SEM Driss Isbayene, ambassadeur de SM le Roi Mohammed Vi au Mali en exclusivité : "Depuis 1999, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insufflé une dynamique de reformes et de modernisation au Maroc"
"Sur le plan diplomatique, sa majeste le roi a repositionne le maroc comme un acteur credible, influent et respecte sur la scène internationale

A l'occasion de la fête du trone, celebrant l'accession de sa Majesté le Roi Mohammed VI Au Trône du royaume du maroc le 30 juillet 1999, son excellence l'ambassadeur du maroc au Mali livre, au détour d'une interview accordée a notre rédaction, un message empreint de fraternite, de coopération et de solidarité. ce moment symbolique illustre non seulement l'attachement profond du peuple marocain a son souverain, mais aussi la solidité des relations séculaires entre le maroc et le mali, fondées sur le respect mutuel, l'histoire commune et une vision partagee d'un avenir africain prospère. s. e. m. driss isbayene nous parle de la symbolique de la fete du trone, de l'œuvre de sm le Roi Mohammed VI au cours de ce dernier quart de siècle, de la question du Sahara marocain, des relations entre le mali et le maroc, et, bien évidemment, de sa mission diplomatique au mali. suivez l'interview !
Aujourd'hui-Mali : Qu'est-ce que la Fête du Trône ?
Driss Isbayene : Chaque année, le 30 juillet, le peuple marocain célèbre la Fête du Trône. Cet événement national commémore l'intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L'assiste, sur le Trône de ses glorieux ancêtres. Il symbolise le lien exceptionnel qui unit le peuple marocain au Trône Alaouite depuis plus de quatre siècles.
Cette année, nous célébrons le 26e anniversaire de l'accession au Trône de Sa Majesté le Roi et c'est bien plus qu'une simple commémoration. Elle représente un moment de communion, de fierté nationale, mais aussi de réflexion sur les progrès accomplis sous la conduite du Souverain, et sur les perspectives d'avenir du Royaume.
Quelles sont, selon vous, les principales réalisations de Sa Majesté ?
Depuis 1999, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insufflé une dynamique de réformes et de modernisation au Maroc. Grâce à son leadership éclairé, le Royaume a renforcé ses institutions, modernisé ses infrastructures, consolidé sa croissance économique, tout en plaçant l'humain au cœur des priorités.
Sur le plan économique, les réformes engagées ont permis de diversifier les secteurs stratégiques du Royaume, d'attirer les investissements étrangers, de développer des écosystèmes industriels performants (automobile, aéronautique, énergies renouvelables) et de moderniser les secteurs traditionnels comme l'agriculture et la pêche.
Au niveau social, des programmes structurants ont vu le jour, notamment l'Initiative nationale pour le développement humain, lancée en 2005, qui a amélioré l'accès aux services de base dans les zones rurales, réduit les inégalités et renforcé la cohésion sociale.
Sur le plan institutionnel, le Royaume a connu une réforme constitutionnelle majeure en 2011, consacrant les principes de l'Etat de droit, des droits humains et de la bonne gouvernance.
Sur le plan régional, le retour du Royaume au sein de l'Union africaine en 2017 a été un tournant majeur. Le discours de Sa Majesté, prononcé à cette occasion, appelant à ce que "l'Afrique fasse confiance à l'Afrique", a posé les bases d'un engagement fort du Maroc en faveur d'une intégration africaine respectueuse des souverainetés.
Sur le plan diplomatique, Sa Majesté le Roi a repositionné le Maroc comme un acteur crédible, influent et respecté sur la scène internationale. La politique étrangère marocaine se distingue par une approche pragmatique, proactive et solidaire, avec une priorité accordée à l'Afrique.
En effet, la politique africaine du Maroc, véritable pilier de la Vision Royale, s'est traduite par plus de 56 visites Royales dans plus de 30 pays d'Afrique subsaharienne, dont le Mali à deux reprises en 2013 et 2014, et la signature de près d'un millier d'accords de coopération bilatérale. Cette orientation est fondée sur une logique de partenariat gagnant-gagnant, mettant en avant le transfert de savoir-faire, la formation, l'investissement, la solidarité et le co-développement.
