Soumeylou Boubeye Maïga n’est plus en odeur de sainteté avec une partie du peuple malien. En témoigne le meeting du vendredi 5 avril où les manifestants ont scandé des slogans très hostiles à l’encontre du chef du gouvernement.
-Maliweb.net- Il n y’a pas de péril à la demeure. Mais il y a de quoi à avoir peur. Voilà ce à quoi on peut résumer la manifestation du vendredi 5 avril. Les maliens meurtries par les évènements tragiques du mois de mars ont la soif du changement et demandent au président de la République de prendre en compte leur aspiration profonde.
Un déficit de confiance semble installer entre de nombreux maliens et le Chef du gouvernement. Or rien ne peut se faire sans celle-ci. Ne dit-on pas chez nous que quand la confiance est rompue entre l’homme et sa femme, la personne cessera de devenir son époux ou son épouse. C’est justement ce qui arrive entre Soumeylou Boubeye Maïga, et une bonne frange de la population malienne, qui le soupçonne d’être un agent de la France. Une étiquette que le Tigre de Badalabougou a du mal à se défaire. Or les maliens sont naturellement très hostiles à l’ancienne puissance colonisatrice, accusée d’être à la base des problèmes du Mali. Face à ses allégations, le Premier ministre n’a rien entrepris pour redorer son blason. Ce sentiment s’est d’ailleurs renforcé par sa façon de gouverner.
La démission du chef du gouvernement exigée
Attaqué par l’opposition, qui l’accuse d’être incapable de conduire le Mali vers des jours meilleurs, Soumeylou Boubeye Maïga se trouve aujourd’hui dans le collimateur d’une partie des leaders religieux. Et pas les moindres, puisqu’il s’agit l’imam Mahamoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique et du Tout Puissant Chérif de Nioro du Sahel. Sans l’avouer, ces érudits musulmans en veulent au Tigre de Badalabougou pour avoir dissout sur «
ordre de la France » la commission de bons offices, dirigée par l’imam Mahamoud Dicko. Le chef du gouvernement est également accusé d’avoir exacerbé la crise du Centre. C’est pourquoi, ils « exigent » sa démission pure et simple. Sa réaction à la limite «
maladroite » du 10 février n’a pas également permis de faire baisser la tension.
Soumeylou lâché par sa propre majorité
Après l’opposition, les leaders religieux c’est autour de la majorité présidentielle de prendre ses distances avec Soumeylou Boubeye Maïga. Il a par sa façon de conduire les actions publiques irrité certains cadres de la majorité. La sortie de deux députés du parti au pouvoir le Rpm, appelant à un changement de gouvernement est assez illustrative du malaise que traduit la plateforme Ensemble pour le Mali. Les responsables du parti du Tisserand lui en veulent à mourir, pour avoir «
débauchés » leurs élus.
Aussi hormis Amadou Koita et Tiémoko Sangaré aucun chef de parti politique de la majorité ne se trouve au premier plan. Ils sont pour le meilleur des cas réduit au rôle de simples conseillers dans les différentes institutions sinon la plupart ont été écartés des affaires. «
Ce que certains n’ont pas toujours digéré.
Il n’est pas donc exclus que ceux-ci soutiennent les détracteurs du premier ministre », commente un observateur de la vie politique. Dans les coulisses, certains responsables de la majorité n’hésitent pas à dire que le Premier ministre n’est pas «
rassembleur ».C’est ce qui pourrait expliquer le silence de cathédrale observé par les ténors de la majorité présidentielle.
Bien sûr tout ça ne peut pas être vrai. Mais tout n’est pas également faux. Il appartient à Soumeylou Boubeye Maïga de travailler pour resserrer les liens de sa majorité autour de lui. Et au-delà de la majorité, il lui faut rétablir la confiance entre l’opinion publique et lui. Tout autre chose serait grave de conséquence. Car comme disait l’ancien ministre de la justice française, François Bayrou
« on ne peut pas gouverner contre le peuple ».
Autrement le président de la République doit prendre ses responsabilités en tirant toutes les conséquences de la situation. C’est d’ailleurs sur ce terrain qu’il est attendu par bon nombre de maliens.
Abdrahamane Sissoko/Maliweb.net