Jugeant le document inacceptable sur la forme et dans le fond : L’Adema appelle au rejet de la Feuille de route du gouvernement

2 Août 2012 - 04:02
2 Août 2012 - 04:02
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Après la publication de la Feuille de route du gouvernement de transition, l’Adema a mis en place une équipe de réflexion sur le sujet. Les conclusions de cette analyse sont de nature à remettre en cause la compétence et le dynamisme de l’actuelle équipe gouvernementale car beaucoup d’imperfections ont été décelées par le secrétariat politique de l’Adema. Raison pour laquelle l’Adema appelle les forces politiques et sociales du pays à rejeter ce document qui n’est  acceptable  ni  sur la   forme  ni  dans  le   fond.       La remarque sur la forme de la Feuille de route est sans équivoque: non seulement ledit document est incomplet, estime le secrétariat politique, mais cette feuille de route vient à un moment inopportun et ne répond à aucune exigence du moment. En ce qui concerne le fond, le parti des abeilles découvre que ladite feuille de route est vide car le  document  manque  de  précision et   comporte  de graves  omissions. Les remarques sur la forme Dans son analyse, l’Adema dira qu’en temps normal, le  président   de  la République  adresse  au Premier  ministre une  lettre  de  cadrage. Ce dernier s’en  inspire pour  proposer  une  Déclaration  de  politique générale soumise  à  la  validation  de  l’Assemblée  nationale.  Le Gouvernement  élabore  ensuite,  en  interne,  un  programme  de  travail gouvernemental avec  un  mécanisme  de  suivi-évaluation  interne. Puisque le pays traverse une situation exceptionnelle, le Gouvernement de transition doit  élaborer une  feuille  de  route  précise  et  claire  pour  la  sortie  de  crise. Dégager les principales  priorités  qui  en  découlent et tracer  le  chronogramme  et  les moyens qu’il  faut  pour la  réalisation  des  objectifs.  Mais, selon les Adémistes, cette feuille de route ne  respecte aucune  de  ces  exigences.  C’est juste une   compilation   de  l’ensemble  des  plans d’action   des   différents  départements   ministériels,   sans   aucun   effort   de   mise en   cohérence. L’inopportunité du document : En plus de l’ incohérence, le secrétariat politique des abeilles souligne que  la présente feuille de route est  venue en  retard  et  à  un  moment inopportun  car tout  le  monde  demande  et  attend  un  gouvernement  d’union  nationale qui  est  en  gestation. En plus de cela, la feuille  de  route  a  été  présentée  aux  partenaires  extérieurs  avant  la  moindre concertation  avec les  forces  politiques  et  sociales du  pays. Cette  attitude  ne  facilite  pas  la  recherche  du  consensus  si  utile  dans  cette  situation  de  crise  que  nous  vivons, déplore ledit parti. Pourquoi est-il incomplet ? Le document ne contient pas  l’ordre  des  priorités.  On  a  l’impression que  toutes  les  actions  se  valent.  Le  chronogramme  des  actions  est  vague, comme si la transition devait prendre un quinquennat. Selon les analystes de l’Adema-Pasj, la  Feuille  de  route ignore  certaines questions majeures  de  l’heure,  comme  le  respect  des  libertés  publiques  et  de  l’Etat  de  droit.  A cela s’ajoute l’absence de  l’indispensable  interaction  du  gouvernement avec  les  autres institutions  de  la  République  et  les  différents  corps  intermédiaires  (politiques  et  sociaux). Les imperfections quant au fond Il ressort des résultats des réflexions de l’Adema, que le  document  manque  de  précision. Car ce   dont   notre   pays   a   besoin, c’est   un   Gouvernement   de   mission  pour  la  sortie  de crise  et  non  un  Gouvernement  réformateur  ou  refondateur  qui  viendra  après la  transition.  