ATT roulerait-il contre ses amis du Parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes) ? Difficile d’y répondre. Mais l’évolution de la situation au sein du Pdes laisse une mauvaise impression sur les relations entre le président de la République, Amadou Toumani Touré et ses amis.
« Je n’ai pas l’intention de créer un parti politique. J’ai l’ambition d’être un président de tous les Maliens et l’ensemble de ces classes politiques constitue mon parti ». Depuis son retour aux affaires en 2002, le général président, Amadou Toumani Touré n’avait raté aucune occasion pour s’exprimer ainsi. Le 17 juillet 2010, lorsque ses partisans avaient décidé de transformer le Mouvement Citoyen en une formation politique avec le nom très évocateur du Pdes, beaucoup d’observateurs politiques voyaient la main d’ATT. Pouvait-t-il être autrement ? Apparemment non ! Mais, avec les agitations actuelles en son sein, le ‘’Parti présidentiel’’ semble être pris dans son propre piège. En plus des démissions, les leaders doivent faire face à une guerre de leadership dont l’issue risque d’être fatale si le congrès se tient dans les prochaines semaines.
Les partisans du 1er vice-président Jeamille Bittar ont commencé les grandes manœuvres pour positionner leur cheval. L’Union nationale des jeunes pour le Mali dont la colonne vertébrale constitue les jeunes du Pdes est déjà partie à la conquête du terrain. Pour eux, c’est Bittar ou le chaos. Or, Hamed Sow ne cache plus ses ambitions de porter les couleurs du parti dont il est l’un des présidents d’honneur. Sa farouche détermination à prendre le contrôle de la coordination de la Commune V du District de Bamako en dépit des voix l’appelant à se retirer, est suffisamment révélatrice de l’engagement de l’ancien ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines. ATT, arbitre du jeu ? Tout se passe comme si ATT roulait contre ses amis. On a l’impression que le chef de l’Etat qui avait béni la formation politique à sa naissance ne fait rien pour recoller les morceaux d’une formation dont les responsables se sont autoproclamés héritiers de sa politique.
Selon l’ancien ambassadeur de l’Algérie au Mali cité par Wikileaks, dont les propos ont été rapportés par son homologue américain, ATT ne peut pas prendre une décision ferme car il veut plaire à tout le monde. Or, pour mettre fin à cette guerre de leadership au sein d’une formation immature qui pourrait difficilement se relever d’une telle crise à quelques encablures des élections générales de 2012, il suffit aujourd’hui que le mentor appelle les ténors du Pdes autour de lui, pour leur donner des directives. Dans un sens comme dans l’autre.
B. Siby