Boubacar Traoré, premier vice-président de la tendance M5-RFP fidèle au premier ministre Choguel Kokalla Maïga, a été arrêté hier lundi dans les locaux de la primature après la publication d’un mémorandum très critique aux militaires au pouvoir.
La tendance M5-RFP du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, vit des heures difficiles ces derniers temps avec leurs alliés militaires au pouvoir depuis la rectification de la trajectoire de la transition en date du 24 mai 2021. Pour cause, le premier vice-président du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques, Boubacar K Traoré, non moins chargé de mission à la primature a été interpellé par les services de renseignement hier lundi alors qu’il était dans son bureau. Des sources proches de la primature informent qu’il a été cueilli dans son bureau par les agents habillés en civil puis conduit pour une destination inconnue.
Ce proche du chef du gouvernement a signé un mémorandum publié la semaine dans lequel il dénonce le non-respect du partenariat que liait le mouvement politique du premier ministre aux militaires au pouvoir. Il fustige le relâchement des termes du Pacte d’honneur du partenariat stratégique liant les deux Forces civiles et militaires pour le changement en évoquant le limogeage et le remplacement de presque tous les ministres du M5-RFP issu de la formation du gouvernement de Transition le 11 juin 2021 sans consultation ni proposition de Dr Choguel K. Maïga, Il déplore l’isolement de son mentor dans la prise de certaines décisions majeures dans la gestion de l’action, notamment la finalisation de la réorganisation territoriale, la gestion de la crise énergétique, l’organisation de la campagne référendaire et du « meeting de la honte » du 8 juin 2023, le report des élections, voire les négociations sur certains dossiers à caractère économique et financier avec des partenaires stratégiques dans le cadre de l’Alliance des Etats du Sahel.
Le mémorandum signé par Boubacar K Traoré s’oppose à la qualité de la distribution de la justice citant des cas d’arrestations extrajudiciaires, la question de la candidature du Colonel Assimi Goïta à la prochaine présidentielle, la promotion au rang de général des cinq colonels et du colonel Abdoulaye Maïga.
L’arrestation de Boubacar K Traoré est largement commentée dans les milieux politiques et sur les réseaux sociaux. Pour certains, c’est une véritable gifle ou humiliation que les véritables tenants du pouvoir viennent d’infliger à leur allié Dr Choguel Kokalla Maïga, chef du gouvernement. Ce, en allant interpeller son bras droit dans le cabinet du premier ministre en plein jour. C’est la troisième fois que l’un des proches directs du chef du gouvernement soit interpellé par les forces de sécurité ou les services secrets sans qu’il puisse intervenir. Pour beaucoup, la rédaction d’un tel mémorandum et l’arrestation de son signataire lève le voile sur le fragile partenariat entre les militaires et les forces du changement dont se réclament la branche politique du premier ministre. Et traduisent l’ampleur du malaise entre le Président de Transition, le colonel Assimi Goïta et Dr Choguel K Maïga. De quoi faire dire à beaucoup d’analystes que les jours du chef du gouvernement sont comptés à la primature.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net