Rébellion au Nord-Mali : une menace sur les élections ?

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J.A. – 06/02/2012 – Trois mois avant la présidentielle au Mali, la résurgence de la rébellion touarègue bouleverse la précampagne. Jusqu’à remettre en cause la tenue du scrutin ?

« Après tous les efforts consentis pour privilégier le dialogue, le président ne méritait pas ça », peste un familier du palais de Koulouba, avant de louer l’ouverture d’esprit et le calme avec lesquels Amadou Toumani Touré (ATT) gère la nouvelle sédition touarègue dans le nord du Mali. Le chef suprême des armées a déployé les grands moyens depuis la première attaque, à Ménaka, le 17 janvier, par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), une rébellion née en juillet 2011 dans le but d’obtenir l’autodétermination de cette région.

« Cette fois, personne ne pourra l’accuser de laxisme », glisse un conseiller. Hélicoptères de combat, avions de reconnaissance et renforts de soldats… La situation sécuritaire semble être prise très au sérieux. Le chef d’état-major, le général Gabriel Poudiougou, a pris ses quartiers à Gao. Soutenue par des milices arabe et touarègue, l’armée tente de contenir les attaques des rebelles, dont les coups de boutoir se font plus pressants.

Campagne consensuelle

À trois mois de l’élection présidentielle du 29 avril, la résurgence d’une rébellion dans le Nord est venue muscler une précampagne jusque-là timide et plutôt consensuelle. Si la classe politique dans son ensemble condamne énergiquement cette énième poussée d’irrédentisme, c’est la gestion du retour au pays des combattants touaregs de Libye – et, plus largement, la situation socioéconomique catastrophique de l’Azawad (la moitié nord) – qui est au coeur des débats.

Des rebelles en patrouille dans le désert du Mali (photo New York Times)

« Cette rébellion est inadmissible et leurs auteurs devraient être condamnés pour haute trahison. Mais peut-être devrions-nous aussi nous demander pourquoi des Maliens sont partis combattre dans l’armée libyenne », commente Soumana Sako, le candidat de la Convention nationale pour une Afrique solidaire (Cnas). « Depuis vingt ans, on connaît les problèmes des Touaregs, mais rien n’est fait », déclare pour sa part Oumar Mariko, champion du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi). « Comme ailleurs au Mali, ils manquent de tout. Mais d’Alpha Oumar Konaré [président de 1992 à 2002, NDLR] à ATT, on a fait de la gestion au jour le jour, en montant les tribus les unes contre les autres ou en distribuant des billets de banque. Le résultat n’est pas très beau à voir ! » accuse-t-il.

« Au Tchad et au Niger, les autorités ont fait une estimation du nombre de personnes rentrées de Libye avant et après la chute de Kaddafi, puis ont demandé l’aide de la communauté internationale pour y faire face. Au Mali, aucune estimation, aucun recensement d’ex-militaires… », s’inquiète pour sa part le candidat Tiébilé Dramé. En décembre, sa formation politique, le Parti pour la renaissance nationale (Parena), a organisé à Bamako une concertation sur les crises au Sahel. Face aux narcotrafricants, aux bandes armées et aux terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), il estime que non seulement le gouvernement n’a pas été à la hauteur, mais qu’il n’a rien fait pour dissiper les amalgames dangereux de quelques extrémistes : « Tous les Touaregs ne sont pas des rebelles, et, au sein de la rébellion, on retrouve des personnes d’autres ethnies. »

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, à Bamako, on s’interroge sur le maintien de la date des élections. Alors que des adeptes de la théorie du complot accusent le président d’être l’instigateur des troubles dans le but de prolonger son mandat, son entourage affirme que « ce que veut ATT avant tout, c’est finir son mandat et passer à autre chose ». En attendant, le chef de l’État dispose de peu d’options.

Aucune visibilité

La manière forte ? Cela permettrait de neutraliser, voire d’éliminer – si l’armée en est capable – cette source d’instabilité. La négociation ? Ce ne serait pas la première fois que Bamako viendrait à bout d’une rébellion touarègue après des mois de palabres. En 2009, les dernières discussions avaient abouti, grâce à une médiation d’Alger, à des accords de paix et à un ambitieux plan de développement pour le Nord. Et aujourd’hui, la menace Aqmi pourrait pousser les partenaires traditionnels du Mali à s’impliquer davantage, surtout financièrement.