A la lecture de cette feuille de route, on a l’impression  que le gouvernement est  la seule  institution   qui   existe.  Les autres  institutions  de la  République sont   ignorées.   Cette idée d’autosuffisance est l’une des grandes tares du document, fustige la Ruche. Elle poursuivra que dans ce document, on a  l’impression   que  la   gestion   de   la crise   du   Nord et   l’organisation   des   élections   n’ont   aucun  lien,  ni  interaction. Elle a également constaté que les 9 premières   pages de  la feuille de route occultent un   pan  entier   de   la  mission   du   gouvernement   de   transition: l’organisation   des  élections législatives et de la  présidentielle. «Le   document  n’y consacre  qu’une  longue   phrase.   Il   n’y   a   aucune   clarté   sur   la  nature   du  fichier  électoral  choisi  (biométrique   ou  mise   à   jour   du   Race).   Alors que  la   Feuille   de   route doit   s’articuler   autour   de la   reconquête  de  l’intégrité  territoriale,  la  restauration  des  administrations   et  la  sécurisation   des   personnes   et   des   biens   sur   toute   l’étendue   du   territoire   national. Par ailleurs, l’accent doit être mis sur   la  préparation,  l’organisation  et  la  gestion  des  différents  scrutins  électoraux,  ainsi que la  certification  du  vote  par  les  instances  internationales » indique l’Adema.  De graves omissions Selon les Adémistes, malgré son caractère  de  fourre-tout, la Feuille de route du Gouvernement comporte de  graves  omissions. Il  ne  dit  rien  sur    l’état  des  comptes  publics  et  comment  le  Gouvernement  entend  financer  toutes  les  actions  citées.  Les  financements  sont- ils  disponibles  où  faut-il  aller  les  chercher ? Cette  question  devient  stratégique  quand  on  sait  qu’au  titre  de  l’exercice  2012, l’Etat  a  un manque  à  gagner  au  Trésor  de  600  milliards  de  F  CFA  soit  1/3  du  budget.  A  cela,  s’ajoute  la  suspension  de  la  quasi‐totalité  des  aides  bilatérales  ou multilatérales. Partant, l’Adema précise qu’il  aurait  été  plus  cohérent  de  faire  ressortir  le  budget  disponible,  l’allouer  aux  priorités  de  la  transition  et  prévoir  les  fonds  supplémentaires  (pour  le  financement  non  disponible)  pour  les  actions  secondaires. Une autre des  grandes  faiblesses  de  ce  document décelées par la Ruche est  le  traitement  qu’il  fait  de  l’économie. Sans  une  relance  économique,  les  objectifs  ne  seront  pas  atteints.  Une  bonne  partie  du  Budget  national  est  mobilisée  sur  les  recettes  intérieures  (fiscalité  de  porte  et  fiscalité  intérieure). L’Adema indique que sur le sujet, les  questions  suivantes se posent. Quelles  sont  les  mesures  pour  l’indemnisation  des  opérateurs  économiques  ayant  subi  des  dégâts  pendant  les  évènements  du  22  mars ? Quel  est  le  plan  de  sauvegarde  des  secteurs  économiques  aujourd’hui  en  danger ? Que faut-il  faire pour endiguer  le licenciement massif dans le secteur privé ? Quelles   sont   les   dispositions   prises   pour   la   relance   des   grands   projets   qui  sont  aujourd’hui  suspendus ? Que  compte  faire  le  Gouvernement  de  transition  au  sujet  de  la  dette  intérieure  qui  occasionne  de  gros  problèmes  de  trésorerie  au  niveau  des  opérateurs  privés ? Quelle  initiative  pour  la  relance  des  investissements  directs  étrangers ? Quelles  sont  les  mesures  pour  la  relance  du  financement  bancaire ? A toutes  ces questions  fondamentales  pour  stabiliser  le  cadre  macroéconomique,  préserver  les  recettes  intérieures  et  éviter  un  chômage  massif,  la  Feuille  de route  ne  donne  pas  de  réponse. Oumar KONATE

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