Lettre ouverte au président de la république

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Monsieur le Président,

Nous ne sommes pas fiers de notre presse au regard des différents scandales financiers qui l’ont émaillée. Cependant nous ne nous lasserons jamais de dénoncer les tares. C’est un groupe de confrères qui aurait mis à l’eau vingt ans de lutte pour une presse libre et indépendante, rien que pour assouvir des intérêts personnels. A quelques encablures du partage des fonds de l’aide à la presse, ce même groupe s’agite arguant  que le montant est dérisoire, qu’il y a de nouveaux organes de presse. Augmentée ou pas, certains hebdomadaires réguliers  perçoivent 500.000 francs CFA seulement  par an au titre de l’aide, quand bien même, les organes de parutions régulières sont au nombre de 47. Qui a créé ces nouveaux organes de presse ? Pour quelle fin ?

Les journaux créés en 2014 ne doivent en aucune manière recevoir l’aide de 2013. Lorsque la crise a éclaté, les confrères qui devaient dire la vérité au cours d’une assemblée générale convoquée pour la circonstance, ont tous abdiqué à travers une pétition contre un sac de sucre à l’époque. Aujourd’hui ce sont ces pétitionnaires, mal en point qui demandent une augmentation de l’aide à la presse. Les représentants de la presse qui sont décriés aujourd’hui pour mauvaise gestion ne travaillent pas. Ils auraient dû entreprendre ces tractations avec le gouvernement depuis longtemps au lieu d’encaisser des sommes de 29 millions, 30 millions de francs CFA, ou procéder à des imitations de signatures pour sortir des fonds des comptes de la Maison de la presse.

Nous osons croire que le contenu de notre première lettre ouverte n’a été bien compris par le Président de la République. Nous avons évoqué la crise que traverse notre corporation et nous vous demandons de vous investir personnellement car ni le bureau de l’Association des Editeurs de la presse écrite privée (ASSEP), ni celui de la Maison de la presse ne sont habilités à prendre une décision concernant la presse écrite au Mali, parce qu’une procédure judiciaire est en cours contre le «coup d’Etat» opéré par certains journalistes contre certains membres du bureau légitime mis en place par consensus. Ensuite la gestion des parcelles attribuées aux journalistes fait l’objet d’une grande magouille et de détournements des fonds.

Au regard de tous ces faits qui discréditent la presse, il y a lieu de situer les responsabilités, Monsieur le Président. Avant d’entreprendre une telle démarche auprès de vous, Monsieur le Président, nous avons saisi plusieurs ministres de votre gouvernement et des membres de votre cabinet et le chef des renseignements généraux pour d’éventuelles explications et des suggestions, notre démarche est restée vaine. Dès lors nous avons compris, Monsieur le Président qu’il n’y a pas une collaboration directe entre vous et vos ministres. Cela se comprend aisément lorsque vous formez un gouvernement composé de ministres, chef de partis politiques, soutenus par des journaux de la place ; c’est un échec du volet communication qui s’annonce, Monsieur le Président. Pour une meilleure gestion de la presse, Monsieur le Président, il faut  nommer un administrateur provisoire  à la Maison de la presse pour toute fin utile.

Quant à l’ASSEP, le tribunal tranchera malgré qu’il y ait eu des dessous de table et même des parcelles offertes aux juges pour la circonstance. La guérison du mal de la presse suppose un diagnostic correct, débouchant sur un traitement approprié. Tel ne me parait pas être le cas aujourd’hui. Nous craignons que des remèdes inadéquats, appliqués à contresens et à contretemps, ne déplacent le mal sans le faire disparaitre et permettent à ceux-là qui pillent les ressources financières de notre presse de se maintenir à la tête des associations de presse.

L’épreuve de vérité s’annonce rude pour un gouvernement qui, sous couvert de justice, s’efforce surtout de maintenir de bons rapports avec les plus puissantes corporations. De ce point de vue, nous attendons le changement d’un système qui n’a que trop duré. La présentation des vœux de la presse sera, l’occasion, Monsieur le Président d’en parler.

Veuillez recevoir nos salutations distinguées.

Réseau des journalistes pour la transparence. Front pour l’Assainissement

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