Opinion : La guerre du Savoir

2 Août 2025 - 01:39
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Opinion : La guerre du Savoir
Mohamed Salikènè Coulibaly

Je me résous à commencer la présentation de quelques idées et réflexions dans le débat épistémique et de la recherche pour exhumer les fondements de la connaissance des peuples africains et y puiser les ressources de l’éducation harmonieuse de l’homme et de la formation des consciences pour la libération du monde Noir et de toute l’Humanité du poids des dogmes, des structures d’aliénation, requérant, sinon ordonnant, l’impérieuse refondation des savoirs.

L’élite, digne du nom, a le devoir d’avertir et engager les cadets dans la voie de la conception de systèmes alternatifs de pensée, de la reconstitution des écoles de savoirs et de l’élaboration de doctrines favorisant la synthèse disciplinaire de notre intelligence du monde. Il ne s’agit pas de refuser les lieux et formes de maîtrise des systèmes dominants aujourd’hui. Nous sommes fondés, sans complexe, à revendiquer la genèse de l’épistémè. Ce qu’il nous faut, après le travail cynique de destruction par les hordes barbares de nos temples de l’élévation de l’esprit et d’accomplissement de l’être, c’est le Ressourcement. Il est vital.

Nous devons nous replonger dans la nappe spirituelle de la matière et de l’éther combinée, de la conscience et de l’âme, pour vitaliser le verbe dans le courant de la sécrétion séminale ancestrale destinée à guider et sauver la postérité. Ce bassin d’humanité, violé par l’agresseur, a causé l’anéantissement de bien de principes sacrés. Usons ici un peu du crypto-langage du mythe dans ce travail de vulgarisation, qui n’est pas un traité académique, loin de là.

Le Seigneur d’Égypte vit son fils envahir ses terres et le défier. L’impudent profanateur viola le code divin, aidé par l’eunuque, grimpa dans les cieux pour enlever la flamme des « dieux », arrachant l’âme du Pharaon, son père putatif. Maudit par les prêtres des trois Temples pour le sacrilège, le parricide muta en redescendant, poussant trois têtes en feu :

Le premier, le Forcené, envahit le séjour divin pour y prendre place, piller les palais et les tombes, à la recherche du trésor des dieux et de la puissance.

Le second, le Satyre, brûlant de désir, prit les déesses Noires pour son plaisir, donnant une descendance métissée du « demi-dieu », qui essaimèrent partout sur la Terre, à la recherche de la gloire des dieux et de la jouissance.

Le troisième, le Malin, vola les bottes des Temples, les parchemins, détruisant les indices, pour s’approprier les formules, à la recherche du secret des dieux et de la connaissance.

Tous les trois, avides de pouvoir, ne trouvèrent que peu de choses de la sécrétion divine, subtile et volatile. L’usurpateur maudit vénérait le dieu Nysos. Ayant, contre la volonté du père, bu le vin d’orge des Bacchantes, le Centaure lui prédit ces trois caractères du : barbare, avec un instinct sauvage de violence, la rage de tuer, massacrer, ravager, dominer, piller, faire souffrir et régner ; libidineux, avec une obsession de la chair et de l’éthylos, prenant la femme en objet de plaisir, prônant la liberté de jouir à travers viol, inceste, pédophilie, homosexualité, zoophilie, pour assouvir ses désirs ; traître, avec son fond jaloux et hypocrite, rumine et complote contre son bienfaiteur, simule et dissimule pour gagner la confiance, tromper et trahir pour éliminer et gagner.

Bien que devenu Pharaon à la place du Pharaon, Magnus, l’incestueux demi-dieu par sa relation avec la divinité Noire, se retrouve avec cette malédiction de l’âme qui lutte avec son humanité, et qui le plus souvent tend à prendre le dessus, tel l’oracle du Centaure, ainsi qu’il adviendra dans l’histoire. Ceci n’est pas une fable. La Terre désormais sera peuplée et de Noirs, et de Blancs et de peuplades multi-métissées, qui se répandent sur sa surface.

Pour comprendre l’histoire du monde, essentielle dans la construction du projet humain, il faut comprendre l’origine des peuples, le phénomène de la dissémination et du peuplement. Cela a été dans les textes sacrés d’Égypte, transcrit en araméen, puis repris avec de nouvelles tournures, une redistribution des rôles par le Malin, maudissant le béni et bénissant le maudit.

