Présidentielle 2022 : Des cadres de l’Adema-Pasj, l’URD et du RPM roulent pour le milliardaire Seydou Coulibaly

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Un phénomène qui va au-delà de la transhumance politique : du mercantilisme au niveau supérieur. Preuve aussi, à la fois, de la fragilité du cadre et partis politiques maliens.

La bataille s’annonce déjà rude pour la conquête de Koulouba. À dix mois de la   tenue des élections, la guerre des tranchées a démarré au sein des partis politiques et entre les principaux challengers à la présidentielle de 2022. De la pré-campagne à l’investiture du nouveau président, les hommes politiques seront à la manœuvre pour fomenter des coups bas, soit contre un adversaire direct, soit contre leurs propres formations politiques. Ce qui n’est d’ailleurs pas une nouveauté sur la scène politique malienne.

Les Maliens se souviendront en effet très longtemps encore de l’effritement de l’Adema orchestré par Alpha Oumar Konaré pour ouvrir la porte de Koulouba à un candidat indépendant, Amadou Toumani Touré en 2002.   Dans la même veine, le candidat de l’Adema Soumaïla Cissé, toujours en 2002, a claqué la porte du parti de l’abeille solitaire pour créer l’Union pour la République et la Démocratie (URD) parce qu’il a été lâché par une partie de l’Adema lors de la présidentielle de la même année. Des abeilles n’en récidiveront pas moins en 2013 en lâchant le candidat Dramane Dembélé en pleine bataille électorale.

Un véritable drame qui se profile à nouveau à l’horizon de l’agenda 2022

Ce qui signifie, très clairement, que l’heure des positionnements et des repositionnements a sonné pour les acteurs politiques. À dix mois de la fin de la transition, un seul sujet est au centre des discussions.  Déjà, des langues commencent à se délier.   Selon certaines indiscrétions, des cadres de l’Adema, l’URD et du RPM travailleraient en effet activement pour soutenir la candidature du milliardaire Seydou Coulibaly malgré la décision de toutes leurs formations politiques d’être sur la ligne de départ. Ces cadres qui veulent lâcher leurs familles politiques ne seront nullement en manque d’arguments pour justifier leur allégeance au futur candidat du mouvement ‘’Benkan’’.

Les trois formations politiques sont, d’une manière ou d’une autre, marquées par une certaine instabilité politique ou par d’autres événements malheureux. C’est le cas de l’URD   avec la disparition brutale de Soumaïla Cissé, son dirigeant historique. Quant au RPM et l’Adema, les ténors de l’ancienne majorité présidentielle doivent non seulement gérer au plus vite les conséquences du coup d’État du 18 août 2020, mais aussi apporter une réponse à la guerre de positionnement et au manque de leadership qui les empêchent d’aborder avec la plus grande sérénité la bataille électorale de 2022.

En attendant la réaction à leurs difficultés, des cadres politiques pas des moindres, surtout venant des rangs du RPM et de l’Adema, ont décidé de proposer leurs services aux plus offrants.

Adema-Pasj toujours entre guerre des clans, incertitude et accompagnement des régimes

Telle est la triste réalité politique qui a marqué la vie de l’Adema depuis sa défaite électorale contre le candidat indépendant Amadou Toumani Touré en 2002. Et cela, après dix ans de règne sans partage à la tête du Mali sous la conduite d’Alpha Oumar Konaré.  Même si les contextes ont changé, le même scénario risque de se reproduire en 2022. En effet, dans la Ruche, certaines abeilles n’écartent pas la possibilité de claquer la porte de l’Adema si cette dernière ne désigne pas Seydou Coulibaly comme son porte-étendard en 2022. Difficile de démentir cette information puisque, selon des sources proches de l’Adema, le milliardaire aurait intégré la famille des abeilles à partir de la sous-section de Markala.

D’ailleurs, la crise qui secoue l’Adema à la veille de son congrès ouvre la porte à tous les plans. Celle-ci risque de prendre une autre dimension avec la reconduction de Tiémoko Sangaré à la tête de la section de Bougouni et avec la défaite historique de Dramane Dembélé à Ségou.  Pour des observateurs politiques, la crise qui secoue le parti ressemble à de la poudre aux yeux pour   dissimiler l’incapacité de s’organiser pour reconquérir le pouvoir perdu. Après le congrès qui se tiendra certainement le mois prochain, la priorité de l’Adema se résumerait sans nul doute au calcul de la direction du vent pour bénéficier des bénédictions du futur président de la République.

Dans ce marigot des crocodiles politiques, Seydou Coulibaly, qui souhaiterait compétir sous les couleurs de l’Adema, se veut très prudent. Même si la piste de la famille des abeilles n’est pas écartée, le patron de l’entreprise Cira-Mali travaille sérieusement sur l’option d’une candidature indépendante sous la bannière d’un mouvement politique dénommé ‘’Benkan’’ ou pacte citoyen. Ledit mouvement a été lancé le samedi, 10 avril 2021, à Mopti. Le désormais appareil politique est composé des hommes d’affaires, des associations, des groupements de jeunes, femmes et cadres de certaines formations politiques. Parmi eux, le président de l’Adema, Tiémoko Sangaré serait en tête sur la ligne de départ pour soutenir Seydou Coulibaly. Ce dernier aura les mains libres quand il sera débarqué de la tête du parti à l’issue du prochain congrès.

