A 100 jours du premier choc électoral : ATT apparaît isolé

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Une semaine après les traditionnels vœux du Chef de l’Etat à la Nation, les Maliens ne savaient pas encore « lire » leur entrée dans la nouvelle année électorale 2012. En écoutant les propos du Président ATT,  on ne sait pas bien de quel côté il se trouve. Aurait-il raté sa cible, justement dans cette phase de ressaisissement ? C’est lui qui va partir et comme étrennes, il voudrait « nous mettre dans sa poche avec des bonbons » Sur quoi se jouera 2012 ?

Si ce discours du nouvel an  fut peut-être un discours mâtiné à l’inévitable préoccupation électorale, il n’en prit pas moins l’allure d’une impulsion de politique de promotion. Après coup, voilà tout ce qu’on pouvait espérer : il ne faut pas douter du Mali, sans plus, car dans les propos du Président ATT, on s’apercevra bien vite que dans le discours, on avait enlevé les caractéristiques qui font les œuvres classiques. Or c’est la fonction du père de famille (ici celle du Président de la République) que de rassurer…Comment peut-on s’attendre à l’émergence d’une opinion nationale durant cette année électorale ? Qu’en sera t- il, et pour quel en cas ?

Lors de la présentation des vœux du corps social, le Président ATT a dû apprendre bien des choses. Ce que nous avons appris, c’est qu’après son adresse à la Nation, nous n’étions pas encore éloignés d’une atmosphère de flottement. Pourquoi donc ATT s’est- il ainsi limité? Tout Président de la République qu’il est, il sort affaibli des dures épreuves de 2011 où il vit alors la fragilité de ses rêves. Un petit retour en arrière ? Koulouba plongeait alors un regard d’aigle sur Bagadadji, et la représentation nationale restait attentive à tout battement de cils de la Présidence. C’était à qui profiterait de la stratégie d’évitement…Ajoutez à cela les bruits de bottes dans la partie septentrionale du pays. Tout  au moins pouvait- on s’attendre à ce que le discours du nouvel an vienne distendre les rapports d’ATT avec la classe politique dans le souci de s’allier des sympathies.

Même si ATT n’espérait pas plus de compréhension à travers ce discours lénifiant, à défaut pouvait- il s’attendre à plus de concours. Ce faisant, il serait arrivé à se concilier certains sans se séparer des  d’avec les autres. Or, même si ATT n’a pas encore perdu la main, un certain ostracisme l’inquiète et il n’est pas encore arrivé à créer « l’onde de choc » de la confiance pour cette année électorale 2012 qui n’est pas ordinaire dans notre histoire de la 3è République. On connaît surtout la politique qui consiste à…ne plus faire semblant de se cacher

Nous avons vu un Président ATT très élégant lors de son message télévisé, avec « la bouche fraîche » et le ton solennel. Des recommandations sur les préoccupations juvéniles seront diffusées un peu plus tard en ce 31 Décembre 2011, comme d’habitude. Il devait en même temps se poser de bonnes questions et prendre les bonnes décisions en mettant ses compatriotes dans la perspective des multiples défis qui attendent, dont les enjeux électoraux et la paix dans le pays. C’est en résumé ce qu’il pouvait tirer d’une perspective de l’audience (ou son audimat). Le jury d’honneur composé de tous les compatriotes apprécieront.

ATT nous instruisait donc d’un double mouvement accompli en 10 ans. Il courait ainsi devant l’actualité pour ne pas être rattrapé par la réalité. Notre démocratie n’est que nationale, et le Président ATT ne pouvait plus se contenter de « servir des mets à usage dans nos palais ». Son appel pour des élections libres et transparentes a été entendu. Soit dit en passant, aurait-il laissé volontiers la crédibilité des élections aux vestiaires ? C’est un appel qui ne lui garantit rien sinon que concernant les lois du scrutin, seuls les électeurs seront juges. En tout cas, le candidat qui sera élu et redonnera l’espoir va devoir tourner la page. Comme le dit la sagesse populaire, « on ne voit clair que lorsqu’on tombe  au fond d’un puits ; alors on sort avec la vérité ».                                                                                                          

Si notre pays, est parvenu aujourd’hui à prendre le train de la démocratie en marche, c’est qu’il est parvenu à faire coexister les talents de toutes les ethnies du  territoire qui garde une longue mémoire de son histoire. Mais pour cela, il faut être un grand pays, entend-on dire. Le caractère désordonné de l’opposition qui monte contre le projet référendaire n’arrive pas à mettre les bouchées doubles. Seuls les « barytons » des petits partis font du boucan. Et si volonté il y a de radicaliser le mouvement de contestation, on peut en mesurer les actions concrètes. Mais pour le moment, seule la libéralisation de la parole passe. 

Par ailleurs, en acceptant d’emblée l’idée du couplage des scrutins (présidentiels et référendaire, le Président ATT deviendra-t-il un  politicien sans lendemain ? C’est un « oui, mais », car s’il n’a pas violé la  Constitution, qu’en est- il dans son esprit ? Est-ce alors d’un viol qu’on parle ? Le collectif « Touche pas à ma Constitution » en garde un vrai  souci. 2012 rime avec le principe du choix démocratique. Et les sirènes politiques vont bientôt retentir, et la chasse au vote populaire va repartir de plus belle. Pour la clarté démocratique, une autre course s’engage, et les électeurs vont se retrouver au centre de tous les intérêts. Quant au Président ATT, il ne sera plus l’homme de l’année. Aussi bien lui que tout le monde sentent que le pays est en attente d’actions publiques encore plus performantes.

L’actualité qui suit va abîmer l’image de certains prétendants à la course pour Koulouba, et cela, au moment même où l’hôte de Koulouba (ATT) n’a pas encore publiquement affiché sa préférence pour un « candidat central ». S’il ne peut plus désormais  tout donner par lui-même, fournira-t- il une réponse adéquate, même « assistée », à nos interrogations ? C’est convenu : il aura son mot à dire, tout comme il en a été pour le Président Konaré, surtout que les péripéties d’une campagne montrent que l’intérêt du public peut se prolonger au-delà même du scrutin. La formidable école de la vie est ainsi faite.

S. Koné

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