A ses débuts, l’Humanité est noire. Indéniablement, l’homme Noir est l’ancêtre de tous les humains qui ne forment qu’une seule espèce, un tronc unique qui va germer en branches. Cela a été attesté depuis longtemps par les chercheurs et scientifiques, et se passe de commentaires. On a situé ses origines en Afrique orientale. Les colonies d’hominidés ou d’homininés, aux teints plus ou moins foncés (ocre, brun, noir, le taux de mélanine du corps dépendant de l’exposition au soleil), vont se disperser à travers les terres émergées et investir quasiment tous les recoins de la planète. A l’origine, l’Asie, l’Europe, l’Afrique et l’Amérique formaient un espace continu, un bloc continental unique, favorisant les migrations successives des « troupeaux explorateurs ». Les ancêtres, aux âges farouches, iront dans différentes directions, mus essentiellement par la quête du gîte tranquille, de la sécurité et de la subsistance. Ils vont s’acclimater et vivre en divers points du globe, développant des physionomies caractéristiques, des langues et des cultures propres, selon leurs expériences de vie, leurs croyances, s’adaptant aux milieux d’accueil, à l’environnement global.

Dans le foyer originel, les hommes se multiplient et colonisent l’espace. Premiers à dompter la vie sédentaire, ils s’organisent et fondent des cités, cherchent, résolvent les énigmes et apportent les réponses. Les architectes africains de la civilisation humaine, dans leur expansion exploratoire, vont être vus à l’époque comme des « dieux » par leurs semblables dissociés, peu évolués, d’instinct grégaire, nomades ou semi-nomades. En raison de leur prodigieuse science de la composition de l’univers et des données de prospection de toute la structure terrestre et céleste qu’ils avaient pu acquérir, en plus de l’incroyable puissance d’énergie, de contrôle, de transformation et de maîtrise dont ils faisaient montre, bâtissant des sites mirobolants, ils étaient de véritables « créateurs » pour ces colonies primitives retrouvées, qu’ils initiaient et qui les servaient volontiers. Ils possédaient tous les arts : la mathématique, la chimie, la physique, la médecine, l’astronomie, le conte, la musique… ; avaient une fine connaissance des astres, de leurs effets et de leurs interactions – des formes de vie, de la nature et des espèces – de  l’air, du climat et des saisons – des eaux, des terres et des fonds marins. Ils étaient les premiers navigateurs, maîtres des cieux, de la lumière et des ténèbres, ils semblaient même détenir le secret de la mort (cf. "Livre des morts").

Dieu, d’hommes, n’a créé que du Noir, et en Afrique, le point de départ. Mais, le Noir n’est pas unique comme on l’entend, car il a des nuances de teint et aussi d’anatomie, depuis les origines. Dans toutes ses différences morphologiques, il reste reconnaissable dans une sorte d’unicité raciale de divers types, dont des peaux bien claires. Les autres, les Blancs inclus, sont issus de mutations, d’hybridations ou métissages. C’est là où se découvrent les mensonges imputés aux « saintes écritures », réécrites par des esprits retors. On y reviendra, plus loin.

Il y a donc les descendants des dieux, ces géants Noirs, très noirs, qu’on retrouve précisément dans le Sud Soudan actuel, premiers bâtisseurs de pyramides et de la civilisation nubienne antérieure, qui fera le lit de la grande Égypte, honteusement attribuée par des pseudo-égyptologues à des êtres surhumains.

A côté du Noir, il y a le Blanc venu de la Caucasie, groupe que les dieux d’Égypte découvrent à l’état sauvage aux abords de leurs colonies européennes. Ils sont séduits, Zeus en premier, par des « nymphes blanches » qu’ils épousent et qui enfantent. Occupant déjà tout le Sud de l’Europe, il se produit, dans ce qui va être appelé la Grèce, un grand nombre de croisements avec les dieux, engendrant des Métis, ou demi-dieux, qui formeront par finir une majorité sociale de Bruns dans cette contrée égyptienne. Les demi-dieux, privilégiés, étaient pris en charge sur tous les plans. Les Pharaons, avec leurs grands bateaux et l’art de la navigation maritime, retournaient en Égypte, emmenant avec eux nombre de sujets de cette micro-société émergente, composée de citoyens et de leurs Métis, mais aussi de voisins Blancs, qui les visitaient et les vénéraient. Ces Blancs, peu à peu civilisés (dans tous les sens du terme) à leur contact, suivaient une éducation, étaient formés à « l’enseignement des sages », et au besoin entraînés, employés, intégrés. Ils apprenaient l’écriture, la langue, la morale, les lettres, les codes, la spiritualité, l’art martial, le service marin, en plus de diverses techniques.

