Élection présidentielle de 2012 : Jusqu'où peut aller la neutralité d'ATT?

28 Sep 2011 - 00:00
28 Sep 2011 - 00:00
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Il est de notoriété que le président de la République sortant est, quelle que soient les assurances de neutralité qu'il prêche, très préoccupé par le profil de la personnalité qui va lui succéder. ATT ne fait pas exception à cette règle. Il lui sera très difficile, voire impossible, d'être neutre jusqu'au bout de la course dans laquelle s'apprêtent à se lancer ses "amis" Soumaïla Cissé, Dioncounda Traoré, Ibrahim Boubacar Kéita, Modibo Sidibé, Me Mountaga Tall et bien d'autres.

On ne dira jamais assez que le président Amadou Toumani Touré est hautement faiseur de roi dans la course à sa succession. Il semble que le président Alpha Oumar Konaré est son principal assistant dans ce rôle déterminant qui consiste à peser de tout leur poids sur le choix du prochain président de la République du Mali. Seulement, la singularité de la scène politique malienne est que la plupart des prétendants à la magistrature suprême sont des " amis " des deux hommes. Ou du moins, les prétendants investis comme Dioncounda Traoré de l'ADEMA et Soumaïla Cissé de l'URD, les candidats potentiels IBK du RPM, Me Mountaga Tall du CNID-FYT, Modibo Sidibé et bien d'autres ont tous côtoyé pendant longtemps ATT.

En effet, durant la Transition démocratique, à la tête du Conseil de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) le soldat de la démocratie a, comme cela s'y prête, rassemblé les forces vives du pays. Et chacun de ces ténors avait participé d'une manière ou d'une autre à l'exercice du pouvoir. Même si durant les dix ans du pouvoir sous l'ADEMA avec le président Alpha Oumar Konaré, la gestion consensuelle du pouvoir n'avait pas encore droit de cité, il faut reconnaître que le pont n'était pas coupé entre la présidence de la République et les différentes formations politiques.

De 2002 à aujourd'hui, en passant par 2007, le président  Amadou Toumani Touré, malgré les récriminations de certains acteurs politiques, a pu garder un bon climat de concertations des forces politiques. Ces partis politiques sont devenus de véritables groupes de consultants du pouvoir.

A la veille des remaniements gouvernementaux et sur des dossiers brûlants comme celui du Code ses personnes et de la famille, des partis comme l'ADEMA de Dioncounda Traoré, l'URD de Soumaïla Cissé, le CNID-FYT de Me Mountaga Tall, le RPM d'Ibrahim Boubacar Kéita étaient régulièrement consultés. Ces consultations étaient menées en présence du Secrétaire général de la présidence puis Premier ministre, Modibo Sidibé. En clair, le quintuor de personnalités précité sont des habitués des salons de la présidence.

Et, a priori, chacun d'eux entretient de bonnes relations avec le locataire actuel de Koulouba. Le moins qu'on puisse relever est qu'ATT, en tant que citoyen, aura bien d'embarras devant l'urne pour voter lors du scrutin présidentiel où seront en lice ces leaders. Or, selon plusieurs analystes, à moins d'une extraordinaire surprise, le prochain président de la République du Mali devrait s'appeler Dioncounda Traoré ou Soumaïla Cissé ou IBK ou Modibo Sidibé ou en fin Me Mountaga Tall.

Comme on le voit, lorsque le président ATT proclame qu'il n'a pas de candidat préféré pour lui succéder, il ne lui sera point aisé d'observer ce principe de neutralité. Ce d'autant que son successeur devra " valoriser et poursuivre " les actions qu'il a menées à la tête du pays durant ces dix dernières années. Or, il n'est pas exclu que le prochain locataire du Palais de Koulouba veuille remettre en cause certains plans de développement du pays voire fouiner par exemple dans des pans entier du "Projet pour le développement économique et social, le PDES qui gagne ".

Un candidat déclaré à la présidentielle de 2012 ne promettait pas récemment lors d'une visite dans la région de Kayes que s'il venait à être élu, il réviserait tous les contrats miniers précédemment conclus ?

Par ces temps où l'exigence de transparence dans la gestion des fonds publics n'est pas vœux pieux, où des révélations des Robert Bourgi, des Wikileaks, d'investigations du Vérificateur général sont des réalités, ATT a certainement son portrait robot de celui à qui il passera le témoin le 8 juin 2012. D'ores et déjà, ces faits et gestes sont analysés à la loupe pour y déceler une quelconque proximité de vue entre lui et un des prétendants à sa succession. Des phrases du genre "tel ou tel candidat n'est pas un ennemi " sera interprété à souhait… Ces inconditionnels du parti PDES, eux, ne cessent de chanter à qui veut les entendre qu'ils attendent ses consignes pour savoir quelle alliance politique nouer. Tout compte fait, on se demande comment ATT peut-il être neutre dans un duel de second tour entre ces personnalités citées plus haut. Ce sera quasiment une neutralité de façade qui se comprend.  Histoire de ne pas se mettre à dos quelques alliés politiques de ces dix dernières années et créer ainsi des conditions de contestations des futures échéances électorales.

Bruno D SEGBEDJI

 

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