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Un groupe d'islamistes armés à Gao, la plus grande ville au nord du Mali, le 21 septembre 2012 (AFP)[/caption]
Dans le Nord du Mali, des mouvements sont signalés dans les villes de Tombouctou et Gao, contrôlées par les islamistes. Ces derniers jours, des témoins signalent l'installation de nouveaux arrivants. Mais peut-on pour autant parler d'une «internationalisation» d'Aqmi au nord du Mali ? Pour l'instant, rien ne confirme qu'al-Qaida au Maghreb islamique soit en mesure de constituer un vaste mouvement djihadiste panafricain. Selon de nombreux observateurs et experts de cette zone sahélienne, il n'existe pas de recrutement massif d'étrangers mais seulement l'intégration d'individus qui rejoignent l'organisation de leur propre initiative.
Ces derniers jours, de nouvelles têtes ont fait leur apparition à Tombouctou. Il ne s’agit pas d’un afflux massif : entre une vingtaine et une soixantaine de personnes selon des témoins. Il est difficile de connaître précisément leurs origines mais plusieurs habitants sont formels: ce ne sont pas des Maliens. «
La journée, ils circulent en ville mais ne parlent pas à la population» affirment nos sources. «
Arrivés dans des pick-up, ils portent des kalachnikovs, mais pas d'armes lourdes.»
Alors s'agit-il de renforts ? Le représentant d'Ansar Dine à Tombouctou n'est pas très explicite: «Nous n'avons pas fait d'appel formel, dit-il, mais il est normal que des musulmans viennent aider d'autres musulmans. »
Plus à l'Est, à Gao, des témoins signalent aussi l'installation de nouveaux arrivants, quelques dizaines. Parmi eux il y aurait des Soudanais, mais il est impossible de le confirmer avec certitude. Quelques Soudanais sont déjà effectivement présents dans les rangs du Mujao à Gao depuis plusieurs semaines. Le Mujao a par ailleurs demandé à la population de quitter le sud de la ville, le quartier du Château. Les contrôles sont plus stricts aux entrées de la localité, et les chefs jihadistes ne dormiraient plus en centre-ville. «Ca bouge, quelque chose se prépare», conclut un habitant, sans savoir précisément dans quel sens pour l'instant.
Une internationalisation des troupes islamistes au nord du Mali ?
L'installation d'Aqmi dans des villes comme c'est le cas au nord du Mali crée une sorte d'appel d'air et peut évidemment susciter l'intérêt d'extrémistes musulmans, qu'ils soient originaires du Pakistan, d'Egypte, de Somalie ou du Soudan. Mais pour l'heure il n'existe aucun phénomène de recrutement de masse.
Un des obstacles à ce recrutement, c'est la géographie. Il n'est pas simple de rejoindre le Nord-Mali. Pour des Soudanais par exemple, il faut traverser le Tchad, or on voit mal Ndjamena laisser passer sur son territoire des colonnes de véhicules 4x4 transportant des hommes en armes. Pour les jihadistes plus proches comme les Libyens, c'est évidemment plus facile, mais ils ont déjà fort à faire chez eux pour consolider leur position.
Quant aux Sahraouis, leur présence reste là encore marginale. Aqmi peut certes recruter des jeunes désoeuvrés des camps de Tindouf et le Mujao développer le business avec les Saharouis mais l'Algérie ne laissera jamais le Polisario s'engager dans un soutien, en troupes et en armes, aux groupes terroristes comme Aqmi.
Actuellement ce sont les islamistes nigérians de Boko Haram qui ont le plus de connexion avec al-Qaïda au Maghreb islamique. Depuis deux ans, plusieurs dizaines de ces fondamentalistes du Nord-Nigeria ont rejoint ses rangs et lui prêtent main forte. Les combattants de Boko Haram viennent régulièrement s'entraîner au nord du Mali. En cas de besoin ils apporteront leur soutien mais pour le moment Aqmi n'a pas constitué de mouvement djihadiste panafricain.
RFI / 23/10/2012