Dans ce cadre, plusieurs initiatives royales structurantes ont été lancées, et viennent témoigner de l'ambition du Souverain pour une Afrique intégrée, souveraine et prospère. Parmi elles, le Gazoduc Afrique-Atlantique, lancé en 2016 lors de la visite du Souverain au Nigeria, représente un projet stratégique d'envergure continentale.
D'un coût estimé à 25 milliards de dollars, ce mégaprojet énergétique reliera le Maroc au Nigeria en traversant 13 pays d'Afrique de l'Ouest en vue de renforcer la sécurité énergétique de cette région, notamment le Sahel, l'ambition première de cette initiative étant de favoriser l'intégration régionale.
Autre initiative majeure : l'Initiative Royale Atlantique, annoncée en novembre 2023, pour faciliter l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique. Elle permettra à des pays enclavés comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad de disposer d'un débouché maritime stratégique à travers les infrastructures marocaines, notamment le port de Dakhla, en cours de réalisation avec un taux d'avancement de près de 40 %, pour une livraison prévue en 2029.
Cette initiative vise à transformer structurellement les économies sahéliennes et à stimuler l'intégration régionale et la création d'opportunités d'emplois pour les jeunes.
Sur la question du Sahara, quel bilan pour ce dossier ?
La diplomatie marocaine, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi, s'est affirmée comme pragmatique et tournée vers la paix, le dialogue et la coopération. Le Maroc a présenté en 2007 l'Initiative Marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie pour la région du Sahara, qualifiée par de nombreux Etats comme étant la base la plus sérieuse et réaliste quant à la résolution du conflit.
La diplomatie marocaine a engrangé un grand succès diplomatique dans la confirmation de sa souveraineté sur le Sahara, que ce soit dans les plénières de l'Assemblée générale des Nations unies ou les réunions de la 4e Commission et du Comité des C24, ce sont plus de cent délégations étatiques qui apportent annuellement leur soutien à la marocanité du Sahara et défendent le plan d'autonomie. L'initiative est aussi soutenue par des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, à savoir les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, et reçoit le soutien d'une centaine de partenaires du Royaume, parmi lesquels l'Allemagne, l'Espagne, le Japon, l'Italie, les Pays-Bas ou encore plus récemment de la Macédoine du Nord, du Pérou et de l'Equateur.
La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara a été encore plus expressive sur le plan consulaire lorsque 29 pays, dont 23 sont africains, ont ouvert des représentations consulaires à Laâyoune et Dakhla, au sud du Maroc, affirmant être pleinement confiants quant à la sécurité qui règne dans le sud du Royaume et à la prospérité socio-économique que connaissent ces provinces marocaines appelées à devenir un pôle d'investissement et d'affaires du Maroc et de la région sahélo-africaine.
Qu'en est-il des relations Mali-Maroc ?
La relation entre le Royaume du Maroc et la République du Mali dépasse le cadre diplomatique traditionnel. Elle est avant tout humaine, fraternelle et séculaire. Nos peuples partagent une histoire commune faite d'échanges commerciaux, culturels, spirituels et intellectuels.
Nos peuples se connaissent depuis le Xe siècle et des villes comme Marrakech et Tombouctou ont toujours été liées à travers l'histoire.
Aujourd'hui, notre relation ne fait que se renforcer surtout après les deux visites historiques de Sa Majesté au Mali en 2013 et 2014. Notre coopération bilatérale s'est intensifiée dans plusieurs domaines stratégiques : santé, agriculture, environnement, sécurité, formation, culte et culture, et repose avant tout sur le respect mutuel, le co-développement et la solidarité. Les visites de Sa Majesté le Roi au Mali ont aussi donné une nouvelle impulsion aux relations économiques entre nos deux pays.
Nous constatons aujourd'hui une forte présence économique marocaine au Mali avec des entreprises telles que Maroc Télécom, Attijariwafa Bank, Banque Atlantique, Bank of Africa, parmi tant d'autres, installées à Bamako. Le Maroc est aujourd'hui un des principaux investisseurs étrangers au Mali et le premier investisseur africain en Afrique de l'ouest.
