Oumar Mariko et nous

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Nos lecteurs ont dû s’apercevoir du brusque changement de ton intervenu dans L’Indépendant, ces dernières semaines, vis-à-vis du Dr Oumar Mariko, secrétaire général du parti SADI et surtout Directeur du réseau radiophonique Kayira.

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Jusque-là, en effet, notre journal avait été de tous les combats politiques de Mariko. Du moins ceux que nous estimions justes et légitimes.

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Il a été aux côtés de Mariko lorsqu’il s’agissait de défendre la mémoire des martyrs de l’insurrection populaire du 26 Mars 1991 et d’amener l’Etat malien à assumer sa pleine responsabilité dans ce tragique événement, en apportant son assistance matérielle, financière et morale à ceux qui ont survécu aux balles de la soldatesque de Moussa Traoré. Mais qui gardent, pour certains encore,  dans leur chair et leur esprit, les stigmates des sanglantes journées qu’ils ont traversées.

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Il a été aux côtés de Mariko lorsqu’il s’agissait de dénoncer la dérive de la restauration et le danger de banalisation qui pesaient sur les acquis du 26 Mars.

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Il a été aux côtés de Mariko lorsque celui-ci, revenu de ses lubies de réaliser un «second 26 Mars» soit par la rue, soit par un coup d’Etat militaire, se décida enfin à rentrer dans la légalité et emprunter la voie républicaine de conquête du pouvoir, en créant son propre parti politique sous l’appellation de Solidarité africaine pour la démocratie et l’intégration (SADI).

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L’Indépendant a constamment ouvert ses colonnes à Mariko et à son parti pour relayer leurs déclarations, analyses et prises de position sur les questions nationales et internationales. Et a systématiquement couvert toutes les activités publiques – meetings, conférences de presse etc – du parti SADI.

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Lors de la campagne pour l’élection présidentielle d’avril 2007, L’Indépendant a gracieusement publié la profession de foi du candidat Oumar Mariko. Mieux, il a détaché spécialement un journaliste pour l’accompagner dans ses déplacements à l’intérieur du pays et rendre compte des meetings qu’il y a animés. A la vérité, il nous est arrivé, plus d’une fois, de faire la part belle à Oumar Mariko au détriment de ses concurrents.

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Cet engagement fort, déterminé, constant aux côtés du patron de SADI, procède d’une philosophie, d’une conviction, d’un credo qui nous ont toujours habités : la presse, pour contribuer à la construction d’un édifice démocratique indispensable à son propre épanouissement, doit apporter son concours aux faibles, aux démunis, aux opprimés, surtout lorsqu’ils sont mus par des idées généreuses, de nature à promouvoir une société de paix, de justice, de bonheur partagé. Là résidait notre rapport à SADI et à son mentor.

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Tout a bien fonctionné jusqu’à cet article produit par notre collaborateur Ahmed Zao Bamba sur ce qu’il convient d’appeler «l’affaire de l’assassinat du responsable politique SADI de Niono» (L’Indépendant n°1840 du 14 novembre 2007).

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Cet article a commis un péché impardonnable : soutenir, à partir d’informations recueillies auprès du Préfet de Niono, de l’Adjoint au Commandant de la Brigade de Gendarmerie de Niono, d’un animateur de radio de Niono, que Youssouf Dembélé n’a pas été victime d’un assassinat politique, mais qu’il est tombé sous les balles de son propre fils, Ousmane, qui lui reprochait de dilapider le patrimoine foncier familial à des fins de jouissance personnelle. Voilà ce que Mariko, le Grand Censeur de la République, ne pardonne pas à L’Indépendant.

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Le journal est quotidiennement jeté aux orties par Radio Kayira, son directeur voué aux gémonies, accablé de tous les noms d’oiseaux et accusé de tous les péchés d’Israël pour avoir écrit le contraire de ce que Dr Mariko a toujours cherché à faire croire : «le secrétaire général de SADI à Niono a été tué pour des motivations politiques».

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Mais que Mariko comprenne bien ceci : ce ne sont ni les propos injurieux qu’il a été le premier à déposer sur notre répondeur (mais çà, il n’en parle pas) ni la campagne d’insultes, de dénigrements, de mensonges et de calomnies proférées de jour et de nuit par Radio Kayira Mille Collines du Mali, ni les menaces d’attentat à ma vie (Mariko s’évertue à collecter des renseignements sur mon lieu de résidence, l’heure à laquelle je quitte mon bureau etc) ne nous feront abandonner ce sujet où, il est vrai, sa crédibilité ou ce qu’il en reste après tant de frasques, ne tient plus qu’au verdict qui sera rendu par le tribunal de Niono.

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Mariko nous connaît assurément fort mal pour croire un seul instant que nous faillirons à notre devoir d’informer. D’informer juste et vrai. Depuis 35 ans que nous exerçons le métier de journaliste, nous avons été confrontés à des défis bien plus importants et, par la Grâce de Dieu, nous les avons tous relevés.

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Mariko est trop petit pour nous inspirer la plus petite crainte. Qu’il insulte le président de la République, les ministres, les juges, les avocats, les administrateurs, les politiciens, les syndicalistes et que tout ce beau monde se taise parce que tétanisé par l’idée que le rôle joué  par Mariko à la tête de l’AEEM, lors des événements du 26 Mars 1991, lui a procuré à jamais un brevet d’immunité et d’impunité, c’est leur affaire !

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Pour notre part, nous n’ambitionnons de devenir ni président de la République, ni ministre, ni député. Aussi ne sommes-nous pas disposés à encaisser les coups que Mariko voudra bien nous porter. Nous répondrons au coup par le coup et démontrerons à Mariko qu’il n’a pas le monopole de l’impertinence au Mali. Nous ne sommes pas homme à jeter le manche après la cognée. Mariko l’apprendra à ses dépens.

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El Hadj Saouti HAIDARA

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