Prestations des troupes à la Biennale : Le miroir grossissant des préoccupations nationales

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Après la cérémonie d’ouverture, présidée vendredi par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, la Biennale artistique et culturelle Mopti 2023 est passée dans sa phase de compétition avec l’entrée en lice des troupes des différentes régions. Sikasso, Ménaka et Bandiagara ont animé la première soirée, vendredi dernier.

À travers la pièce de théâtre, le ballet, le chant de solo, le chœur, la danse traditionnelle,
l’orchestre, ces régions ont magnifié la paix, la refondation et le vivre ensemble. Le lendemain, ce sont les  troupes de Tombouctou, Nioro du Sahel et Koutiala  qui sont passées devant le jury dans la salle de spectacle Sory Bamba pleine à craquer. Les troupes de Sikasso, Ménaka et Bandiagara ont ouvert le bal des prestations de la présente édition de la Biennale artistique et culturelle. C’était vendredi soir dans la salle de spectacle Sory Bamba. Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo, était accompagné de son hôte Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, ministre de la Communication, des Arts et de la Culture du Burkina Faso.


Dès les premières heures de la nuit, le public est venu occuper les 800 places de la salle de spectacle Sory Bamba. «De nombreux spectateurs ont préféré braver la chaleur suffocante que de se faire raconter les prestations des troupes en compétition », nous a confié une femme qui avait effectué le déplacement avec une partie de sa famille. «Nous avons longtemps attendu que cette manifestation arrive chez nous. Il faudrait donc tout faire pour être parmi les témoins oculaires », a ajouté notre interlocutrice.
La cour de la salle de spectacle débordait de personnes qui n’avaient pas pu entrer dans la salle. Certaines se faufilaient entre les nombreux véhicules des officiels pour tenter leur chance.  

 Cette animation n’a pas distrait la troupe de Sikasso qui a été désignée à l’issue du tirage au sort effectué le mois de mars dernier comme étant celle qui devrait être la première à se produire devant le jury.
La troupe de Sikasso a impressionné par sa pièce de théâtre intitulée : «L’heure a sonné». Cette pièce parle de la refondation qui occupe une place prépondérante dans l’action gouvernementale. L’accent est mis sur une pléiade de réformes dans les secteurs de l’éducation, de la sécurité, de la gouvernance politique, des institutions….
En somme, il ressort clairement que l’homme est au début, au milieu et à la fin de la refondation. Pour une refondation réussie, l’homme a aussi besoin d’être réformé. En tout d’état de cause, toutes les actions positives ou négatives sont posées par l’homme. Il y a lieu donc de formater la carte mémoire du mauvais citoyen dans la mouvance de la refondation du Mali.

Le thème du ballet présenté par la troupe de Sikasso s’intitule : «La Réconciliation nationale». Après de bonnes récoltes, les populations du village organisent une fête grandiose sur la place publique pour montrer aux uns et aux autres que c’est dans la paix et dans la joie qu’on peut vivre ensemble.
Quant au chant de solo : «Wélé wélé», il porte sur le message du chef de village ; une vraie critique acerbe fustigeant l’intox, la désinformation, la diffusion des fausses nouvelles au sein des populations.
Pour le chœur, Sikasso met en lumière l’héritage historique du pays, en mentionnant les grands empires dont nous nous réclamons. La chanson souligne l’engagement de Modibo Keïta et de ses partisans pour l’indépendance et la libération de l’Afrique.

«Solou» ou la danse des braves, est une danse traditionnelle populaire qui peut être exécutée par toutes les couches sociales sans distinction de sexe ni de religion. Vieille de plus de cent ans, elle se transmet de génération en génération. à l’origine, la danse s’appelait «Solou » (éléphant). Elle est dansée par des hommes porteurs de masques, torses nus, beaux, trapus et séduisants. Seules les femmes peuvent la danser sans masque.
Dans le morceau de l’Ensemble instrumental «Touma Séra» ou l’heure a sonné, les Sikassois préconisent la pérennisation de la culture de la paix et du vivre ensemble comme socle de tout développement durable et harmonieux. Enfin les deux morceaux de l’orchestre de Sikasso évoquent l’unité du Mali.

Ménaka

A la suite de Sikasso, la troupe de la Région de Ménaka a proposé un spectacle qui donne une idée du patrimoine culturel de cette nouvelle région administrative. Dans le chœur qui s’intitule : «Des larmes des populations sur des visages crispés», la troupe de Ménaka demande de revenir aux principes de pardon, de tolérance, de vivre ensemble qui jadis faisaient la fierté de notre cher pays.

Les artistes de Ménaka ont emerveillé le public


Le solo de chant «La vie de nos jours» parle également de la paix. Le ballet met en scène le «dilemme» d’un revenant. La composition de l’Ensemble instrumental de la région est aussi «un appel à la paix, au pardon et la réconciliation» entre tous les Maliens sans distinction de race, d’ethnie de religion de couleur ou d’origine.
En danse traditionnelle sous le titre : «Ekanzam» en tamacheq, Ménaka lance un vibrant appel à toutes les communautés afin que la paix et le vivre ensemble soient une réalité sans laquelle aucun développement ne sera possible. Les deux morceaux de l’orchestre de Ménaka prônent le retour à nos valeurs afin de sortir de la crise.

Bandiagara

Avec son ballet à thème intitulé : «Rôle et place du cousinage à plaisanterie pour le vivre ensemble», Bandiagara magnifie la cohésion sociale ancestrale qui existe entre Dogons et Peuls, permettant le mariage entre ces deux ethnies principales de la région. Mais ce vivre ensemble a pris un coup aujourd’hui à cause des actions des terroristes.