Quelle que soit la solution retenue, les Maliens espèrent qu’elle interviendra vite. « Nous n’avons aucune visibilité, nos plans de campagne sont bouleversés », confie-t-on dans l’état-major du candidat de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), Dioncounda Traoré. En effet, difficile de sillonner le Nord dans la confusion actuelle, encore plus d’y organiser des rencontres avec les électeurs. Difficile, aussi, de sécuriser le scrutin. « Il est trop tôt pour dire l’avenir, mais je ne pense pas que ce qui se passe dans le Nord soit de nature à compromettre les élections », rassure Tiébilé Dramé. Selon certains experts électoraux, il serait toujours possible d’organiser des votes de rattrapage dans les zones les moins sécurisées.

Pour Bamako, cependant, le Nord est bien loin. Beaucoup restent persuadés que cette rébellion n’est qu’un coup de semonce destiné au successeur d’ATT. Et dénoncent surtout les retards pris dans l’organisation du scrutin, indépendamment de la crise touarègue. La fiabilité de la liste électorale est contestée par l’opposition, le matériel de vote n’est pas encore acquis. Et ni la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), ni le ministère des Collectivités locales n’ont encore fait le point sur l’avancée des préparatifs.

Par Malika Groga-Bada, avec Adam Thiam, à Bamako, pour Jeuneafrique.com

 

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7 COMMENTAIRES

  1. Oui le Mali a été trahi par ceux qui ont prêté serment de défendre à tout moment et en tout lieu les intérêts nationaux. Ils ont reçu la confiance du peuple et l’allégeance de nombreux partenaires. A plusieurs reprises, quand le sang des compatriotes a coulé, ceux chargés de conduire la destinée du pays ont toujours usé de discours pour rassurer les populations. Le constat est amer, la violence s’est installée durablement au nord avec son cortège de morts et de désolations. Ceux qui savent la guerre, c’est ceux qui ont perdu des fils, des maris, des frères, des sœurs, des biens, etc. Oui, la situation actuelle est le prolongement, sinon l’expression de l’échec des politiques des plus hautes autorités. En ce moment, le peuple a retiré toute sa confiance en ces hommes et femmes désignés ou élus pour agir en son nom. Un peuple sait comprendre mais ne sait pas obéïre. Oui, « on pense différemment dans une chaumière que dans un palais ». Les responsables de la situation actuelle paieront chèrement la trahison du peuple. Ceci est inévitable malgré les intentions inavouées dans la manipulation des élections présidentielles. Hier, si la raison d’Etat qui a prévalu pour élire un candidat, aujourd’hui le peuple souverain du Mali est plus que jamais décidé à reprendre ce qui lui revient de droit. Il est et sera le seul arbitre pour le choix de son Président. Vouloir aller à contre sens, serait suicidaire pour ceux qui croient que le peuple est bête, qu’on peut acheter son silence, l’intimider ou en faire ce qu’ils veulent.

  2. 1)Nous disions et nous l’avions toujours dit que l’exécutif malien sous la demande du législatif devait rapidement déclarer l’état d’urgence dans toute la zone Nord y compris la zone du Ouagadou et d’y envoyer l’armée pour ratisser toute la zone en vue d’arrêter tout suspect de faire passer de vie à trépas ceux parmi les déserteurs lâches de l’armée libyenne ou ceux parmi les touaregs maliens venus de Libye ou ceux des maliens vivants au Nord qui auraient des velléités rebelles ou indépendantistes ou ceux parmi les islamistes vivants dans le Ouagadou qui refuseraient de quitter le Mali Nous disions que l’armée pouvait se faire aider par le mouvement patriotique d’auto-défense « le GANDAKOYE » qui a 1bonne connaissance de la zone Nous disons que des mandats d’arrêt internationaux ou appels doivent être également lancé à l’encontre de toutes les personnes qui soutiennent ou soutiendront ces dites velléités aux fins de les mettre hors d’état de nuire

