Gaspillage d’argent : L’assemblée nationale tient le haut du pavé

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Les prévisions budgétaires de 2012 de l’Assemblée nationale sont évaluées à 10 499 870 000 FCFA contre 9 797 870 000 FCFA en 2011 ; soit un taux d’accroissement de 1,07%. Cette hausse remarquée par rapport à 2011 se justifie par le fait que l’année 2012 apparaît comme celle des grands défis et de la mise en place d’outils pour contenir les effets de la crise.


Cette hausse s’explique  également par l’efficacité et le bon fonctionnement des nouveaux services et la nécessité du renforcement des réformes engagées au sein de l’Hémicycle. Aussi, le projet de budget 2012 s’inscrit  dans un élan de poursuite des réformes des services de l’Assemblée nationale tout en laissant une grande place à l’austérité, à la bonne gouvernance et au renforcement des capacités des services.                                 

Pourtant, d’après l’exposé des motifs du projet de loi de finances pour l’exercice 2012, le budget de l’année prochaine (d’un montant de 1 341 508 174 000 FCFA) « traduit la volonté d’impulser la reprise économique après le ralentissement de la croissance mondiale consécutive à la sévère crise financière observée au cours de cette année. La priorité des dépenses dans les prévisions budgétaires doit ainsi être accordée à la lutte contre la corruption et la vie chère à travers le maintien de la subvention des prix des produits pétroliers à la pompe, une plus grande allocation des ressources du budget d’investissement aux secteurs inducteurs de croissance, notamment l’énergie, l’agriculture, les infrastructures et les mines, l’encadrement de la jeunesse et l’accompagnement des petites entreprises ». Des élus qui ne pensent qu’à eux

L’année 2012 est cruciale pour le Mali, car élections obligent. Alors, nos heureux députés ont compris qu’il est temps de se remplir les poches, surtout que certains d’entre eux savent déjà « à quelle sauce ils seront bouffés » après la fin de leur mandat. En effet, depuis leur élection, beaucoup de nos honorables ont complètement oublié leurs bases. Mais comme les joutes électorales approchent à grands pas, ils  commencent à descendre sur le terrain (leurs bases) en entrant dans la peau du bon samaritain. Et pour être bien vus de l’électorat, il leurs faut des sous. C’est alors l’occasion pour eux de commencer à activer leur réseau financier.                      

D’autres députés, en mal d’inspiration, surtout pour obtenir l’argent nécessaire pour leur campagne, ont jeté leur dévolu sur…le coffre-fort de l’Hémicycle. On augmente donc le budget pour combler ce vide financier face à la prochaine campagne électorale. Tout ce qui compte pour ces élus arrivistes, c’est avant tout leur propre existence. Que les commerçants aillent en grève, que l’Ecole soit malade, que la crise sévisse au Nord…, tout cela n’entame en rien la soif du gain facile de la majorité des députés. Et c’est fort de ce constat que de nombreux députés tiennent à ce qu’on revoie leurs indemnités journalières de session à la hausse.                                                          

Une Assemblée budgétivore                             

Pourtant, dans un système démocratique, le pouvoir en place n’ignore pas la place dévolue à  l’Assemblée nationale. Il sait qu’une action de l’Hémicycle peut avoir des conséquences sur la vie du pays. Aussi, des moyens (surtout financiers) conséquents sont mis à leur disposition pour éviter qu’ils ne succombent à la grogne, au regard de leur incapacité à faire face aux difficultés quotidiennes susceptibles d’entamer leur moral au point de les jeter dans la rue comme la majorité des travailleurs qui répondent aux mots d’ordre des syndicats.         « La bouche qui mange n’a pas de temps de parler », dit-on. C’est pourquoi nos députés ne s’élèvent pas officiellement pour soutenir certaines revendications des syndicats. En dehors des interpellations sporadiques faites au Premier ministre et à quelques ministres, les élus de Bagadadji  passent sur tout le reste. Pourtant, la plupart d’entre eux étant  mêmes des fonctionnaires, les fruits de la lutte contre le gaspillage financier profiteront à tous, puisque les députés ne resteront pas indéfiniment à leurs postes et retourneront bien un jour à la vie active. Par ailleurs, quel est le député qui a refusé l’augmentation des salaires annoncée par le Président ATT ?           

En fait, les honorables ne se préoccupent pas du sort  des travailleurs, sinon ils auraient influencé le processus de négociation entamé entre le Gouvernement et les syndicats. Or ce seul point devrait être une préoccupation pour les fonctionnaires parlementaires. A défaut d’augmenter les salaires des fonctionnaires, que l’Etat verse à chacun ce qui lui revient de droit et exerce véritablement son autorité. Cela pouvait au moins contribuer à réduire les souffrances de certains. Mais quand on ne pense qu’à soi-même, on trouve que les autres dérangent.                                                                                       

Paul N’guessan

 

 

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