Vaste opération "mains propres" Le ministre de la justice rouvre tous les dossiers d'enquête de 2002 à nos jours

19 Nov 2012 - 13:00
19 Nov 2012 - 13:00
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Le ministre de la justice, Malick Coulibaly, ne veut pas faire mentir sa réputation. Il vient d'ordonner au nouveau procureur anti-corruption, Mohamed Sidda Dicko, de rouvrir tous les dossiers de contrôle  établis, de 2002 à nos jours, par les services de contrôle que sont le Bureau du Vérificateur Général et la Casca. Dicko, procureur du pôle économique de la commune 3 de Bamako, a donc sorti les dossiers concernés et les a répartis entre ses 9 substituts qui, jusque-là, ne s'occupaient que de menus fretins. Dans les tout prochains jours, les personnes visées par les rapports de contrôle devront passer devant la brigade d'investigations du pôle économique et beaucoup y laisseront sans doute des plumes. [caption id="attachment_98220" align="alignleft" width="274"] Malick Coulibaly, ministre de la justice, Garde des Sceaux[/caption] Interrogées sur les raisons de cette massive exhumation de dossiers sulfureux, des sources proches du département de la justice nous confient que la plupart des rapports de contrôle du Végal et de la Casca avaient été remises au placard sous le régime d'ATT. Le plus souvent pour ne pas gêner un proche du pouvoir. "Nous allons tout relancer. Nous en avons les moyens juridiques. De fait, un dossier classé sans suite par le procureur précédent peut toujours être rouvert car le classement sans suite, en droit, n'est qu'une mesure d'administration judiciaire qui n'a pas l'autorité de la chose jugée. Quant aux dossiers qui ont été tout bonnement ignorés, leur  relance va de soi. Seuls resteront fermés les dossiers faisant état de faits couverts par la prescription qui est de 10 ans", explique une source.  En clair, tant que la prescription n'est pas encourue (or elle ne semble l'être dans aucune affaire!), tous ceux qui sont visés par les rapports de contrôle recevront bientôt une convocation. La convocation même pourrait venir plus tôt qu'on ne le croit car les parquets ont ordre de ne pas traîner les pieds: "Il a été instruit de faire diligence et de faire passer en jugement les dossiers dans les 6 mois de leur ouverture. Et,s'il n'y a pas de charges suffisantes, de rendre une ordonnance de non lieu dans le même délai. L'objectif n'est pas de nuire à quelqu'un mais de rendre la justice", nous déclare un proche du département. Nos sources soulignent que le département vise deux grands objectifs: combattre l'impunité et renflouer les caisses de l'Etat. "Il n'est pas sain de voir de petits voleurs écroués alors que ceux qui ont détourné des milliards de l'Etat se la coulent douce. Nous ne voulons la tête de personne mais simplement récupérer les biens publics détournés. C'est pourquoi les procureurs, qui ont l'opportunité des poursuites pénales, n'engageront pas de poursuites formelles contre  ceux qui acceptent de rembourser l'argent détourné. Quant à ceux qui font les têtus, ils sentiront le boulet de la justice passer", promet un magistrat impliqué dans ce qu'il faut bien appeler la plus grande opération "mains propres" que le Mali ait connue. Est-ce le travail d'un régime de transition de nettoyer les écuries d'augias de la République ? Nos interlocuteurs pensent que oui, dans la mesure où le gouvernement, débarrassé pour l'instant des pesanteurs partisanes, dispose des pouvoirs nécessaire pour frapper les délinquants financiers. De plus, nous dit-on, l'Etat a aujourd'hui plus que jamais besoin d'argent: les procédures qui vont être engagées permettront de récolter une manne inespérée. Ne s'agirait-il pas, au fond, d'une tentative du Premier ministre d'éliminer, par justice interposée, des cadres politiques adverses ? Des proches du ministre de la justice attestent que non et nous affirment que Malick Coulibaly ( et eux avec lui)  rendrait immédiatement le tablier si l'on voulait politiser la justice ou l'empêcher d'agir. Analyse d'un cadre du ministère:  "Les sommes en jeu sont colossales. Depuis 2003, le Vérificateur général, que le contribuable malien entretient à grands frais (21 milliards de 2003 à 2011), n'est pas pris au sérieux et ses dénonciations sont ignorées ou sciemment bloquées par la justice. Le tort est grand pour les Maliens et le crédit de l'Etat. En 2011, le rapport du Vérificateur général fait état de 10 milliards volatilisés. Celui de 2010 fait état de 34,5 milliards disparus. Entre 2004 et 2010, le BVG a effectué 102 vérifications financières dans 79 entités. Ces vérifications ont pointé 382,9 milliards de FCFA de manque à gagner pour le Trésor Public dont 252,81 milliards proposés au recouvrement. Elles ont concerné tous les services publics. A ce jour, presque tous ces rapports dormaient dans  des tiroirs. Et je vous fais grâce des détournements découverts par la Casca: en 2009, elle en était à 261 rapports auxquels aucune suite n'a été donnée. Vous mesurez alors  ce que le pays gagnerait à récupérer toutes ces sommes !". Décidément, il fait un sale temps pour les détourneurs! Tiékorobani

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