Le PAG de Moctar Ouane : Titanesque pour une transition !

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Le 19 février  2021, le Premier ministre (PM) Moctar Ouane a solennellement présenté devant le Conseil National de la Transition (CNT), son Programme d’Action Gouvernementale  (PAG).  Il est basé sur  « 6 axes déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer en 291 indicateurs ». Lorsque l’on  parcourt  son contenu, l’on  comprend  aisément  que c’est un programme ambitieux  que titanesque pour une période transitoire. Tant, il aura besoin de beaucoup de temps pour sa réalisation mais aussi et surtout, il  aura, s’il est mis en application,  un coût très élevé. 

Vu le mode de désignation des membres du CNT, il est une évidence  que  le PM n’a pas à s’inquiéter de son soutien. Mais nul n’ignore que  le Mali connaît actuellement  une tension de trésorerie. D’où le  chapelet de questionnements que se font  actuellement les acteurs sociopolitiques  et les analystes politiques sur la sincérité du PM. Notamment : Comment  croire en la faisabilité d’un tel  programme gouvernemental en  13 mois (le temps qui  reste à la transition) ?  Le PM   a-t-il  l’assurance qu’il va jouir  de l’accompagnement des acteurs sociopolitiques ? Comment compte-t-il gérer  le défi sécuritaire engendré par le terrorisme international et les affrontements intercommunautaires ? 

Comment le PM de Transition  va-t-il : procéder à « une refonte du système éducatif »,  « élaborer et adopter une nouvelle Constitution », « organiser une conférence sociale et engager le débat sur les questions de société (rôle des autorités coutumières et religieuses, pratique de l’esclavage, etc.) »,  dans le délai  limité de  13 mois?  Fait  notoire  inquiétant : Moctar Ouane n’indique aucun chronogramme pour  la réalisation de son PAG. Est-ce à comprendre que l’on  s’achemine forcément   vers une  prolongation de la Transition ?

Une chose  est réelle, ce dimanche 21 février, au Palais de la Culture Hamadou Hampâté Bâ, le mouvement politico-social M5-RFP  est physiquement revenu sur la scène politique en organisant un méga meeting. Des milliers de ses membres et sympathisants  y ont pris part. Aussi, dans un communiqué rendu public le 24 février 2021, le M5-RFP exige la création des conditions idoines pour la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles par un organe électoral unique et indépendant « pour éviter la prise en otage du processus électoral par la junte militaire qui a déjà corrompu et confisqué la victoire du Peuple à travers sa gestion de la Transition, et épargner aux Maliens une crise postélectorale aux conséquences incalculables ». Mais ces exigences  vont-elles tomber dans l’oreille d’un sourd ? Dans la négative, tant mieux !

Dans l’affirmative, il est évident que  le PM et son attelage gouvernemental n’auront  ni le temps encore moins  les moyens financiers  de réaliser leur  PAG. Lequel ne devrait s’atteler, pour une partie de l’opinion nationale et les analystes politiques,   qu’aux tâches urgentes et essentielles d’une transition politique. Tels que : « poser les actes de la refondation de l’Etat malien basée sur la bonne gouvernance ; s’activer au retour de l’intégrité territoriale du territoire national ; et organiser des élections transparentes, libres et apaisées dénudées de toutes contestations ». Ils devront savoir raison garder pour revenir vers les formations politiques traditionnelles. Tant il est impossible de faire de la politique sans les vrais acteurs politiques. 

Falaye Keïta

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