Toukoto : La justice, la prison et trois vieux : Harimakan est blanc comme neige

Pour peu qu’une affaire concerne, d’une façon ou d’une autre, une personnalité politique d’un certain standing, des voyous s’érigent en vrais metteurs en scène d’un sociodrame aux relents dédaigneux aux seules fins d’innocenter l’auteur du mal et de passer pour le coupable celui qui est, en fait, la victime réelle. Les faits, qui animent de nos jours tous les débats à Kourounikoto (Cercle de Kita), rappellent ou du moins confirment cette situation. Il est par exemple question de Harimakan Kéita, 1^er adjoint au Maire du district de Bamako qui, selon les mauvaises langues, est l’homme par lequel est arrivé le malheur de trois vieux du village. Ceux-ci méditent sur leur sort dans la prison de Toukoto, localité située à une soixante de Km de Kita.   Venons aux faits Tout a commencé par une affaire de mauvaise gestion reprochée au Maire Mamou Kéita par six jeunes garçons du village. En effet, la gestion de la banque de céréales devint calamiteuse dès que Mamou devint le patron des lieux, après les élections de 2009. La banque de céréales et la caisse ayant été concomitamment vidées, des jeunes surpris et indignés ont composé un chant dans lequel il a été question du Maire Mamou Kéita et de sa mauvaise gestion. Prenant cela pour un outrage, disons d’ailleurs comme un crime de lèse majesté, Mamou Kéita fera venir les gendarmes. Et les six jeunes ont été menottés et traduits devant le conseil de village. Ainsi, chacun a été condamné à payer une amende de 25.000 FCFA puis gardés à vue à la mairie, toujours menottes aux mains pendant deux jours, avant d’être renvoyés devant le juge à Toukoto. Informé, Mr Harimakan Kéita, fils du chef de village, fera remarquer à son père que les autorités traditionnelles n’ont pas le droit de statuer quand les gendarmes sont déjà saisis d’une affaire. La logique étant l’une des choses les mieux partagées, le juge a, pour sa part, trouvé les amendes élevées et la démarche illégale. Ce dernier a alors exigé que les sous soient remboursés aux jeunes. Ce qui fut fait non sans frustration pour les trois vieux : Sangué, Kamady et Mamadou Nô qui estimèrent que Harimakan a transgressé une coutume en dictant un comportement au juge et que, de ce fait, il doit à son tour six chèvres au village plus la restitution des 150.000 FCFA. Entre temps, un nouveau juge fut muté à Toukoto. Ce dernier a hérité du dossier. Harimakan Kéita avait déjà porté plainte contre les trois vieux pour diffamation. A l’analyse des faits, le nouveau juge les a gardés pendant deux heures, le temps pour les convaincre que Harimakan Kéita n’avait pas influencé le juge dans la prise de sa décision. C’est ainsi, qu’ils furent maîtres de leurs mouvements. Arrivés au village, ils continueront à donner dans la diffamation en indiquant que Harimakan Kéita a encore corrompu le nouveau juge. Ce dernier a alors réagi en portant plainte. Le juge, ayant estimé qu’il y a eu effectivement diffamation, a gardé les trois vieux en attendant le jugement. Brin COULIBALY