Réformes politiques et prochaines élections : Pourquoi il faut éviter de prendre le pays en otage

2 Fév 2021 - 01:30
2 Fév 2021 - 01:30
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Réformes politiques et prochaines élections : Pourquoi il faut éviter de prendre le pays en otage
De certaines analyses, il ressort que les réticences et les lenteurs face aux réformes politiques projetées devraient inciter à les éviter pour prioriser les élections acceptables et remettre le pays sur les rails. - maliweb.net - Dans un éditorial publié la semaine passée, notre confrère Chahana Takiou du bi-hebdomadaaire 22 Septembre annonçait déjà qu’il est envisageable de conduire le pays aux prochaines élections générales, sans faire des réformes politiques souhaitées des préalables. En effet, pour plusieurs responsables politiques, la manière dont la Transition malienne évolue fait penser un piège à cons tout simple : faire des réformes politico-électorales un alibi pour proroger indéfiniment cette période transitoire. En clair, si le pays a pu connaitre une certaine normalité institutionnelle après la crise de 2012, il peut s’y résigner momentanément pour sortir du cadre de cette Transition. Ce sera donc à un pouvoir légitime la mission d’opérer des réformes majeures avec le maximum d’adhésion des forces vives. En d’autres termes, du fait que les autorités de la Transition ne bénéficient pas de l’accompagnement nécessaire, pourraient-elles opérer légitiment les changements souhaités pour renforcer la démocratie malienne ? Les réponses sont divergentes. Comment peut-on faire confiance à des autorités de transition auxquelles l’on prête régulièrement l’intention de vouloir conserver le pouvoir ? Comment peut-on soutenir le processus de changements institutionnels menés par des autorités qui semblent pratiquer le « ôte-toi pour que je m’y mette » au détriment des acteurs politiques ? Les réformes envisagées auront-elles la neutralité requise quand elles émanent d’une administration territoriale de plus en plus militarisée, ces militaires étant les princes du jour ? Ces questions dont les réponses semblent, pour la plupart, négatives, incitent des observateurs à prôner une certaine modestie par rapport aux ambitions de cette Transition. En effet, sur les dix-huit mois prévus pour cette période transitoire, il ne reste à peine que quatorze. Et les discussions sérieuses autour des textes majeurs n’ont pas encore véritablement commencé. Il n’y a eu qu’une réactivation du cadre de concertation entre le ministère de l’Administration territoriale et les partis politiques. Même là, certains politiques soupçonnent que le ministre, le Colonel Abdoulaye Maïga pourrait les écouter, mais faire un texte qui ne contiendrait pas les aspirations profondes de la classe politique. En clair, le département ne jouit pas de la confiance nécessaire pour faire passer des réformes appropriées. Sans oublier que les changements institutionnels à opérer doivent bénéficier de l’adhésion d’une majorité des forces vives du pays. Ce qui sera difficile à réaliser, tant les acteurs sociopolitiques du pays sont fortement divisés. Ce qui avait déjà impacté sur la mise en place des organes de la Transition dans lesquels nombre d’interlocuteurs sociaux et politiques ne se reconnaissent pas. N’est-ce pas le cas du Conseil national de Transition(CNT) et du gouvernement, tous taxés de n’abriter que des alliés et amis des colonels putschistes ? Par ailleurs, le contexte de la Transition peut se polluer,dans les mois à venir, du fait des suspicions portant sur d’éventuelles modifications de ses textes fondamentaux. Quid des supputations relatives à la suppression du poste du vice-président, qui serait animé par des velléités de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle ? Quel sera l’effet juridique d’une future modification de la Charte de la Transition ? Quelles seront les réactions et attitudes de la classe politique par rapport à ces éventuelles évolutions ? Quid du contexte sécuritaire lié au péril terroriste ? Toutes ces interrogations appellent à la prudence et à la réflexion pour un accompagnement et un certain ménagement des autorités militaires, afin de conduire le pays à bon port. Car, ce sont ces autorités qui ont aujourd’hui le destin des 17 millions de Maliens dans leurs mains. Et, il urge d’éviter une stratégie de harcèlement à leur encontre pour améliorer les chances de succès d’une Transition laborieusement emmanchée. Boubou SIDIBE/maliweb.net

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