Mamadou N'tji Bengaly, président de l'AATAM hier lors de l'inhumation des corps des 7 victimes du crash d'Air Mali : "Nous exprimons nos remerciements à Boukary Sidibé dit Kolon pour sa contribution déterminante dans la réalisation de ce projet
"À travers cette cérémonie, la Nation malienne se réconcilie avec une page oubliée de son histoire aéronautique"

"Nous exprimons nos remerciements les plus chaleureux à Boukary Sidibé dit Kolon, fils de l'un des tout premiers pilotes d'Air Mali, pour sa contribution déterminante dans la réalisation de ce projet. Par deux fois, il a envoyé des missions à Ouagadougou pour préparer ce rapatriement. Et c'est lui qui, avec un sens profond de l'histoire et du devoir, a affrété un vol spécial pour ramener nos héros sur la terre de leurs aïeux. Monsieur Sidibé, recevez ici toute notre reconnaissance et notre profonde admiration. A travers cette cérémonie, la Nation malienne se réconcilie avec une page oubliée de son histoire aéronautique". C'est par ces propos que le président de l'Association des anciens travailleurs d'Air Mali (AATAM) Mamadou NTji Bengaly a rendu un vibrant hommage à Boukary Sidibé dit Kolon, lors du rapatriement des corps des 7 membres d'équipage disparus lors du crash du 11 août 1974 vers Ouaga. C'était hier jeudi 8 mai 2025, au mémorial Modibo Kéïta en présence de la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko et de l'ancien ministre Mamadou Hachim Koumaré, ancien Directeur d'exploitation d'Air Mali ainsi que la famille des victimes. Voici le discours intégral prononcé par Mamadou NTji Bengaly à cette occasion.
C'est avec une émotion profonde, mêlée de respect et de gratitude, que je prends la parole aujourd'hui, au nom de l'Association des anciens travailleurs d'Air Mali (AATAM), pour saluer une dernière fois la mémoire de nos camarades, nos frères, nos héros : les 7 membres d'équipage d'Air Mali disparus tragiquement le 11 août 1974, il y a tout juste un demi-siècle.
Ce jour-là, à bord de l'Iliouchine 18 TZ-ABE, revenant du petit pèlerinage - l'Umra - à la Mecque, ils devaient rallier Djeddah, Khartoum, Kano, puis Niamey. Mais c'est à Ouagadougou, dans une nuit de mauvais temps, que le destin s'est refermé sur eux.
L'accident a brisé leur envol, mais il n'a jamais brisé notre mémoire.
Le Mali perdait alors non seulement des professionnels chevronnés, mais aussi des enfants valeureux de la Nation, au service du pavillon national, de la foi, et du devoir.
Je veux ici nommer, un à un, ces hommes d'honneur, que j'ai tous personnellement connus, que j'ai tous estimés, et qui continuent de vivre dans le cœur de ceux qui ont porté la tunique bleu d'Air Mali :
- Moriba Doumbia, co-pilote rigoureux et respecté,
- Adama Konaté, navigateur d'une précision légendaire,
- Abdoulaye Makan Konaté, opérateur radio d'une grande loyauté,
-Birama Diarra, mécanicien de vol aussi humble que compétent,
- Oumar Sy et Seydou Kouyaté, membres du personnel navigant commercial, véritables ambassadeurs du service à bord,
- Enfin, Amadou Salif Kéita, représentant d'Air Mali à Niamey, artisan infatigable de notre rayonnement régional.
Ces hommes n'étaient pas de simples travailleurs. Ils étaient les ailes du Mali, des pionniers d'une époque où voler au nom d'une Nation naissante était un acte de foi, de bravoure et de sacrifice. Aujourd'hui, nous rapatrions leurs dépouilles vers la terre de leurs ancêtres. Le cimetière de Tanghin à Ouagadougou, désormais désaffecté, ne pouvait rester leur dernière demeure. Il était de notre devoir moral, de notre obligation de mémoire, de ramener ces martyrs à Bamako, chez eux, parmi les leurs, pour un repos éternel digne de leur engagement.
Je ne saurais poursuivre sans rendre un hommage appuyé à Sékou Danioko, ancien président de notre association, l'un des rares survivants de ce terrible crash du 11 août 1974. Il était le dernier témoin vivant de cette tragédie et s'est battu corps et âme jusqu'à son dernier souffle pour que ce rapatriement puisse un jour se réaliser. Hélas, il nous a quittés le 21 mai 2024, sans voir l'aboutissement de ce combat qu'il a tant porté. Puisse cette cérémonie lui rendre justice et honorer sa mémoire comme celle de ses frères d'armes.
Nous exprimons également nos remerciements les plus chaleureux à Monsieur Boukary Sidibé dit Kolon, fils de l'un des tout premiers pilotes d'Air Mali, pour sa contribution déterminante dans la réalisation de ce projet. Par deux fois, il a envoyé des missions à Ouagadougou pour préparer ce rapatriement. Et c'est lui qui, avec un sens profond de l'histoire et du devoir, a affrété un vol spécial pour ramener nos héros sur la terre de leurs aïeux.
Monsieur Sidibé, recevez ici toute notre reconnaissance et notre profonde admiration. À travers cette cérémonie, la Nation malienne se réconcilie avec une page oubliée de son histoire aéronautique. Elle rend justice à ceux qui ont servi sous son drapeau, parfois au prix de leur vie.
Au nom de l'AATAM, je formule le vœu que cette inhumation soit accompagnée d'un geste mémoriel fort : une stèle commémorative à l'Aéroport international-Président Modibo Kéita de Bamako-Sénou, pour qu'aucune génération future ne les oublie.
Que ce rapatriement ne soit pas une fin, mais un nouveau départ pour notre mémoire collective, pour la reconnaissance due aux pionniers du ciel malien.
À leurs familles, j'adresse notre compassion, notre respect éternel et notre engagement à faire vivre leur souvenir.
Qu'ils reposent désormais en paix sur leur terre natale. Qu'ils dorment sous le ciel pour lequel ils ont tant donné. Et que vive à jamais le souvenir des martyrs de l'air du 11 août 1974. Qu'Allah, dans Son infinie miséricorde, leur accorde le repos éternel. Amine. Que vive la mémoire de nos martyrs de l'air. Que vive le Mali uni, reconnaissant et debout".
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