Autopsie du 22 septembre 2011 : Le discours présidentiel / un goût … d’inachevé

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Ceux qui ont attendu le dernier discours de la fête de l’Indépendance du Mali du Président de la République sont restés sur leur faim. Le 22 septembre offrait une occasion solennelle au Chef de l’Etat pour aborder des questions qui achoppent, les vrais écueils et difficultés ainsi que les voies sûres pour en sortir. Ces challenges ont pour nom : l’Etat de droit, la souveraineté et l’unité nationales, l’éducation, la sécurité, les libertés individuelles et collectives.

En particulier la liberté de choisir librement ses représentants aux  termes d’élections transparentes et crédibles. Pour un dernier discours, celui du 22 septembre 2011 a laissé un arrière goût d’inachevé du fait d’un survol hâtif là où on se serait attendu à des avancées dans le déroulé de ce qui sera notre avenir proche, du fait aussi que l’on attendait une espèce de testament politique  qui serait venu nous rassurer à la fois par rapport à nos défis mais surtout aux dangers qui guettent et  dont le chef de l’exécutif est tout à fait conscient…A côté du discours, il y a eu des actes à saluer, qui ont marqué la célébration de la fête nationale, comme les matériels lourds remis à l’Ortm et les infrastructures permettant à des localités de recevoir le signal  de la télévision nationale, et qui viendrait renforcer le sentiment de vivre commun. Il y a eu aussi la mise en service d’un nouveau pont à Bamako, des routes nouvelles, un centre commercial. Il n’empêche, l’adresse présidentielle aurait gagné en profondeur et en pertinence.

Au lieu de cette impression de lassitude, on l’attendait sur les reformes constitutionnelles pour gommer l’ensemble des inquiétudes et des incertitudes en rapport aux lendemains d’élections. Un grand dossier de l’heure qui ne pouvait pas ne pas être abordé par le gardien de la loi fondamentale en termes conséquents. Abordant la question de reformes, on constate que le Président ATT en est encore à convaincre le peuple sur le bien fondé de son projet, qui loin de faire l’unanimité, court le risque de finir en queue de poisson. Déjà, les tenants du pouvoir n’excluent pas d’explorer la possibilité d’un couplage désespéré des élections avec le referendum.

 

Ce qui ressemble à une vaine tentative de franchissement de la barrière génétique entre une consultation référendaire et une consultation électorale. Coupler des élections d’hommes et celle de la loi fondamentale destinée à régir la vie de la nation toute entière (les hommes, les institutions, le pouvoir, le territoire, la diplomatie, les rapports d’Etat à Etat), sans être constitutionaliste, on peut deviner que cela est une entreprise chaotique et contre productive. Les constitutionnalistes doivent prendre leur responsabilité pour dire l’inefficience d’une telle démarche. Si le temps vous est compté, Monsieur le Président, retirez donc votre référendum constitutionnel et remettez-le à plus tard, comme l’avait fait, avant vous, le Président Alpha Oumar Konaré. Il n’en a pas été moins illustre.                                                                           

     Boukary Daou 

 


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