  3. 2)Nous disons quelle est cette armée où 1soldat ou 1officier peut déserter rejoindre l’armée ennemie et après revenir reprendre sa place sans aucune sanction Nous disons qu’il est temps que cette inconscience ce laxisme ce favoritisme cesse au nom de la rigueur et de la responsabilité Comment 1armée responsable peut elle garder en son sein ses pires ennemies soit disant au nom de la paix Nous demandons aux vrais soldats de ne plus accepter ce état de fait Nous disons que l’ennemie doit être toujours mis hors d’état de nuire par tout les moyens Nous disons également que tout déserteur allant rejoindre l’armée ennemie doit être traduit devant la cours martial et condamné à la peine capital ou la peine à perpétuité et il est inhumain et irresponsable d’envoyer des soldats se battre sans moyens conséquents Nous disons que les responsables de cela doivent passer devant la justice à la demande des parents des soldats

  4. 3)Nous disons qu’il est temps que l’exécutif et le législatif maliens cessent d’être pris en otages par ces « Touaregs paresseux sans foi ni loi » au nom du développement de leur région Nous disons que le développement des autres régions est le fait du dynamisme du labeur au travail de leurs populations et aussi grâce à l’argent des émigrés issus de ces zones car le Mali est classé parmi les pays les +pauvres de ce monde Nous disons qu’il est temps pour ces « Touaregs paresseux » d’utiliser l’argent destiné à l’achat des armes l’argent issu de leur émigration à créer des projets régénérateurs de revenues dans leur zone et de se mettre au travail Nous disons que les armes n’apportent que faim misère maladie mort hyper retard dans leur région Nous disons que c’est triste déshonorant paresseux et ignoble d’attendre toujours l’aide d’autrui des autres

  5. 4)Nous disons encore 1fois que l’exécutif et le législatif maliens doivent mettre de côté leurs intérêts politiques personnels familiaux égoïstes et primaires aux fins de résoudre 1fois pour toute ce problème des rebelles touaregs et les Suppôts de Satan d’Aqmi car aucun exécutif et législatif étrangers ne viendront faire ce travail à leur place Nous disons que le temps des dialogues est dépassé il faut opter pour la solution finale Nous disons que s’ils en sont incapables ils doivent démissionner selon la déontologie démocratique Nous disons au cas ils refusaient de démissionner sans résoudre ce problème avant les futures élections présidentielles nous demandons au peuple malien de sanctionner tous les membres de l’exécutif (gouvernement) et du législatif (assemblée nationale) qui seront candidats en ne les votant pas

  6. Tout le monde attends qu ATT s en aille pour regler ce probleme definitivement, son depart fait partie de la solution de ce probleme, et il aura de la chance si on ne l arrete pas pour haute trahison apres son depart, si ses conseillers incompetents et autres courtisans finissent par le convaincre de prolonger son mandat c est qu il vient de signer sa descente en enfer. J imagine mal qu avec sa personnalite de fuyard (les services secrets francais l ont surnomme le Furtif)qu il cherche a rester au dela de cette echeance, non seulement il sait qu il n a pas les ressources financieres et capacite personnelle a venir a bout militairement dans l immediat, il sait aussi que la vindicte populaire est un tigre aveugle (Moussa Traore??)qui le designera comme premier responsable en cas d autre debacles guarantis et il se considerera heureux si les futurs manifestants ne le lynchent pas. C est la nature de son regime, une collection de predateurs corrompus et incompetents qui detalera a la premiere menace le laissant seul devant la colere de la population. Ses interventions prouvent qu il ne maitrise plus rien et quand les familles commenceront a entendre les recits des rescapes et que les rebelles avancent, ce sera sa chute. Donc c est dans son interet de passer le baton aussi vite que possible. 😕

  7. Sur cette photos des rebelles mal habillés en patrouille dans le désert !!! « Nous n’avons aucune visibilité, nos plans de campagne sont bouleversés », confie-t-on dans l’état-major du candidat de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), Dioncounda Traoré. En effet, difficile de sillonner le Nord dans la confusion actuelle, encore plus d’y organiser des rencontres avec les électeurs. Difficile, aussi, de sécuriser le scrutin. Venant de l’ADEMA ça ne me surprend pas!!! C’est vous qui aviez intégré ces bandits non ?? Demandez à Sarkozy et l’OTAN avec les talibans intégrés, ils en savent quelque chose!!! 🙁 🙁

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