Entre éclats diplomatiques, percées économiques et frissons sécuritaires

Dans un climat de transformation accélérée, le Mali s’apprête à dévoiler une nouvelle carte territoriale intégrant un accès à la mer, selon des sources gouvernementales. Ce geste symbolique annonce l’entrée dans une nouvelle ère géopolitique sahélienne.

4 Août 2025 - 01:42
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Entre éclats diplomatiques, percées économiques et frissons sécuritaires

À Niamey, experts du Mali, du Burkina Faso et du Niger finalisent les contours de la future Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement (BCID-AES), une institution 100% sahélienne conçue pour financer les priorités endogènes, à l’image du retrait de la CEDEAO et de la consolidation du Traité confédéral signé en 2024. Trois chefs d’État -Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani - incarnent cette transition vers une intégration souveraine et solidaire.

Dans ce processus, le Niger initie une réforme judiciaire audacieuse avec l’installation d’un comité national d’exécution. Dans la foulée, le CNSP a célébré son deuxième anniversaire par un discours présidentiel appelant à la continuité souverainiste. Le Mali, quant à lui, salue la baisse des taux de la BCEAO dans l’espace UEMOA, même si ses ambitions monétaires le conduisent à sortir du giron du franc CFA. D’ailleurs, des négociations monétaires bilatérales avec des partenaires comme la Russie et la Turquie intensifient les signaux de rupture.

L’identité nationale se renforce aussi dans les symboles. Le passeport malien offre une liberté partielle - accès sans visa à 52 pays - mais reste modeste dans les classements mondiaux, à la 86ᵉ position. Sur un tout autre registre, des figures artistiques comme la chanteuse américaine Ciara découvrent leurs racines béninoises et embrassent l’Afrique par la citoyenneté, renforçant le rayonnement culturel régional.

Mais l’heure est aussi aux luttes citoyennes et aux drames humains. L’activiste burkinabè Alino Faso, arrêté et tué en Côte d’Ivoire, suscite l’indignation régionale. Des processions de centaines de Burkinabè exigent vérité et justice, tandis que d’autres dénoncent la disparition de militants, comme Mme Minougou, arrêtée dans des circonstances similaires. Ces tensions rappellent que l’AES est aussi l’expression d’un refus collectif de la répression postcoloniale.

Les échanges diplomatiques s’intensifient, comme en témoigne la tournée de la délégation russe à Niamey et Bamako. Des accords majeurs sont signés, notamment pour l’électrification du Niger et la livraison de 160 véhicules blindés chinois au Mali, dont les 36 premiers sont déjà arrivés par le port de Conakry. Par ailleurs, un laboratoire microbiologique russe sera déployé au Burkina Faso, soulignant l’élargissement des coopérations scientifiques et sanitaires dans l’espace AES.

Sur le terrain économique, le Burkina Faso bat son record de production d’ananas et vise désormais le marché mondial. Le Mali, de son côté, se prépare à relancer sa première mine d’or industrielle à Kalana, après des années d’inactivité. L’Ouganda donne aussi l’exemple, lançant sa première raffinerie nationale d’or pour stimuler son industrie locale, un modèle observé avec attention par les pays sahéliens.

Les mouvements diplomatiques ont également leur revers : le Luxembourg met fin à sa coopération avec les trois États de l’AES, acte symptomatique du réalignement global. Mais l’AES renforce sa posture avec des ambassadeurs nouveaux, comme le Général Kassoum Coulibaly, reçu à Washington dans une posture affirmée.

Enfin, sur le plan judiciaire, des figures politiques tombent. L’ancien Premier ministre Moussa Mara a été placé sous mandat de dépôt le 1er août, événement marquant dans le tournant éthique du Mali Kura. Ce durcissement judiciaire s’ajoute à l’audition récente de Choguel Kokalla Maïga, qui pourrait bientôt être présenté au Procureur Général.

L’espace AES est en pleine ébullition avec des mutations profondes. Une période transitoire marquée par l’unité, la souveraineté retrouvée, mais aussi par les contradictions, douleurs et élans d’un Sahel qui se reconstruit à sa manière.

La Rédaction

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