Les cahiers du vendredi: D’un crépuscule a l’aube pour les musulmans

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Ne pensez-vous pas que le vénéré vieillard aura réussi sa mort ? Nous voulons parler de Cheick Muhamed Almamy Maïga dit « Guidjo Almamy », décédé le mardi 20 novembre. Le lendemain mercredi 21 novembre avait donc une autre tenue.

Des regards curieux observaient avant hier la ville de Ségou. Le mercredi dernier, il n’y a pas eu de Conseil des ministres à Koulouba. La République s’est crue obligée de le tenir un autre jour. Mais ce n’était pas là le dernier cliché journalistique car nous reviendrons sur un petit scandale d’impudeur. De façon matinale, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a été pris à partie devant son domicile à Titibougou par des manifestants criant leur désaccord au vu de sa gestion des affaires publiques. Le gouvernement nous pardonnera donc ce petit écart, mais il ne s’est même pas fendu d’un communiqué à l’occasion des funérailles de l’Imam de Guidjo. Vous pensez bien qu’on aurait pu interpréter ainsi ce silence comme une sorte d’immoralité de la classe politique. Pourtant, ils étaient tous là, ou presque, à Ségou-Coura, à Bagadadji. C’est ici que dormira dans la terre, en inutile fardeau, l’Imam centenaire. C’est en parlant des uns et des autres qu’on se rend compte de la vie de cet Imam identitaire. Son destin fut dédié aux autres fidèles aux yeux desquels il s’épuisait dans des prières adressées à Dieu. Son signe distinctif : il a connu la galère puis la baraka. Se moquant de ses conditions d’existence, l’ascète qu’il fut est tendre par ce côté autodérision. On a dit de lui qu’il fut un vrai artiste de la religion musulmane. Devenu homme de Dieu, tant sa piété était grande, il sera enterré dans sa maison, loin du dortoir commun à tous les mortels que nous sommes. Nous n’en tartinerons pas une théorie. Nous avons bon nombre d’Imams, tous de réputation établie et disposant d’une appellation. Leur pratique religieuse a élaboré un savoir-faire codifié et reconnu, fruit cueilli d’un terroir dont ces érudits tireront leur identité. Tout ceci fait l’unanimité autour de la dépouille de l’Imam de Guidjo, une sorte de consensus exalté dans la communauté même de nos Imams, tous les frères et ennemis de la famille réunis autour du patriarche. De quoi pourrons-nous le louer de notre côté ? Sans doute de sa longévité et de sa surprenante capacité à survivre. Il étonne. Il en aura vu des choses dans ce pays de ses grands parents. Ces derniers jours, après ses entretiens-prières avec « Soubhanah wata’Allah », il venait prendre des nouvelles  de son pays qu’il savait meurtri dans sa chair. Confucius avait dit : « Le Ciel ne parle pas…». Puisse son Créateur accueillir dans sa miséricorde cet Imam qui aura tant pleuré avec les nécessiteux. Sa disparition a concerné la famille des musulmans. L’anecdote, pas n’importe laquelle justement, nous viendra-t-il de l’explication de la particularité de la grande rencontre du groupement des leaders religieux ce week-end, au CICB, pour un forum où tous devraient s’interroger sur les devoirs du musulman ? Des bruits sourds ont précédé et qui convoquent les musulmans à l’unisson. Faut-il s’en soucier ? C’est le cas de le dire car, nous le rappelle encore le juif : 3 juifs, 4 opinions. Chaque camp au sein de la « Oumma » n’apparait-il pas divisé de l’intérieur ?

Bellem et Koné

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