Lorsque la suprématie égyptienne décline, des vagues d’assaillants Blancs déferlent en Europe pour conquérir les cités des dieux égyptiens, en Grèce, à Rome et ailleurs, comme en témoigne des vestiges uniques de leurs temples. Ils finiront par éliminer les populations de peau sombre isolées, trouvées sur place, dont ils accaparent le patrimoine, que l’on va faussement attribué à l’envahisseur Blanc. Voilà le subterfuge qui servira à inventer le mythe de « la civilisation gréco-romaine », tandis qu’il s’agit d’un recel de civilisation Noire originelle. Jusqu’à la chute de l’Égypte, les armées de ces terres étaient sous le contrôle des Pharaons.

Il y a deux branches de demi-dieux qui ont vu le jour. D’abord les Métis-1, enfants des femmes épousées en Europe et ailleurs, ramenées en Egypte, qui grandissent dans le "Palatium", la résidence pharaonique ; et les Métis-2, nés dans le Palatium même de l’union des déesses Noires avec les nouveaux maîtres de l’Égypte. Le père des uns et la mère des autres sont des Pharaons Noirs, l’autre parent étant vulgaire (Blanc) ou Métis. De ces unions vont naître les peuples dits sémitiques. Ils sont descendants directs du métissage des Noirs, et la Génétique le prouve aisément malgré les hybridations séquentielles. Ainsi, au Palatium, naît un microcosme, où aux Métis 1 et 2 viendront s’ajouter les enfants des nouveaux Pharaons (Métis, Blancs), de mère Noire, Blanche, Métis. L’Égypte devient encore plus cosmopolite.

Que nombre de populations Blanches, d’Européens surtout, soient des descendants de Noirs, ou ayant « du sang Noir » (cf. Cheikh Anta Diop) n’est plus un secret, vu que de ce côté les esprits du système s’éclairent, les langues se déliant, et qu’on reconnaît de plus en plus, à travers des chercheurs et des résultats de recherche, la mélanodermie cachée de leurs aïeux, tant dans les Palais que dans les presbytères. Alexandre le Grand qui a conquis l’Égypte n’était-il pas un Métis. Le prophète Abraham était Noir ; Moïse de son côté était métissé. Ne parlons pas des innombrables célébrités contemporaines : des génies des arts, des inventeurs, des héros militaires, des souverains et hommes d’État, passés sous silence, si leurs images n’étaient contrefaites, sous l’apparence d’une peau blanche ou mate, les cheveux ondulés.

Petite parenthèse : Si des gens de rien, qui s’ignorent, pensent rabaisser le Noir et se montrer supérieurs en l’humiliant de quelque manière que ce soit, c’est parce que ne sachant pas leurs propres origines, ils ignorent s’humilier d’autant, rejetons et sans doute déchets de la race.

Les croisements multiples et répétés des familles de Noirs, de la peau foncée jusqu’à la très claire, dite blanche, avec également les descendants des peuples des autres branches nuancées de la diaspora originelle, va aboutir à divers degrés et combinaisons de métissage sur des générations et des générations, ayant tous des ADN du Noir. C’est ce qui va donner toutes les autres populations de la Terre, dans leurs diversités de teintes et de types de peau, de chevelures, d’yeux, de faciès, ou encore de mensuration… Les groupes ethniques, les nationalités, les peuples, sont issus de ce grand mélange de reproduction dérivant du Noir.

Nourris d’un complexe de mal être devant le dominateur clair, qui a ravalé les dieux d’Égypte au rang inférieur, derrière le dernier de la civilisation qu’était l’homme Blanc, une bonne part des métissés divers cherchent un teint plus clair, désireux de se blanchir davantage, pour devenir comme le père ou la mère, de peau claire, ressembler au parent « Blanc », parce que plus valorisant. Ainsi, ils se sont mis à renier le géniteur mésestimé et rejeter le frère et la sœur, le fils et la fille, de peau moins claire, plus sombre, cheveux crépus.

Voilà comment commence cette histoire du Noir, dieu d’Égypte déchu, qui s’est fait mépriser au fil du temps, au fil des siècles, par un vicieux système qui prend sa source dans les écritures, pour le condamner à l’esclavage, à la servitude, aux supplices d’une malédiction paternelle qui lui ôte tout droit et le réduit en punchingball universel, prenant des coups de toutes parts. Les dirigeants africains prennent-ils la mesure réelle de cette félonie à dimension planétaire, cause première de l’insécurité permanente de la personne africaine à l’étranger ?

Les Africains n’auront jamais d’école viable, énergisante, propre à l’Afrique, tant qu’ils resteront passifs à essuyer docilement les éclaboussures de cette imagerie dégradante et salissante dans les dogmes, qu’eux-mêmes suivent en se les appropriant, incapables de corriger la fausse version de l’histoire qui condamne la Nation Noire, depuis les origines. Se pose alors la question à l’élite africaine : Savons-nous vraiment ce que nous voulons ?

 

17 juillet 2025

Mohamed Salikènè Coulibaly

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