Etude: ‘’Inégalités, disparités géographiques et pauvreté au Mali’’ : Sur 1000 Maliens pauvres monétairement, 812 sont des agriculteurs

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Une étude produite par l’Observatoire du développement humain durable et de la lutte contre la pauvreté (ODHD) en partenariat avec la cellule technique du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) met en lumière des inégalités au sein de la société malienne.
Cette étude dirigée par Zoumana B. Fofana a été publiée en décembre 2011 par l’ODHD sous le titre : ‘’Inégalités, disparités géographiques et pauvreté au Mali’’. A la lecture du résumé de l’étude, on se rend compte que les agriculteurs sont les plus frappés par l’incidence de la pauvreté, par groupe socio-économique. Avec 57,3% de pauvres en 2010, le phénomène de pauvreté est ressenti par le plus grand nombre d’individus du groupe des agriculteurs. Ce qui contribue à la pauvreté au niveau national à concurrence de 81,2% pour l’incidence. « Autrement dit, sur 1000 Maliens considérés comme pauvres (monétairement) en 2010, en moyenne 812 sont des agriculteurs. Sikasso est la région administrative où l’incidence de la pauvreté est la plus élevée en 2010 (83,8%). Viennent ensuite les régions de Ségou (47,0%), Mopti (46,6%) », peut-on lire dans l’enquête. La distribution des revenus, estiment les enquêteurs, met en lumière des inégalités entre milieu urbain et milieu rural et entre les régions administratives. L’étude cite par exemple qu’en 2010, « le montant des dépenses par tête en milieu urbain est le double de celui observé en milieu rural : 299 700 FCFA pour le premier milieu cité contre 150 400 FCFA pour le second ».
L’analyse des dépenses par tête selon le sexe du chef de ménage met au jour des inégalités entre hommes et femmes. Pour les ménages dirigés par une femme, le montant des dépenses par tête est de 242 884 FCFA en 2010 contre 223 153 FCFA pour un homme.
Selon la catégorie socioprofessionnelle, c’est chez les employeurs qu’est observé le montant des dépenses per capita le plus élevé (406 304 FCFA). Viennent ensuite les montants enregistrés au niveau des salariés du secteur public (373 264 FCFA), des salariés du secteur privé (332 349 FCFA).
L’étude nous apprend qu’au Mali, les inégalités n’ont pas trait qu’aux seuls revenus. L’analyse des conditions de vie des Maliens, renseigne l’étude, fait également apparaître des disparités entre zones géographiques, sexes, catégories sociales et catégories socioprofessionnelles.
En termes de dépenses alimentaires, les inégalités sont légèrement plus marquées en milieu rural qu’en milieu urbain. Les régions de Sikasso, Koulikoro, Mopti et Kayes sont les plus inégalitaires.
Dans le domaine de l’éducation, le taux net de scolarisation et le taux d’alphabétisation observés en milieu urbain valent généralement plus que le double de ceux observés en milieu rural.

Des recommandations et un  plan d’action

S’agissant de l’accès aux structures sanitaires, les Maliens, pauvres et non-pauvres, « préfèrent » les Centres de santé communautaires (CSCOM) et les Centres de santé de référence (CSREF) aux hôpitaux. Les statistiques analysées laissent apparaître des disparités entre les milieux urbain et rural sans oublier des inégalités entre les régions ou entre les sexes.
Selon l’étude, les inégalités des chances constituent une réalité dans notre pays surtout à travers l’accès à la terre agricole et au crédit agricole.
Pour faire face aux inégalités et disparités géographiques, l’étude propose une série de recommandations. Il s’agit entre autres de promouvoir davantage la croissance économique dans les zones rurales, de consolider les actions de redistribution dans les régions défavorisées, de prendre en compte la dimension genre, d’intensifier la scolarisation des jeunes filles, de promouvoir l’alphabétisation des femmes, surtout en milieu rural, de renforcer l’accessibilité à l’eau potable, par le creusement et l’entretien de forages de puits à pompe ainsi qu’à grand diamètre et renforcer l’électrification du pays, notamment l’électrification rurale, en privilégiant l’énergie solaire.
Le plan d’action de réduction des inégalités et de la pauvreté tire sa substance de la redistribution à travers la protection sociale et l’offre publique d’éducation.
Chiaka Doumbia

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