EL Hadj Mamadou Kaloga, président de la commission média à la fédération malienne de football : Un grand et très modeste journaliste sportif

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Cet homme n”aime pas faire de la publicité autour de sa personne. Ce n”est qu”après de multiples sollicitations qu”il a finalement accepté d”apparaître dans les colonnes de Bamako Hebdo. Lui, c”est Mamadou Kaloga, très connu dans le monde sportif malien. La mine, qui semble rébarbative à première vue, est  due à un problème gastrique dont il souffre depuis l”âge de 7 ans, mais derrière se cache un être sensible, foncièrement sociable plein de joie et de gaieté de vivre. Musulman très pieux, cet homme qui est El Hadj depuis 1994, passionné de sport, promène une silhouette de trentenaire, ce qu”il n”est pourtant plus à soixante cinq ans. Il vient, à juste titre, d”être honoré par la Confédération Africaine de Football. 

Kaloga est un nom de famille peu courant, ce qui fait que ceux qui le portent sont tous de la même famille, bien que les différentes branches se soient perdues de vue, pour cause de multiplication de lieux d”installation différents. Les Kaloga étaient les chefs de guerre de Kaya Maghan, souverain de l”Empire du Ghana. Ils ont perdu leur place à cause d”une révolution de palais, d”un complot assez violent.

Ecartés, il ont préféré rester dans l”ombre. Les Kaloga viennent de Nioro. Une branche a suivi El Hadj Oumar  pour s”arrêter  à Baraouéli et une autre s”est installée dans le Tomoraye. Les branches les plus éloignées sont celles qui se trouvent aujourd”hui au Sénégal, à Kaolack et à Dakar, avec un pied à Conakry et l”autre à Bouaké.  Mamadou Kaloga effectuera son cycle primaire à l”école de la République à Bamako. Suivirent le Cours normal de Sévaré et l”école normale de Katibougou.

L”homme a joué au foot jusqu”en 1973, mais une blessure au genou a mis fin à sa carrière. Il a quand même décidé de rester dans le milieu, c”est pourquoi, bien qu”enseignant en lettres, il a postulé pour un poste de collaborateur extérieur, poste qu”il décrocha. Ainsi, Mamadou Kaloga fut Directeur de la maison des jeunes et, en 1978, toujours fonctionnaire,  il a demandera une mutation pour la RTM. Il obtiendra une bourse pour la Havane (Cuba) afin d”y étudier le journalisme. Il en reviendra quelques années plus tard avec un DEA en journalisme et techniques de communication. Il travaillera à la RTM, puis à l”ORTM comme reporter sportif, et, depuis 1973, il est le correspondant sportif de Radio France Internationale à Bamako. En 1997, il est choisi par le ministre de la Jeunesse et des Sports de l”époque, Adama Koné, pour servir de chargé de mission et de communication. Il y restera jusqu”à la retraite. Ne voulant pas rester inactif, parce qu”il peut encore beaucoup faire, l”homme est actuellement à la Fédération Malienne de Football en tant que Président de la commission Média. 

Affectueusement surnommé Vieux par ses intimes, parce qu”il porte le nom de son grand père, Kaloga paraît beaucoup plus jeune que son âge, grâce au sport qu”il pratique tous les soirs et est père de six enfants.

S”agissant du football malien, sans démagogie, Mamadou Kaloga, s”il devait donner une note, dirait "peut mieux faire ", parce que le Mali regorge de talents. Mais, "jusqu”à présent, nous n”avons pas pu jouer le premier rôle en Afrique. Cela montre que, quelque part, ça ne va pas. Pourtant, ce ne sont pas les énergies et les envies qui manquent ". Il se rappelle encore qu”en 1978, il se disait que si le Mali voulait une coupe continentale il fallait d”abord commencer par aider le basket-ball. Aujourd”hui, pour ce qui est de la salle de spectacles du Stade Omnisports Modibo Keita, c”est par complaisance, estime Kaloga, que les autorités du basket-ball international acceptent d”y organiser des compétitions, car elle ne répond plus aux normes.

" On a  beaucoup investi dans le sport d”une manière générale, surtout dans le football, mais je pense que si le basket malien avait bénéficie d”autant de sollicitude, on aurait eu encore plus de satisfactions avec cette discipline ". " S”agissant du football, il nous a manqué quelque chose jusqu”à présent. Nous avons des grands joueurs, qui, peut-être n”ont pas percé au même moment.