L’URD à la recherche de l’oiseau rare

Depuis l’annonce de la disparition de son père-fondateur, Soumaïla Cissé, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) et ses militants ne savaient plus sur quel pied danser.  Après le deuil, les héritiers de l’enfant de Niafounké s’organisent tant bien que mal pour rebondir. Sous la conduite de son vice-président, Pr Salikou Sanogo, le parti multiplie des rencontres, des activités politiques et renforce ses rangs avec l’adhésion de certaines figures politiques comme l’ancien candidat à la présidentielle de 2018, Mamadou Igor Diarra et son mouvement politique (Le Mali en action). L’arrivée de ce jeune banquier à l’URD avait suscité l’espoir pour combler le vide créé par la mort de Soumaïla Cissé mais la direction du parti garde le silence sur l’intérêt précipité de l’ancien ministre des Finances d’IBK, ce qui peut être diversement interprété.

Pour noyer le poisson dans l’eau, certains responsables de l’URD prennent le devant en affirmant que « l’arrivée de Mamadou Igor Diarra n’est nullement conditionnée à sa candidature pour les élections présidentielles de 2022 ». Une chose est certaine, l’URD est à la recherche d’un successeur à Soumaïla Cissé. Et à mesure que l’échéance de la présidentielle approche, plusieurs noms sont évoqués. Aucun ne semble faire consensus.  Face à cette incertitude, certains cadres seraient déterminés à prendre le train de la conquête de Koulouba à côté d’un autre candidat. Et Seydou Coulibaly semble être encore le profil idéal pour donner un sens à leur projet.  Ainsi, selon certaines sources, le successeur de Soumaïla Cissé à la section de Niafounké, l’actuel président controversé du patronat malien, Diadié dit Amadou Sankaré, travaillerait activement pour soutenir la candidature de Seydou Coulibaly.

Le RPM face à l’adversité du clan IBK

Puisqu’il leur est impossible de se dissocier du bilan chaotique de la gestion d’IBK, Bokari Tréta et ses camarades du RPM travaillent non seulement à soigner l’image du parti, mais également à gérer les conséquences de l’après-coup d’État du 18 août 2020.

La débâcle politique du RPM est née au lendemain de la victoire d’IBK en 2013 pour son premier mandat. Élu avec un score record de plus de 77%, IBK a opté pour une gestion clanique et familiale du pouvoir en écartant purement sa propre formation politique jusqu’à sa chute en 2020.

Ainsi pour se faire une place sur la scène politique nationale avant les prochaines batailles électorales, le Tisserand en chef a sonné la mobilisation des troupes. Et la tenue des conférences régionales des différentes fédérations du RPM est l’illustration parfaite de cet engagement pour redresser la barre. La dernière en date fut celle de Gao le dimanche 11 avril 2021. Ce qui montre clairement la volonté du RPM de reconquérir le pouvoir en 2022 avec un candidat issu de ses rangs.

Malgré les efforts de Bokari Tréta et ses fidèles lieutenants, des cadres du RPM travailleraient en douce pour soutenir le projet présidentiel de Seydou Coulibaly. Ce plan de déstabilisation serait l’œuvre du président éphémère de l’Assemblée nationale dissoute, Moussa Timbiné et son mentor Karim Keïta, fils d’IBK et non moins ancien président de la Commission de défense de la même législature. Les manœuvres de Moussa Timbiné ne sauraient surprendre personne pour qui connaît l’adversité qu’il a entretenue entre lui et Bokari Tréta. Le temps nous édifiera davantage.

Nouhoum DICKO

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2 COMMENTAIRES

  1. Un illustre inconnu qui après avoir gavé les milliards gangrené par le soutien de tous ses régimes passés veut user de certains milliards, comme il en a beaucoup pour acheter des consciences inconscientes. Lui a quoi pour sauver ce Mali. Le ridicule ne tue pas dans ce pays.

  2. Quand on trahi son peuple, c’est comme ça qu’on fini, il n’est pas étonnant de voir ces pauvres partis se réduire à leur simple expression en se mettant au diapason d’un milliardaire de la trame de Seydou COULIBALY, car avec la guerre des clans aucun parti ne peut résister, ainsi arrive la fin de l’hégémonie de ces partis qui ont clouer le Mali pendant très longtemps. Mais, mais, mais, si le “benkan” réussi ce ne serait pas pour longtemps, nous restons certains que ce milliardaire finirait par s’émousser très rapidement; qui vivra, verra très prochainement. Nous ne sommes pas sûrs que cet homme ait la solution aux grands problèmes maliens qui sont d’ordre matériel et immatériel, certaines ambitions démesurées d’un certain nombre de maliens véreux sont difficilement maitrisables, surtout avec trop d’égos, trop de méchancetés, trop de jalousies, trop de clanismes, trop de favoritisme et trop de népotisme. Ainsi, Seydou ira sans équivoque dans le décor, car c’est l’ancien système qui serait toujours là avec ses tares et ses insuffisances, ce qui est certain, Seydou n’est pas différent d’IBK, d’ATT, d’Alpha Oumar KONARE et de Moussa TRAORE et son parti unique, sans nettoyage très fort aucune transformation ne serait possible dans ce pays, comment peut-on croire qu’une plaie peut-être guéri sur un abcès? Impossible, il faut d’abord percer l’abcès, ce système a trop de bourreaux qui vivent sur leurs victimes depuis trop longtemps. Le Mali actuel a besoin d’être évalué, d’être audité et appliquer les sanctions sans aucune complaisance comme ce fut le cas récent de Bakary TOGOLA et de Amadou Haya SANOGO en se moquant du peuple malien, ce qui est certain, la nouvelle constitution doit donner la place à la justice coranique en mettant en place le Kady et le procureur de la République, car une grande partie du Mali d’aujourd’hui n’a plus confiance à ce système de justice occidentale qui semble se moquer du citoyen lambda.

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