Sur le chemin de Koulouba : Tiébilé Dramé, Président du Parena Un bélier à la recherche d’un grand enclos

22 Août 2011 - 00:00
22 Août 2011 - 00:00
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Né le 5 juin 1955 à Nioro du Sahel, Tiébilé Dramé sera, sauf cataclysme de dernière minute, le candidat du Parti pour la Renaissance Nationale (Parena)  dont il est le premier responsable depuis belle lurette. Il est, en effet, impossible d’imaginer à l’heure actuelle, une autre candidature au Parena que celle de Tiébilé Dramé. Agitateur d’idées, cet ancien leader estudiantin (il fut responsable de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali), contraint à l’exil par le régime dictatorial du général Moussa Traoré a appris très tôt, les différentes péripéties de la lutte politique. Fin manipulateur – mais très manipulable lui-même – Tiébilé Dramé est un homme qu’il vaut mieux avoir avec soi plutôt que contre soi. 

 

Après la chute du régime de Moussa Traoré, il fut ministre des Affaires étrangères sous la transition. Mais sur le plan politique, il décide de militer au sein du Congrès d’Initiative démocratique (Cnid Faso Yiriwaton), une formation politique qu’il quitte en 1995. Le groupe des dix conduit par Tiébilé Dramé  fonde alors le Parena. En 1996, il est nommé ministre des Zones arides et semi arides. Mais, un an après, il abandonne le poste ministériel pour être député à l’assemblée nationale. En 2001, il est élu président du comité parlementaire de l’Uemoa. A ce titre, comme Pr Abdoul Traoré dit Diop, Ali Nouhoun Diallo, a voté le projet de révision initié par le président Alpha Oumar Konaré.

 

ATT : « Je n’avais donc aucune raison de faire du tort à Tiébilé ! »

Auréolé par son titre de parlementaire, il brigue en 2002, à 47 ans et pour la première fois la magistrature suprême. Tiébilé Dramé se classe quatrième avec environ 4% sur les vingt-quatre candidats. Donc derrière le trio ATT, Soumaïla et IBK. Mais devant Mountaga Tall et Choguel Maïga, tous leaders emblématiques de la célèbre Coppo du nom de ce collectif des partis politiques de l’opposition qui a rendu la vie très pénible au régime du président Alpha Oumar Konaré. Au second tour, il appelle à voter pour le général à la retraite qui signait ainsi son retour triomphal après la transition.

 

Tout au long du premier mandat d’ATT, le soutien du parti du Bélier blanc ne souffre d’aucune ambiguïté même si le chef de l’Etat a débarqué du gouvernement de façon humiliante leur ministre, le jeune Moussa Balla Diakité. En 2006, le Parena apporte son soutien au président de la République en soutenant le très controversé ‘’Accord d’Alger’’, censé mettre un terme à la situation insurrectionnelle déclenchée par les éléments du mouvement du 23 mai qui avaient attaqué et pillé des camps militaires.

 