Lors des premiers jeux africains, à Brazzaville, le Mali était finaliste. Ils ont joué deux fois 140 mn pour être battus au nombre de corners, une première dans l”histoire du foot. En fait, je crois même que c”était aussi la dernière " ajoute Kaloga. " A Yaoundé, en 1972, l”équipe malienne est arrivée à la Coupe d”Afrique avec le plus grand nombre de pronostics favorables. Les décisions tactiques et les relations humaines ont empêché cette équipe de gagner. Il faudra ensuite attendre 1994 pour voir une équipe malienne se qualifier pour une phase finale de Coupe d”Afrique, où nous sommes sortis demi-finalistes, puis, ensuite encore demi-finalistes, et encore demi-finalistes, mais jamais vainqueurs ".

"Ces dernières années, on a eu une bonne équipe, mais, suite à des querelles intestines, des susceptibilités qui n”ont rien avoir avec le sport, on a perdu beaucoup de temps. L”Etat malien a investi des milliards pour la CAN, mais, à la base, les moyens manquent. Nous avons la chance d”avoir un pays très vaste, mais cette chance fait aussi notre malchance, parce que cela nécessite énormément d”investissements. Malheureusement, l”Etat n”est pas suffisamment riche pour faire face à la multiplication des compétitions ".

Le Président de la commission média de la  FEMAFOOT estime que l”équipe nationale a besoin de tranquillité et de sérénité. Il faudrait aussi que l”on arrive à bien structurer les clubs et les écoles de foot. " La solution est de faire un choix comme l”ont fait les Allemands, de choisir de développer le sport national discipline par discipline ". Kaloga vient d”être honoré par la Confédération Africaine de Football, à travers un prix attribué à l”occasion des 50 ans d”existence de la CAF. Ils sont avec lui neuf journalistes africains à avoir été honorés pour services rendus au développement du football.

Mamadou Kaloga, avant d”être journaliste, est citoyen de ce pays. A ce titre, il peut s”exprimer sur le débat politique malien, qu”il estime démocratique. Bien n”adhère à aucun parti politique, en bon citoyen il ira voter. "Tous les prétendants utilisent les armes qu”il faut pour se faire élire, car le propre d”un parti politique c”est la conquête du pouvoir. Que le meilleur l”emporte !".

La récompense qu”il vient de recevoir de la CAF demeure sa plus grande satisfaction depuis qu”il exerce le journalisme, dit-il. "Je ne peux qu”être heureux. La première chose à faire c”est de la montrer à mes enfants et mes cadets en leur disant : même si vous travaillez dans l”ombre, il y aura un jour où vos mérites seront reconnus ". L”homme avoue qu”il était à mille lieues de penser qu”il était connu sur le plan africain en matière de football. Mais, comme on le dit "on a toujours une récompense de ce qu”on a fait, en bien ou en mal. J”ai la chance que ce soit en bien. Cette distinction me va droit au cœur, car cela fait toujours plaisir d”être honoré ".

Ce qui l”a le plus attristé dans le métier, c”est qu”il n”a pu jamais revenir dans son pays avec une équipe nationale ou de club victorieuse d”une coupe africaine.

Mamadou Kaloga est membre de l”Amicale des anciens footballeurs, ce qui fait qu”il consacre une partie de son temps libre au ballon rond deux fois par semaine. Il en profite pour remercier le bon Dieu de lui avoir donné la santé et la possibilité de jouer au ballon à soixante cinq ans. Il est arbitre fédéral de basket-ball et aime également le volley et les arts martiaux. Il est d”ailleurs ceinture marron de judo. Hormis le sport, Kaloga lit beaucoup, aime le cinéma et apprécie d”avoir des gens autour de lui pour échanger.

Si  Kaloga devait s”identifier à quelqu”un, il  dirait sans hésiter Nelson Mandela, pour servir son pays et souhaiter toujours du bien pour sa nation. "La trajectoire de Mandela est assez atypique, ce qui mérite qu”on s”y intéresse ". Il déteste le mensonge et  l”hypocrisie et estime qu”il est mieux de se dire la vérité, quelle que soient les relations. Il avoue adorer savourer du  bon tiebou diène au poisson.

Le terrain de reportage est, selon ce grand journaliste, très instructif, car "on apprend tous les jours sur le terrain et cela permet d”enrichir le carnet d”adresses et de connaître la nature de chaque individu ".

Pour terminer, il déclare aimer beaucoup rire, mais qu”une fois que le sérieux arrive il faut travailler. C”est pourquoi beaucoup trouvent qu”il est pointilleux et exigeant. Mais il l”est l”ai d”abord avec lui-même, avant de l”être avec les autres.

Fatoumata Mah THIAM DOUMBIA

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