle d'informations inexactes, la désinformation, non seulement est inexacte, mais vise principalement à tromper et est diffusée dans le but de causer un préjudice grave. Il peut s’agit de : Diffusion de contenus trompeurs sur les réseaux sociaux ou les médias concernant l’Onu ou le Pnud en général ; propagation de rumeurs qui peuvent influencer la perception des projets dans des contextes fragiles ou post-crise ; faux postes ou escroqueries. Conscients que la désinformation peut se répandre rapidement, les Nations Unies prennent cette question très au sérieux et le Pnud utilise ses canaux officiels – site web, réseaux sociaux institutionnels, communiqués de presse et contacts directs avec les médias – pour diffuser des informations fiables et corriger rapidement toute information inexacte concernant ses activités. Ces canaux constituent des sources fiables pour celles et ceux qui recherchent les informations justes », explique Adam Maïga, Chargée de communication du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud).

« A titre d’exemple, dans le cadre des élections, le Pnud dispose de iVerify, une plateforme de vérification des faits pour identifier et contrer les fausses informations liées aux élections », dit-elle.

Depuis 2022, le Département des Opérations de Paix (DPO) des Nations-Unies a lancé un plan de travail pour contrer la désinformation. Les actions comprennent : des enquêtes de terrain pour évaluer l’ampleur du phénomène ; la création d’un espace d’échanges informels réunissant plus de 450 agents de terrain ; la conception de guides légers et modules de formation ; l’achat d’outils technologiques pour suivre les contenus malveillants et des discussions ponctuelles avec Meta, Microsoft et Twitter pour mieux réguler les messages nuisibles (International Peace Institute, unric.org, unric.org).

Bien que la désinformation ne soit pas toujours haineuse, les mécanismes développés pour lutter contre les discours de haine (guide pratique, catégorisation, niveaux de gravité) pourraient être adaptés pour améliorer la réactivité face à la désinformation (unicri.org).

Lors d'une conférence organisée à Bruxelles en juillet 2023 à l’occasion du 75ᵉ anniversaire du maintien de la paix, des responsables de la Minusma ont abordé la désinformation dans le contexte malien, notamment les appels à expulser la mission. Il a été souligné l'importance d’une communication proactive, adaptée au public local, avec la collaboration des médias locaux et d’influenceurs (leaders religieux, radios locales, etc.) (unric.org).

« S’il est vrai que dans toutes nos activités, nous travaillons à partager des informations justes, actuellement, nous n’avons pas de projet en cours au niveau du PNUD au Mali sur la désinformation de façon spécifique qui nous permettrait de partager des chiffres précis sur les points que vous avez soulevés », explique Adam Maïga.

Comme solution, pour le Mali, les Nations-Unies proposent des campagnes bilingues ou en langues locales, menées avec des partenaires locaux pour assurer la portée auprès des populations, le renforcement de la capacité critique à travers la formation des médias et la fact checking en langues nationales, afin de reconnaître et contrer la désinformation, ou adopter des narratifs positifs soulignant le rôle constructif de l’Onu tout en reconnaissant les griefs locaux, pour restaurer la crédibilité.

Les missions peinent souvent à suivre les contenus sur les réseaux privés (WhatsApp, radios communautaires…), face à des contraintes de moyens humains et financiers. Les réponses aux désinformations prennent du temps (souvent plusieurs jours), les laissant gagner en traction avant de pouvoir être contrées efficacement.

Les missions ne sont parfois pas considérées comme impartiales par les populations. Les radios UN peuvent jouer un rôle crédible, mais restent potentiellement perçues comme pro UN (International Peace Institute).

Les Nations Unies ont mis en place un cadre global solide pour lutter contre la désinformation et les discours de haine, via des principes internationaux, des stratégies pédagogiques, et une journée mondiale de sensibilisation. Sur le terrain, elles développent des outils, sensibilisent les équipes, collaborent avec les plate-formes numériques, et adaptent leurs discours aux contextes locaux - comme au Mali, où la désinformation menace leur légitimité. Toutefois, les défis restent nombreux : capacité de réponse limitée, lenteur des actions, et difficulté à être perçus comme crédibles par les populations.

Aminata Agaly Yattara

 

 

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