Escroquerie à Magnambougou : Trois multiplicateurs de faux billets carottent 5 millions de F CFA à un boutiquier

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    Depuis un certain temps,  le phénomène de la multiplication de billets n”était plus de saison, cette pratique frauduleuse étant bien connue de tous. Cependant, il y a toujours quelques individus qui se font encore berner par les escrocs. Tel est le cas de Touré, un boutiquier de Magnambougou Projet.rn

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    Touré est arrivé à Bamako il y a à peine un an, sur invitation de son grand frère Aboubacar, ce  dernier ayant pris la  décision d”aller s”occuper personnellement de ses constructions à Gao. Il lui a donc confié sa boutique, bondée de marchandises. Avant de voyager, il lui  prodigua des conseils sur la gestion et n”oublia pas de lui faire une sérieuse mise en garde  contre les soi-disant multiplicateurs d”argent.

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    Au départ tout se passait bien, Aboubacar tenait le bon bout, il n”y avait donc pas d”inquiétude. Il était accueillant et expéditif. Ainsi réussit-il, grâce à ces deux qualités à attirer de nombreux clients, parmi lesquels trois ressortissants de la Sierra Léone qui vivait chez un certain Sam, leur compatriote. Mais ces trois individus, qui comptaient désormais parmi ses meilleurs clients, l”intriguaient beaucoup, car ils payaient toujours cash avec des billets flambant neufs.

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    Le jeudi 1er mars dernier, John, l”un des Sierra Léonais lui demanda, pour la toute première fois, un paquet de cigarette à crédit. Face à la réticence du vendeur, il lui demanda de lui donner plutôt le papier doré contenu dans le paquet de cigarettes. Aboubacar s”exécuta docilement tout en se demandant ce que le jeune homme voulait en faire. John prit le papier en question, le froissa sous ses yeux et, quand il ouvrit sa main, lui tendit un billet de 10 000 CFA tout neuf. Le boutiquier n”en crut pas ses yeux. Le faussaire acheta son paquet de cigarettes et l”invita à aller à la banque vérifier que le billet était authentique.

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    Dés que John tourna le dos, Aboubacar ferma sa boutique, sauta sur sa bicyclette et se rendit à l”agence de la BNDA toute proche. Il demanda au caissier de vérifier ce billet qu”un client vient de lui remettre.  Vérification faite, ce dernier, non seulement lui confirma que le billet était bon, mais lui fit même la monnaie. Sur les coups de six heures, John revint à la boutique récupérer sa monnaie. Le boutiquier profita donc de cette occasion  pour lui poser la question qui taraudait son esprit depuis le début de la journée. " Client, es-tu capable de fabriquer beaucoup de billets, comme tu l”as fait ce matin " ? Le faussaire promit de lui apporter la réponse à sa question aussitôt après la fermeture de la boutique.

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    D”habitude, Aboubacar ferme sa boutique à minuit, mais, ce jeudi là, il boucla sa porte à 23 heures précises. Quelques instants après, il fut rejoint par son nouvel ami. Ils empruntèrent la porte arrière de la boutique avant d”aller s”installer dans le petit magasin aménagé dans un coin. Le faussaire déplia un morceau de papier d”aluminium, découpa une feuille blanche en six morceaux de la taille de billets de banque, fouilla dans sa poche et sortit six coupures d”argent de différentes valeurs qu”il classa les uns après les feuilles blanches. Il enveloppa le tout et demanda à John de garder le petit paquet sans l”ouvrir jusqu”au lendemain à minuit.

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    Les deux amis se retrouvèrent à l”heure du rendez-vous, John demanda au boutiquier d”amener le paquet et lui laissa le soin de l”ouvrir. Le boutiquier s”exécuta. Il n”en crut pas ses yeux en découvrant douze billets en lieu et place des six billets de banque et des six morceaux de papier coupés grossièrement. Le faussaire lui remit un billet de 10 euros accompagné d”un billet de 5 000 FCFA. "C”est pour toi, déclara-t-il. Si jamais tu comptes augmenter ton chiffre d”affaire, la balle est dans ton camp. Tout ce que tu as à faire, c”est d”acheter un paquet de papiers blanc, une petite valise toute neuve et de fournir la somme, pas moins de cinq millions, que tu veux doubler. Quant à ma commission, elle est de 20%, après le travail ". Séance tenante,  le boutiquier remit un paquet de papiers au faussaire et lui demanda de faire le nécessaire. Sur ce, les deux amis se séparèrent et rendez-vous fut pris pour dimanche à minuit.

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    Toute la journée de samedi, Aboubacar s”activa à réunir la somme de 5 000 000 F CFA requise. Vers le petit soir, il vint annoncer la bonne nouvelle à John. Ce dernier l”assura que ses deux collaborateurs ont déjà découpé les papiers. Le dimanche, Aboubacar, tout joyeux, alla en ville se renseigner sur les prix des motos, car, sa fortune faite, il se proposait d”acheter une moto Jakarta à sa fiancée et une Yamaha 100 pour lui-même. Avant de rentrer chez lui, il fit un crochet à l”autogare de Sogoninko pour envoyer à sa dulcinée un message lui annonçant la date prochaine de leur mariage.

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    Le dimanche à minuit, les deux amis s”enfermèrent dans le petit magasin. Ils classèrent soigneusement les billets de banque entre les morceaux de papier blanc.  Ce travail effectué, John demanda au boutiquier de fermer la valise à double tour et de bien la garder, il lui avertit que ce n”était que le mardi à minuit qu”ils allaient ouvrir la valise. Quoiqu”un peu contrarié par cette annonce, car il croyait que l”opération aller se dérouler sur le champ, comme pour la première fois, Aboubacar se réjouit d”avance, à la seule pensée que c”était lui qui détenait la valise avec tout l”argent. Le lundi, les trois Sierra léonais déjeunèrent avec lui et, avant de se séparer, ils prirent à crédit beaucoup de provisions. Mais, de ce moment jusque dans l”après midi de mardi, Aboubacar ne revit plus ses amis. Il attendit alors impatiemment minuit et comme John tardait à arriver, trente minutes après il s”enferma dans le petit magasin. Il récupéra la mallette parmi les cartons, s”assit sur sa natte  et l”ouvrit. Le ciel sembla lui tomber sur sa tête, tous les billets de banque avaient disparu et seuls les morceaux de papier étaient toujours soigneusement rangés dans la mallette.

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    Sans tarder, Aboubacar courut chez les Sierra léonais. Il y trouva le compatriote qui les hébergeait et reprit son calme pour lui demander : " où sont tes frères "? " Ils sont sortis depuis hier soir, depuis lors je ne les ai plus revus ", lui répondit-t-il. " Ils sont déjà partis" lui confia calmement Aboubacar.  "C”est impossible, répondit Sammy, voici leurs bagages, là dans ce coin ". " Ils m”ont pris 5 000 000 F CFA, ils sont déjà partis ", redit Aboubacar. Il leva les mains au ciel et s”effondra au sol. Il fallut qu”on lui verse plusieurs seaux d”eau sur le corps avant qu”il ne reprenne ses esprits.

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    Pierre Fo’o MEDJO

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