ADM : Quand l’arbre cache la forêt

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Après plusieurs années de dénonciations et d’alerte sans écho sur les pratiques nébuleuses et de gestion opaque à Aéroports du Mali, le cri du cœur de ses travailleurs a finalement retenti de la façon la plus tonitruante chez les limiers. Dans la mire de la justice depuis quelques semaines, les malversations séculaires y sont incarnées par le service commercial dont le directeur se trouve en détention avec deux agents commerciaux.

Parmi les codétenus de Mahamadou Camara figurent également des prestataires d’imprimerie partageant les mêmes présomptions d’actes délictueux ayant entraîné des pertes en énormes de ressources aux ADM. Lesdites pratiques ont trait, en effet, au recours à des factures parallèles pour le recouvrement de taxes ou redevances aéroportuaires auprès de certaines compagnies jugées peu fiables. Selon nos sources, le montant pourrait atteindre 15 000 francs CFA par passager et par vol que le service commercial est soupçonné d’avoir perçus pendant cinq longues années dans le dos de l’entreprise, soit une manne estimée à 800 millions de nos francs.

Il nous revient de sources concordantes que les indices du pot-aux-roses, révélés par le Vérificateur général, sont apparus en même temps que le nouveau Directeur général de la boite levait le lièvre sur une autre affaire sulfureuse. Il s’agit notamment de celle relative aux agences de voyage opérant dans le pèlerinage dont les taxes dus par pèlerin auraient emprunté un chemin différent des caisses des ADM pendant de nombreuses années. Sommées par le nouveau DG de rembourser lesdits montants, les différentes agences concernées se sont rabattues à leur tour sur la direction commerciale par une plainte en bonne et due forme. Le directeur commercial et ses codétenus se retrouvent du coup sous les tirs croisés d’accusations et pourraient – tels des boucs émissaires – payer seuls pour une montagne de malversations ayant si longtemps caractérisé la gestion des Aéroports du Mali et plongé dans le noir ses finances. En effet, aussi vrai que les projecteurs convergent sur les ADM aucun faisceau de lumière ne traverse pour l’heure la scandaleuse chute abyssale d’une entreprise qui, d’un bénéfice net de 3 milliards et un dépôt à terme de près de 2 milliards dans les banques a périclité pour devenir déficitaire de plus d’un milliard en 2016. C’est la conséquence, selon nombre d’observateurs avertis, d’actes répréhensibles devenues la règle tels les achats fictifs sur fond de dilapidation à outrance des fonds de la société, les commandes massives et coûteuses sans expression de besoins, les dissimulations d’écritures comptables sur des créances à recouvrer, les contrats d’assistances négociés avec des clauses léonines pour l’établissement. Autant de pratiques mises à nu par les Commissaires aux comptes et pour lesquelles les comptes de l’entreprise ont fait l’objet d’un rejet historique en son temps.

Ce n’est pas tout. Les travailleurs des ADM continuent encore de s’interroger sur l’étonnante disparition du précieux contenu de tout une caserne avec des équipements modernes haut de gamme. Il s’agit du camp Damien Boiteux légué par l’opération Serval en fin de mission et dont la valeur, estimé à 3 milliards par certains, aurait dû enrichir le patrimoine d’Aéroports du Mali. Au lieu de quoi la prédation s’y était mêlée et n’a épargnée même le gravier concassé répandu sur l’aire et les voies d’accès en vue de faciliter la mobilité, en plus des banquettes d’aérogares pour passagers, des moteurs de véhicules de services, des containers d’habitation, du système de production d’énergie, etc.

Avec tant d’énormités sous silence, une procédure circonscrite au seuls responsable et agents de la direction commerciale laisse forcément un goût d’inachevé.

A KEÏTA 

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