Présidentielle DE 2012 : Soumaïla Cissé prépare sa revanche

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Candidat malheureux à la présidence de la République en 2002, Soumaïla Cissé attend impatiemment son heure en 2012. Reste à savoir maintenant, si le mentor de l’Urd, actuel président de la Commission de l’Uemoa, pourra, dans l’éventualité où il sera au deuxième tour, bénéficier du soutien des mastodontes de la classe politique que sont l’Adema-PASJ et le RPM.

S’il y a sur l’échiquier politique un chef ou un mentor de parti qui ne rêve que de Koulouba, c’est bien Soumaïla Cissé, celui-là même qui a été trahi lors de la présidentielle de 2002 par des barons de l’Adema, alors qu’il était le candidat officiel de ce parti. Même si, par la suite, le vainqueur de cette élection, à savoir le président de la République, le Général d’Armée Amadou Toumani Touré, se battra, auprès de ses pairs, afin que " son frère et ami Soumaïla Cissé " soit nommé à la présidence de l’Uemoa. Quelle générosité et quel esprit de consensus ! Ça, c’était pour l’histoire.

   Après son second et ultime mandat à la tête de l’Etat, le président ATT a, de manière inattendue, annoncé le 19 avril 2010, lors de la présentation du Rapport Daba Diawara, qu’il ne tordra pas le cou à la Constitution et qu’il partira en 2012, comme prévu. Cette petite phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Les candidats potentiels l’ont tous appréciée à sa juste valeur. Car, si l’intéressé avait  laissé s’installer le suspense, cela aurait naturellement joué sur les préparatifs, tant  d’ordre stratégique, matériel que financier, des candidats potentiels à la course à la présidentielle de 2012. 

   Parmi les candidats attendus dans le starting-block figure, en tête de liste, Soumaïla Cissé. En dépit des réserves qu’impose sa mission à l’Uemoa, Soumaïla Cissé n’a jamais rompu avec la politique devenue, chez l’enfant de Niafunké, une véritable obsession. C’est ainsi qu’il a participé à plusieurs conférences régionales voire de simple conférence de section (en commune V par exemple) de son parti. A l’extérieur du Mali également, il ne rate aucune occasion de rencontrer les militants de l’URD au cours de ses multiples déplacements. Avec pour dénominateur commun pour l’ensemble de ces rencontres : la présidentielle de 2012 dont de nombreux observateurs assurent déjà qu’elle sera serrée voire très serrée. D’où cette campagne permanente que Soumaïla Cissé n’a jamais cessé depuis la création de son parti le 1er juin 2003.

   En effet, il faut reconnaître que l’homme revient de loin. Candidat à l’investiture de l’Adema-PASJ, alors qu’il était un politicien quasi inconnu au sein du microcosme, il battra son " ami de tous les jours ", Soumeylou Boubèye Maïga qui était, aux dires des observateurs, le candidat préféré de Koulouba à l’époque. Le résultat de cette première expérience de démocratie à l’américaine avait été largement favorable à l’ancien super ministre chargé de  l’Equipement, de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme. Il avait, au cours de cette joute sans merci, battu Soumeylou Boubèye Maïga par le score sans appel de 221 voix contre 180.

