Affaire vaccin COVID-19 : Les africains cobayes ou chanceux

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À la une des réseaux  sociaux, le débat sur le vaccin contre le COVID-19 fait rage. La polémique, autour de la rumeur  d’un possible test du vaccin découvert  sur nos populations, engendre des confusions et divise  la classe  politique et la société civile. Très réfractaire  à l’idée  de transformer nos populations en rats de laboratoire, la société civile dénonce ce qu’elle considère être un affront. Les dirigeants sont soupçonnés de vouloir troquer  la santé de leurs peuples contre quelques sous. Les rumeurs vont  bon train et face à ce dilemme, il est difficile  d’opiner.

Cependant, il convient de rappeler que la vaccination est une mesure préventive. Donc en principe,  seuls  les  sujets non encore infectés pourraient en tirer bénéfice. À partir  du moment  où l’on a contracté la maladie, le traitement  préventif  ne peut que s’avérer  vain. En partant  de cette logique,  on pourrait  être tenté  de comprendre le choix du continent africain pour le test grandeur nature, ce continent  ayant enregistré jusque-là le plus faible  taux de contamination.

Par ailleurs, la vulnérabilité des économies  locales, l’absence  de structures sanitaires dignes  de ce nom et les autres problèmes socio-économiques  récurrents sont d’autant de facteurs qui militent pour une lutte précoce et une prévention sans faille contre le COVID-19.  Que l’on  l’admette   ou non, une prolifération non maîtrisée  du virus pourrait décimer  certaines régions  en Afrique.

Enfin, un autre argument qui ne devrait  échapper  à personne, c’est que ce vaccin  (s’il  est avéré) ne serait pas à la portée des africains si les États locaux devaient s’en procurer pour leurs populations.  Que pourrait donc être l’apport  du continent dans la lutte contre le COVID-19, s’il ne peut ni fabriquer,  ni tester ni acheter  le vaccin miracle ? L’Afrique ne sera-t-elle pas prise à la gorge lorsque l’épidémie aura disparue  chez les autres? L’Afrique pourra-t-elle appeler  à l’aide  alors même qu’elle a refusé de jouer un quelconque rôle dans cette lutte qui se terminera certainement sur le continent ?

Il n’est pas question de faire de nous des rats de laboratoire. Notre continent n’est pas un champ de test. Et nous defions  toute tentative de porter atteinte  à la souveraineté  de nos États. Mais pouvons-nous demeurer  des spectateurs  dans cette lutte? Autant de questions qui nous incitent à une réflexion profonde. Et nous y sommes tous invités….

Dr Moussa Dougouné

Source : Le Pélican

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