Mme Conté échappe à un lynchage :Le député Diaby accusé

Hier mercredi 13 avril, des populations de la Commune I, notamment celles de Doumenzana – Djélibougou, ont manifesté contre le maire ADEMA, Mme Conté Fatoumata Doumbia. Elles réclamaient la suppression du dépôt d’ordures situé dans cette zone comprise entre un marché et une école privée.

Les débordements des «insurgés» ont occasionné le saccage de la voiture 4x4 de fonction de l’édile, qui a ensuite été brûlée. Mme Conté a échappé bel à un lynchage, grâce à certains bons citoyens qui l’ont prise et cachée dans une maisonnette du coin.

La police, dépêchée en nombre insuffisant sur le terrain avant que les émeutiers n’interviennent, s’est montrée incompétente. C’est bien après les dégâts qu’elle a jeté des gaz lacrymogènes ça et là. En fait, de quoi s’agit-il?

Selon des proches de Mme Conté (elle était inaccessible toute la matinée), c’est l’Honorable Mamadou Hawa Gassama Diaby de l’URD qui serait à l’origine de la révolte des manifestants. Il semble que c’est bien le député de Yélimané, qui habite dans les parages, qui ait monté les élèves de l’établissement privé en leur disant de ne plus accepter ce dépotoir d’ordures à côté de leur école. Le député lui-même avait fait beaucoup de démarches auprès de la mairie afin que cet endroit, proche de sa concession, soit assaini. En vain. Il est donc entré en rébellion contre le premier responsable de la municipalité, en manipulant des élèves et certains résidents.

Joint par téléphone, le député Diaby rejette les accusations et s’explique: «le dépôt d’ordures est à côté de ma maison. Chaque matin, souvent même c’est la nuit, on brûle les ordures et cela nous porte énormément préjudice. J’ai mon père qui a 105 ans. Il est malade. Je l’ai amené en consultation chez le Pr Guindo, qui m’a dit que c’était la fumée qui était en cause. J’ai bien soigné mon père et j’ai demandé à la mairie de chercher un autre dépôt. En vain. Finalement, je me suis occupé du coin. J’ai loué des camions bennes, j’ai fait amener les pompiers et j’ai bien nettoyé les lieux. Ainsi toutes les ordures ont été enlevées puis brûlées, avant d’être évacuées derrière Kati. J’ai mis plus de 600 000 FCFA dans cette opération. J’ai donc assaini l’endroit et demandé aux GIE de plus déverser des ordures là. Voilà, que dix jours après, Mme le maire les autorise à reprendre leur sale besogne. Ce sont les populations de la localité qui se sont révoltées. Je n’ai rien à voir avec les émeutiers. Je suis sorti très tôt et je me trouve en ce moment (vers 11 heures) derrière le fleuve».

En fait, selon nos recoupements, après cette interdiction faite par le député Diaby (qui n’en a d’ailleurs pas le droit) aux GIE de déverser les ordures à cet endroit, les ramasseurs d’ordures n’avaient aucun autre lieu où déposer les déchets solides. Finalement, certains ont commencé à les déverser derrière des cimetières et d’autres devant le portail du chef de quartier, comme ce fut le cas à Sikoroni. Face à cette situation, le Coordinateur des chefs de quartier de la Commune I a saisi Mme Conté Fatoumata Doumbia. Cette dernière a donc réuni le mardi 12 avril ses collaborateurs. Ensemble, ils ont autorisé les GIE à continuer à épandre les ordures au même endroit. D’où la colère des habitants, provoquée ou pas par le député Diaby.

Ce qu’il faut savoir, c’est, qu’après les évènements, une réunion extraordinaire a été convoquée par le maire du District, Adama Sangaré. Le tout nouveau gouverneur de la capitale, les députés de la Commune I, les deux députés Diawara, Mme Conté Fatoumata Doumbia, les notabilités de la commune et bien d’autres personnalités ont pris part à cette rencontre. Décision importante: le lieu reste et demeure le dépôt d’ordures de la Commune I, en attendant qu’un endroit soit identifié et aménagé rapidement pour les besoins de la cause. A suivre.
Chahana Takiou