Ligne de force : Fascisme rampant

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Les amis d”ATT nous avait prévenus : une fois réélu – quelle qu”en soit la forme – le Général Président s”est juré de sortir le gros bâton, ou plutôt la grosse artillerie pour mettre au pas, voire anéantir la presse privée malienne. Du moins celle qui a refusé l”alignement automatique sur tous les faits et gestes du régime – les meilleurs comme les pires – qui a rejeté l”allégeance à un homme élevé au rang de monarque quasi absolu – suprême  aberration dans un système dit démocratique – et qui a osé développer une pensée autonome, démarche hélas suspecte dans une société où le journaliste est d”abord perçu comme un larbin : il roule toujours pour l”autre, l”adversaire et moins par idéal que par intérêt sordide. rn

L”avertissement, en tout cas, n”a pas tardé à se matérialiser. Moins d”une semaine après son investiture à la station présidentielle pour un second bail de cinq ans, le Général a tiré sa première salve en direction de la presse privée et elle a frappé notre confrère Seydina Oumar Diarra, alias SOD, de Info Matin. Il a été arrêté et jeté en prison pour, nous dit-on, "offense au chef de l”Etat".

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En quoi consiste cette " offense " ? Un article dans lequel il se fait l”écho d”un sujet de dissertation donné par un professeur de littérature française à ses élèves de 10ème A, où il est question de relations scabreuses entre un " Président de la République et une prostituée économique " lesquelles sont allées en eau de boudin, comme il ne peut en être autrement. Les protagonistes de cette romance de mauvais goût ne sont pas identifiés, les présidents de la République foisonnent de par le monde et, nulle part, dans le texte, la moindre allusion n”est faite au nôtre. Et pourtant, le Procureur Théra semble y avoir trouvé suffisamment d”éléments compromettants pour envoyer son auteur derrière les barreaux.

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Puisqu”on ne peut pas faire à ce magistrat l”insulte de croire un seul instant qu”il s”est fourvoyé dans sa matière, il faut en déduire qu”il a probablement obéi à des considérations extrajudiciaires.

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Soyons clairs : derrière la décision du Procureur Sombé Théra de faire écrouer et juger un journaliste pour " offense au chef de l”Etat " – une  première depuis l”instauration de la troisième République de moins en moins démocratique comme on le voit – se profile la silhouette du Président ATT.  Et ce n”est qu”un commencement. D”autres arrestations, d”autres emprisonnements de journalistes suivront sans doute. Pour une raison bien simple. ATT, qui est un pseudo démocrate comme M. Tartuffe était un faux dévot, supporte mal la critique.

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Peu préparé à l”exercice du pouvoir où l”ont projeté les vicissitudes de l”histoire voici une quinzaine d”années, il voit derrière chaque opinion différente de la sienne un signe de mépris et une velléité déstabilisatrice. Pour préserver et conduire à son terme ce second mandat arraché dans le tumulte et la contestation, l”une de ses principales cibles sera la presse libre, indépendante, mal pensante parce que dénonciatrice des abus, des errements et des déficiences du système en place : il s”appliquera à la bâillonner, à la réduire au silence, à l”affaiblir, à la démanteler.

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Face à ce fascisme rampant, les hommes de presse et les auxiliaires de presse sont condamnés à se retrouver, à resserrer leurs rangs, à constituer un bloc de granit pour empêcher toute tentative d”inféodation, d”aliénation, de sujétion, qui mettrait en péril la liberté d”expression et partant l”activité de journaliste tout court. Dans ce nouveau défi, ils doivent pouvoir compter sur les partis politiques – par delà toute considération d”obédience et de leadership –  les syndicats, les associations de la société civile, bref, tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, soucieux de la sauvegarde des libertés démocratiques.

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Seydina Oumar Diarra doit être libéré. Ensemble, nous vaincrons.

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Saouti Labass HAIDARA

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