2007 approche à grands pas. L’heure est aux tractations sur la scène politique et l’idée d’une alliance pour favoriser la réélection d’ATT fait son petit chemin. Tiébilé participe aux premières réunions pour la mise en place de l’alliance pour la démocratie et le progrès (Adp) qui va assurer plus tard la réélection du président candidat. Mais très vite, les relations entre le président ATT et le Parena entrent dans une zone de turbulence suite à un rapport sur la gestion du sommet Afrique France dont la présidence du comité était confiée au Bélier en chef. Les cadres du Parena crient à une cabale judiciaire. C’est le début de la crispation pour ne pas dire la rupture. Tiébilé abandonne le schéma initial, c’est-à-dire l’Adp, pour se retrouver au Front pour la République et la démocratie (Fdr) avec IBK, Blaise Sangaré, Soumeylou et bien d’autres.  A l’élection présidentielle de 2007, le candidat du parti du Bélier blanc obtient 68,956 voix soit 3,04% avec un rang de troisième sur 8 candidats. Mais c’est dans sa ville natale qu’il réalise son meilleur score avec environ 22, 01%. Ici, la popularité de l’enfant du terroir a croulé sous le rouleau compresseur de l’imparable machine déployée pour la réélection du président ATT. Et là, ce n’est pas pour rien que le président candidat avait procédé, le 24 mars 2007, dans cette même ville symbolique, à l’annonce de sa candidature. C’était un signal fort pour briser l’élan d’un adversaire qui était jusque-là un partenaire. D’ailleurs, quelques jours avant le scrutin historique du 29 avril, le président ATT affirmait dans les colonnes de Jeune Afrique que certaines déclarations l’ont surpris. A la question de notre confrère de savoir de quelle déclarations ATT parlait, il répond sans ambages : ‘’Celles de Tiébilé Dramé par exemple, qui affirme être victime d’une cabale orchestrée par mon premier ministre et moi–même. A l’issue du Sommet Afrique-France qui s’est tenu à Bamako, en décembre 2005 et dont l’organisation avait été confiée à Tiébilé Dramé, le gouvernement croulait sous les impayés. Le vérificateur de la République a demandé à entendre le principal responsable. Sans me consulter. Et, c’est normal, car cela relève de ses attributions. Jusqu’à preuve du contraire, Tiébilé Dramé n’a été accusé de rien. Il est venu me voir  pour savoir qui avait donné l’ordre de le convoquer…. J’en ai assumé la responsabilité. Il en a, semble t-il, pris ombrage et je le déplore. En plus d’être un ami, un partenaire de longue date, (il a été son ministre des Affaires étrangères entre 1991 et 1992, NDLR), Tiébilé Dramé est le gendre de mon prédécesseur, le professeur Alpha Oumar Konaré, auquel je voue un profond respect. Je n’avais donc aucune raison de lui faire du tort. D’ailleurs en quoi Tiébilé Dramé serait-il une menace pour ma réélection (en 2002 il a réalisé un peu plus de 4% des suffrages au premier tour, NDLR). De toute évidence, il a perdu son sang-froid. Soumeylou Boubèye Maïga, qui a présidé l’organisation du Sommet de la Cen-Sad (Communauté des Etats Sahélo-Sahariens) en mai 2004, a été soumis au même processus. Il avait été entendu par le vérificateur de la République. Il n’a pas crié pour autant, à la cabale judiciaire.’’

 

Le courage d’abandonner certains préjugés du passé !

Comme un malheur ne vient jamais seul, le président du Parena voit sa liste pour les élections législatives de 2007 invalidée par la Cour constitutionnelle. Tout de même, son parti arrive à faire élire deux de ses meilleurs cadres dont Me Hamidou Diabaté et Konimba Sidibé à l’Assemblée nationale. Le Parena décline l’offre du président de rentrer dans le gouvernement de Modibo Sidibé et inscrit ses actions dans l’opposition. Le Parena devient incontestablement l’une des formations politiques, les plus prolifiques de notre pays en terme de force de propositions. On le voit en train de regrouper ses cadres, militants et  personnalités, pour échanger sur des thèmes dont l’actualité et l’intérêt dépassent tout commentaire. Ce qui est à l’honneur de ses dirigeants avec en tête son président Tiébilé Dramé. Ce dernier dispose d’un réseau de connaissances élargies à des personnalités de divers horizons, à l’échelle nationale et internationale.

 

Après l’échec de sa tentative de fusion avec l’Adema, le président du Parena s’est embourbé dans une fausse polémique sur le fichier électoral. Et pourtant, en observateur averti, Tiébilé Dramé savait que le choix du gouvernement dont son parti est membre était déjà fait. Sur le projet de révision de la Constitution du 25 février 1992, Tiébilé Dramé n’a pas eu le courage d’aller au bout de sa logique. Avec sa prise de position à travers la presse, les gens étaient surpris par le vote par les députés du Parena du projet de loi portant révision. La politique a ses raisons que la raison elle-même ignore, pourrait-on dire.

 

Dans le contexte politique actuel, le leader des Béliers doit avoir le courage d’abandonner certains préjugés du passé pour se tourner résolument vers l’avenir. De même, un homme qui ambitionne d’assumer les fonctions les plus importantes comme celles de président de la République, doit avoir le courage de ne pas confondre combat politique et animosité personnelle.

Par Boy Siby

 

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