Choix consensuel de Dioncounda à l’Adema : Pathétique instinct de conservation !

26 Juillet 2011 - 00:00
27 Nov 2024 - 14:55
 0

La nouvelle est tombée comme un couperet : Dioncounda Traoré est le candidat de l’ADEMA, ou du moins le candidat du C. E et de la Commission de Conciliation de l’ADEMA. Car quoi qu’on prétende il n’y a pas eu un choix démocratique et ce qui s’est passé souffre du manque cruel et incongru de légitimité.

Depuis qu’il a eu le lourd et pesant héritage de conduire le parti le plus controversé du Mali, Dioncounda  Traoré est devenu, tour à tour, une échappée belle,  un trompe-la-mort, un grand politicien et finalement un magicien. Comment ne pas finir par croire en ce grand outsider qui a fini par se muer de « la salamandre » qu’il était pour certains, au Saint-Sauveur qu’il est devenu aujourd’hui pour le peuple ADEMA.

Le choix de Dioncounda, aussi consensuel qu’il paraisse, jure avec les règles de Dame Démocratie et démontre bien à quel point,  l’ADEMA est traumatisée et affaiblie. On pourra invoquer la « sagesse africaine » qui aurait prévalu, mais il n’en est rien. L’ADEMA avait le choix entre éviter les confrontations internes, ou mourir tout simplement. Que cache donc cette peur du débat, de la compétition ? La réponse est toute simple : il faut à tout prix, et malgré tout, faire croire au peuple malien que l’ADEMA existe encore, bien que tous soient convaincus qu’elle cache une âme d’hyène sous un pelage de lion.

 L’ADEMA en tous points de vue a fui le débat, son propre débat. En se montrant peu courageuse, d’encourager le fait démocratique, par une élection qui respecterait la volonté de sa base, et, en passant par un moyen subtil mais quand même détourné, de se donner un candidat, le parti a fait éclater au grand jour, sa peur de perdre et par là même son manque d’assurance. On sait que les primaires ont été institués dans le but de respecter et de faire prévaloir le choix de la base. On sait aussi que les premières expériences de cette pratique ont laissé au parti des failles et des cicatrices indélébiles, mais, pour autant, on sait également que la pratique a été trop tôt abandonnée aux dépens d’une tentative logique d’amélioration, comme acquis de la démocratie. Résultat : « la pire des situations à l’exception de toutes les autres ». Churchill revu et corrigé par…Alpha.

Mais le choix de Dioncounda cache peut-être des considérations extra-ADEMA. Il se peut que Dioncounda ne veuille même pas être Président. Il se peut que par un accord secret, les grands de ce pays, y compris Alpha et ATT, se soient mis en conciliabule avec Dioncounda, réputé sage, pour donner au Mali un président « consensuel ». Et que pour ce faire il ne faut pas donner à l’ADEMA « un-candidat-qui-ne-céderait-pas » et que Dioncounda en soit le dépositaire provisoire.

L’ADEMA, depuis 2002, a perdu son âme et s’est rétractée dans la peau du négociateur. A défaut d’être à Koulouba, vivre en bonne intelligence avec l’occupant de céans. On pourrait ainsi bénéficier, de temps à autres, de quelques royalties, en accompagnant un ami de circonstance. C’est donc le plan B de l’ADEMA qui nous est donc ainsi servi là, trop tôt, parce qu’il y’ a encore d’autres chats à fouetter.

Un ami à moi, a poussé la plaisanterie jusqu’à prétendre que, pour faire passer, contre l’ADEMA, le candidat que choisira ATT, il faudra avoir en face de lui un Dioncounda, qui est plutôt un bon négociateur qui, a défaut de faire rebondir le parti, le maintiendrais, tout au moins, en vie. Ainsi le choix consensuel de l’Etoile de Nara, ne serait qu’une neutralisation avant l’heure du parti de l’Abeille. Une logique défaitiste qui a gagné le parti depuis que, pour une raison ou pour une autre, il refuse mordicus de croiser le fer des présidentielles, pour se blottir dans le kilt d’un autre. On l’a vu en 2002 trahir son propre candidat pour soutenir un autre, on l’a vu en 2007 mettre à la porte des pères fondateurs pour faire plaisir « au candidat qui va gagner ». On l’a vu se rendre méconnaissable par ses hésitations et ses compromissions, qui ont fini par faire de lui un parti comme les autres, avec comme seules armes, des lamentations et une calebasse pour mendier des postes. La chute est là encore.

Cependant les chances de l’ADEMA restent grandes pour 2012. Le parti dispose encore d’énormes moyens financiers et humains. Il compte dans ses rangs des esprits politiques forts et respectables, comme Ali Nouhoum Diallo, Kadiatou Sy, Boubèye ou autres Tiémogo Sangaré, qui conservent, intactes leurs capacités de frappe et des bases entièrement dévouées. Une jeunesse dynamique, qui est l’une des rares choses vraies que compte le parti. Un ancien Président de la République qui peut encore faire éternuer. Autres atouts non négligeables, dans une élection au Mali : Le parti s’est spécialisée dans la fraude qui lui a permis, par le passé, de combler ses lacunes là où il ne peut compter sur ses muscles. Il compte dans ses rangs d’impitoyables prédateurs de notre maigre économie. Il s’appelle l’ADEMA et est porté par ses anciens hauts-faits  que beaucoup pensent encore réalisables. Il nous fait croire qu’il sera infailliblement au pouvoir pour « baga-baguer » les opportunistes. Elle n’a pas dit son dernier mot, la brave ADEMA.

Karim FOMBA

 

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0