Sur le plan religieux, le Maroc et le Mali partagent la même vision d'un islam modéré, tolérant et ouvert. Le programme de formation des imams maliens au Maroc est une fierté commune qui s'inscrit dans une dynamique de promotion des valeurs de paix et de tolérance : 800 imams ont été formés à ce jour, et un nouveau programme vient d'être signé pour former 400 autres imams au Maroc. Ce partenariat est un modèle unique et novateur dans notre lutte conjointe contre l'extrémisme violent dans la région.
Concernant le volet militaire, les autorités compétentes de nos deux pays se sont réunies, en février 2025 à Bamako dans le cadre de la tenue de la 1re réunion de la Commission militaire mixte, dont les discussions ont principalement porté sur la formation logistique et la coopération sécuritaire, ayant abouti à la signature d'un mémorandum pour renforcer le partenariat de défense stratégique entre nos deux pays frères et contribuer conjointement à la stabilité régionale.
La diplomatie marocaine est sur plusieurs fronts. Quels sont les dossiers sur lesquels votre mission diplomatique au Mali travaille présentement ?
Parmi les projets les plus récents, je citerais une initiative sud-sud que nous avons développée en collaboration avec l'Onusida-Mali, qui vise, entre autres, à impliquer les imams maliens formés au Maroc dans la lutte contre le VIH/Sida, notamment pour sensibiliser les femmes enceintes au dépistage précoce, afin d'éviter la transmission au nouveau-né.
Ce projet tripartite et novateur a reçu le soutien des ministres de la Santé et des Affaires religieuses de la République du Mali. Aujourd'hui, nous sommes en cours de préparation d'une feuille de route qui prenne en compte les réalités du terrain malien et, nous pourrons, par la suite, officialiser le projet.
Sur le plan sécuritaire, le Maroc est un partenaire de l'Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye, à laquelle il contribue financièrement depuis 2022. Un officier des Forces armées royales marocaines y est aussi détaché à plein temps en tant qu'instructeur, dans le cadre du renforcement des capacités des cadres africains de maintien de la paix.
Sur le plan culturel, nous accompagnons activement les efforts du gouvernement malien dans le cadre de l'année 2025, décrétée "Année de la culture" par le président de la Transition, le général d'armée Assimi Goïta. Deux événements culturels ont été organisés par cette ambassade, à savoir une exposition photographique d'artistes marocains et un défilé de mode fusion Maroc-Mali qui a vu la participation du ministre de la Culture et de la ministre de l'Emploi de la République du Mali.
Nous travaillons aussi à renforcer la coopération littéraire entre nos deux pays, en faveur de notre jeunesse, et prévoyons une participation au 1er Salon international des littératures du Mali et sa diaspora, en qualité d'invité spécial, prévu en novembre 2025 à Bamako.
Les ressortissants maliens désirant se rendre au Maroc doivent disposer d'une AEVM. Pouvez-vous expliquer ce qu'est l'AEVM ?
L'AEVM, c'est l'acronyme d'Autorisation électronique de voyage au Maroc. Ce document de voyage est obligatoire pour les ressortissants maliens disposant d'un passeport ordinaire afin d'accéder au territoire marocain. C'est une procédure accessible sur le site www.acces-maroc.ma, simple et gratuite. L'opération se fait de chez soi, à partir de son téléphone ou de son ordinateur. Il suffit juste d'avoir une adresse mail valide et de remplir correctement le formulaire de demande d'AEVM, pour une délivrance du document de voyage sous 24 heures, sans avoir à se déplacer dans les locaux de l'ambassade.
Et quel est votre dernier ?
Le Royaume du Maroc réaffirme son engagement sincère en faveur d'une coopération marocco-malienne dynamique et fraternelle au bénéfice de nos deux populations. Comme on dit ici au Mali : "On est ensemble".
Propos recueillis par El Hadj A.B.HAIDARA
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