 Une victoire au goût amer

 Quelques jours après sa victoire, le super ministre Soumaïla Cissé a été sorti, contre toute attente, du gouvernement de feu Mandé Sidibé. Cela avait été mal accueilli par les militants et sympathisants de la Ruche qui ont alors pensé que, certainement, sa victoire n’avait pas plu au Boss de Koulouba. Alors que de l’autre côté, on rassurait que c’était ainsi afin que le candidat puisse mieux s’occuper de sa campagne. L’affaire a fait tellement de bruit au sein du parti de l’Abeille, que son président, Dioncounda Traoré, a jugé utile d’éclairer la lanterne des militants, apaiser leur colère, par ces mots : " Une question semble préoccuper beaucoup de nos amis, à savoir si Soumaïla Cissé a été limogé, a-t-il démissionné? Je vais vous répondre très simplement: Vous savez l’Adema est un parti très organisé. Le gouvernement, j’espère que personne ne le niera ici, est un gouvernement très organisé. Ce genre de problème, il suffit de réfléchir pour en trouver la réponse logique…". Nous allons faire l’économie du reste du discours du président de l’Adema qui, apparemment ce jour-là, n’a convaincu personne. Les militants de la Ruche sont restés sur leur faim tout en pensant que Soumaïla Cissé a été (déjà) trahi. Par qui ? Ils seront, par la suite, assez nombreux les cadres de la Ruche à s’éloigner, petit à petit, du candidat de leur parti. D’autres allaient carrément s’installer dans l’indiscipline en croisant le fer avec lui, en se présentant candidats à la présidentielle de 2002. C‘est dire que dès le départ Soumaïla Cissé a été confronté à de fortes adversités à l’intérieur même de son parti. C’est donc, d’une courte tête, qu’il avait devancé Ibrahim Boubacar Kéïta, le candidat du RPM. Au second tour, le candidat indépendant Amadou Toumani Touré avait emporté sur celui du parti majoritaire. Une page venait d’être tournée.

 Un seul rêve : le Palais de Koulouba

  Contrairement à 2002, quand vingt et quatre candidats s’étaient alignés au premier tour de la présidentielle, il faudra, en 2012, s’attendre, à ce qu’il y ait certainement moins de candidats. Et pour cause…

    De 2002 à maintenant, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Soumaïla Cissé a eu tout le temps de se remettre de sa défaite mais surtout des coups bas et des trahisons qui ont jonché son chemin pour Koulouba. Aussi, l’enfant de Niafunké, devenu, entre temps, un politique aguerri, ne cache plus son ambition d’être le successeur du président ATT en 2012. Pour cela, il a d’abord investi dans le parti, l’URD, créé uniquement dans le but de pouvoir l’accompagner dans son ascension de la colline du pouvoir. Si en 2007, il a préféré ne prendre aucun risque face à un ATT qui était candidat à sa propre succession, en 2012, il compte bien tenter le défi, et pourquoi même pas le relever.

Le réveil soudain du trio Adema-URD-RPM, en vue de créer une union sacrée, atteste de la volonté ferme de ces partis de se battre afin de barrer la route au poulain de ATT dont le nom est, pour le moment, caché comme une roche dans les profondeurs du Tamasna.

  La cohabitation entre ATT et les partis de la majorité ayant vécu à la suite de la naissance du PDES, les leaders des trois grandes formations politiques veulent éviter les décisions de dernière minute et tenter un rapprochement dès maintenant. Mais, prudence, personne ne veut parler pour le moment, alors que la bataille de 2012 se rapproche à grands pas.

   En début 2011, Soumaïla Cissé doit normalement faire ses adieux à  l’Uemoa,  lors du 15ème sommet  de cette organisation sous-régionale prévu en janvier 2011 à Bamako. Mais d’ores et déjà, son parti prépare activement le renouvellement des organes des Mouvements des Femmes et des Jeunes dont les congrès sont prévus en décembre 2010. Le congrès extraordinaire qui verra Soumaïla Cissé remplacer, tel que prévu par le schéma, Younoussi Touré, étant prévu en début 2011. Si ce schéma est mis en route et exécuté sans anicroche, une conférence d’investiture choisira alors Soumaïla Cissé comme candidat de l’URD à la présidentielle de 2012.

   On dit l’homme pressé et déjà prêt à croiser le fer. Il aurait, aux dires de certains de ses thuriféraires, son budget de campagne déjà bouclé. Il ne lui resterait maintenant qu’à gagner le soutien de Dioncounda Traoré ou de Ibrahim Boubacar Kéïta au cas où un deuxième tour l’opposerait à Modibo Sidibé, par exemple, le candidat le plus craint par le trio Adema-URD-RPM. En cas de deuxième tour, Soumaïla Cissé pourra-t-il battre Modibo Sidibé ? 

Mamadou Fofana

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