Mali: Et si l’on s'inspirait de la Somalie?

Si les Maliens veulent venir à bout des djihadistes qui ont envahi le nord du pays, ils devront faire preuve du même esprit de cohésion que celui qui a prévalu en Somalie.
Faire taire les divergences
Contrairement aux Somaliens qui parlent le même langage, l’incompréhensible divergence de vues qui règne au pays de Soundiata Keita (fondateur de l'empire du Mali, au XIIe siècle) n’est pas faite pour arranger les choses. D’un côté, il y a le Premier ministre Modibo Diarra qui, conscient que «le temps pour les négociations est passé», est revenu à de meilleurs sentiments en se faisant le chef de file des partisans de la méthode forte. De l’autre, les pro-putschistes qui rament toujours à contre-courant de la réalité du terrain et des exigences du moment en s’opposant catégoriquement à l’envoi de troupes étrangères au Mali. L’on peut ranger au milieu de ces deux tendances diamétralement opposées, celles dites modérées et dont les chantres pourraient être le capitaine Sanogo et le président Dioncounda Traoré. Le premier s’est dit favorable à un appui apporté par des soldats étrangers dans une opération dénommée «Reconquête du nord» et dont les forces maliennes resteront le pivot. Seul le président de la transition continue de souffler le chaud et le froid. Bien que les préparatifs pour l’assaut soient à un stade avancé, ce dernier croit encore naïvement à une possible issue favorable par le dialogue. Cette cacophonie qui prévaut au Mali est d’autant plus étonnante et anachronique que c’est le gouvernement malien lui-même qui a introduit une requête aux Nations unies pour demander la prise d’une résolution sur le déploiement d’une force internationale sur son territoire. Tout se passe comme si les Maliens ne savent pas exactement ce qu’ils veulent. Ou plutôt, qu'ils veulent à la fois une chose et son contraire. Certes, la contradiction en elle-même n’est pas mauvaise, dans la mesure où elle peut permettre de prendre en compte les différentes suggestions pour mieux réussir l’opération militaire dont la nécessité coule de source.La cohésion, la clé de tout
Il est cependant évident qu’il faut savoir se rendre à l’évidence en temps opportun pour ne pas constituer un frein à la mise en œuvre des décisions utiles à l’épanouissement de la totalité de la nation malienne. Les Somaliens ont su taire leurs nuances de vues, peut-être parce que même Mogadiscio, la capitale, fut sous contrôle islamiste, obligeant l’exécutif à squatter d’autres pays pour tenir ses rencontres. Les Maliens doivent en prendre de la graine pour éviter à leur pays pareille situation. Ils doivent se rappeler que la charia est appliquée non loin de Bamako et ses promoteurs n’ont jamais fait mystère de leur ambition de l’étendre à l’ensemble du territoire malien. Que les vrais patriotes bamakois sachent lire à temps les signes représentés par la poursuite allègre des mutilations humaines et des destructions de mausolées pour comprendre qu’il est grand temps pour eux de taire leurs querelles inutiles avant que la Kalachnikov des illuminés ne les fasse taire pour de bon. Le vrai débat qui vaille se mène actuellement sur la scène internationale et vise à réunir les moyens et les conditions nécessaires à l’assaut salvateur. Tout Malien qui aime vraiment son pays doit y contribuer car, c’est la voie royale pour faire en sorte qu’au-delà de la consonance, Mali rime vraiment avec Somalie en termes d’espoir d’arriver un jour à se défaire du joug islamiste. Le Pays / slateafrique.com/ 02/10/2012Quelle est votre réaction ?






