Insécurité : Les notabilités du district encouragent la création de comités d’autodéfense : Koulouba ne contrôle plus rien… Le pouvoir désormais dans la rue

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Un pas décisif vient d’être franchi dans ce qu’il convient d’appeler la marche inexorable vers la guerre des tranchées entre malfrats et populations dans le district de Bamako. Les populations de Badalabougou ont tout simplement légitimé la création de leur comité d’auto-défense avec la bénédiction des notabilités de la Commune V, à l’image de la député Fanta Manthini Diarra, du chef de quartier, des  représentants des personnes âgées, de la communauté religieuse, du maire, entre autres. Et l’Etat malien dans tout çà ?  

C’est samedi dernier aux environs de 17 h, sur le terrain de Badalabougou derrière le marché, que s’est tenue une réunion d’information des jeunes. Ont répondu à l’appel, les notabilités suivantes : Fanta Manthini Diarra (député), Galaye Doucouré (Maire délégué de Badalabougou), le chef de quartier, Malamine Sow, ancien maire principal et représentant des personnes âgées, le représentant de la Communauté religieuse… M. Guindo, Commissaire de police du 4ème Arrondissement territorialement concerné… Un peu plus de 500 jeunes ont également pris part à la rencontre. Comme pour dire qu’il s’agissait d’un beau monde.

Dans son discours d’introduction, M Zoumana Traoré, président du comité a tenu à saluer toutes les personnes pour «leurs soutiens financiers, matériels et moraux » sans oublier celles «qui n’ont ménagé aucun effort pour nous accompagner et soutenir notre initiative volontaire de la mise en place d’un comité de vigilance  au sein du quartier pour renforcer la sécurité ». Parmi les donateurs, figurent de hauts responsables et notabilités, opérateurs économiques, entre autres.

L’orateur a tenu à préciser certains points : « Nous ne sommes ni des Vagabonds ni des  brigands !  Nous avons seulement les mêmes soucis et convictions en ce qui concerne  tous problèmes relatifs à la  Sécurité ».

Evoquant plus en détail les motivations du groupe, il a rappelé certains événements malheureux survenus dans le quartier :

«Dans la nuit du « Leila Toul kadri », un groupe de jeunes de six personnes, toutes armées se sont déployées chez un vendeur de café faisant des dégâts matériels (1 moto Jakarta, la caisse du vendeur et 5000 F CFA soutirés à un client…  Dans la même veine, 20 motos ont été volées dans la même semaine entre le 05 Septembre et le 16 Septembre 2011. La dernière victime, un jeune venant du Palais de la Culture vers le 2e Pont aux environs de 22 h, a reçu deux balles l’une dans les reins et l’autre dans la cuisse ».

Par la suite et après plusieurs autres cas de braquages, les jeunes ont manifesté leur mécontentement sans la moindre réaction.

C’est ainsi, poursuit l’orateur, qu’un groupe de jeunes volontaires ont mis sur place un Comité dénommé « Comité de Vigilance ». « Et depuis la création de ce Comité, aucun vol n’a été enregistré à Badalabougou et nous avons été sollicités et encouragés par la population, la police… »

Il faut souligner que les jeunes se sont organisés en groupes et patrouillent régulièrement dans le quartier. Tout suspect est interpellé et conduit à la police. Un incident est cependant survenu depuis la mise en place de ce comité.

Après avoir interpellé un suspect à moto, ce dernier a abandonné son engin et sollicité par la suite, l’aide du Commissariat de police du 1er Arrondissement, lequel,  n’est pourtant territorialement pas compétent pour opérer dans le secteur… Qu’à cela ne tienne ! Et l’orateur de poursuivre : «certains agents du 1er Arrondissement sont venus, sans présentation, ont commencé à tirer sur la masse faisant plusieurs  blessés». Un comportement pour le moins perplexe, dira-t-on. Admettons qu’il revenait aux agents du 1er arrondissement d’alerter leurs homologues du 4ème.

Le président du Comité des Jeunes a invité les autorités à adopter certaines mesures. Il s’agit, entre autres de l’éclairage public dans les endroits les plus suspectés, de renforcer les commissariats matériels (véhicules banalisés de patrouille). Et aux procureurs de sévir sans distinction ethnique ou autres affinités sociopolitiques… Voici, soit dit en passant, un appel qui ne manque pas de relents. Le discours de l’orateur, a été, en tout état de cause, accueilli par de grands cris de satisfaction d’un message bien transmis à qui de droit.

La bénédiction des notabilités et des populations

Prenant la parole à leur tour, tous les invités, excepté certainement le commissaire, ont approuvé la décision des jeunes. L’Honorable Fanta Manthini Diarra a tenu d’abord à témoigner  des faits rapportés ayant trait à la recrudescence de l’insécurité et à l’incapacité des pouvoirs publics à la juguler. Son fils a été victime. Elle a encouragé ledit comité à persévérer et l’a assuré de son soutien indéfectible.   
M. Galaye Doucouré,  Maire délégué du quartier, lui a exprimé toute sa fierté face à la décision de ses fils. Il leur promit son soutien et souhaité bon vent.

Quant au chef de quartier, il a témoigné que c’est devant la porte de son domicile que les malfrats ont agressé un passant le dépossédant de son engin et le blessant mortellement. Il a décidé de réunir tous ses conseillers pour une réunion sur le sujet dans les jours qui suivent.   Son soutien à lui aussi, ne fera pas défaut.

Même son de cloche de la part de l’ancien maire principal et représentant des personnes âgées. Il a rappelé la légitimité des groupes d’auto-défense sous le régime de feu Modibo Keïta. Il a également tenu à mettre les jeunes en garde contre l’infiltration. Le représentant de la Umah, a, lui, pour sa part et au nom des fidèles du quartier, accordé sa bénédiction au comité. Tous les faits dénoncés sont avérés a-t-il témoigné.

Pour sa défense, M Guindo, Commissaire de police du Commissariat du 4ème Arrondissement, a évoqué l’insuffisance de matériels et d’équipements. Il a suggéré de travailler avec les jeunes du quartier lesquels, à ses dires sont dans leur droit de réclamer plus de sécurité. Quant à la police, précise-t-il, elle ne saurait aller au delà de ses compétences, à savoir appréhender les malfaiteurs, dresser le P.V et les présenter au juge lequel décide de leur sort.

Les non-dits du commissaire s’avèrent pour le moins criards. La responsabilité des magistrats est loin d’être négligeable dans la recrudescence de l’insécurité dans notre pays. A titre illustratif, les verdicts prononcés par la dernière cour d’assises contre les braqueurs ont été jugés trop légers, voire  favorables aux criminels pourtant condamnés comme tels.

Par ailleurs, notre commissaire est rejoint par le président du Groupe d’autodéfense quand celui invite les procureurs à sévir sans distinction d’affinités sociopolitiques avec les délinquants. En clair, la justice est vivement interpellée.
B.S. Diarra

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