Présidentielle de 2022 : Emmanuel Macron propose Boubou Cissé ou Moussa Mara pour que Mahmoud Dicko ne rafle la mise sur le plan politique

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Pour les responsables français, l’imam Dicko mène une stratégie d’entrisme politique sous couvert d’un combat pour la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Son influence est réelle. Il a pu faire nommer plusieurs ministres dans le gouvernement de transition. «L’imam Dicko joue politiquement pour lui-même, affirme le proche du président français. S’il accède au pouvoir, il projette de faire la paix avec les terroristes, avec lesquels il est déjà en discussion. Nous ne sommes jamais parvenus à faire dévier, au Mali comme  ailleurs, un islamiste de son agenda. Pourtant, l’islam qu’il incarne est minoritaire. Le seul game changer serait d’avoir un leadership politique au Mali qui fasse bouger le pays. Il faut une nouvelle génération d’acteurs politiques honnêtes et soucieux du développement de leur pays, comme Boubou Cissé et Moussa Mara (deux jeunes anciens  Premiers ministres)

Le piège africain de Macron, c’est le titre d’un livre écrit par deux (02) journalistes spécialistes de l’Afrique. À la lecture de cet ouvrage de 265 pages, on comprend l’acharnement de la France, de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation des nations unies (ONU) contre le Mali pour tenir l’élection présidentielle, en février 2022. Les résultats sont déjà connus: Boubou Cissé et Moussa Mara sont les deux (02) candidats retenus par Macron. Tous deux (02) anciens Premiers ministres du régime Ibrahim boubacar Kéita contesté puis effondré par la corruption et le détournement de deniers publics. Si le premier Boubou Cissé  traînerait des casseroles, le second Moussa Mara serait accusé pour meurtre (assassinats des administrateurs civils et policiers à Kidal, en 2014). Le report de l’élection présidentielle entraînerait selon la France, la participation d’outsiders  comme l’Imam Mahmoud Dicko ou un porteur d’uniforme en attente.

Quinze ans après son stage d’énarque au Nigeria, Emmanuel Macron est élu président de la République française. Il promet de faire souffler un vent nouveau sur les relations avec le continent africain. Fort de sa jeunesse et de son libéralisme, il dénonce une «françafrique» postcoloniale dont il ne se sent pas comptable et mise sur les nouvelles générations pour réconcilier les mémoires des deux (02) côtés de la Méditerranée. Mais il se heurte au réel. Les autocrates, à la longévité exceptionnelle, ne tardent pas à lui rappeler qu’ils sont les derniers des Mohicans à défendre les intérêts français, en Afrique comme dans les organisations internationales. Sur un continent mondialisé redevenu géostratégique, la France ne pèse guère plus que par son armée dans le Sahel et  quelques empires familiaux.

Pour échapper à cette perte d’influence globale, Emmanuel Macron joue un joker inédit: «l’Afrique» en France. Il crée un Conseil présidentiel pour l’Afrique composé essentiellement de Français originaires du continent, dans le dessein de dépoussiérer la politique africaine de l’Hexagone. Au terme d’une enquête de deux (02) ans auprès de multiples interlocuteurs, deux  (02)journalistes, Antoine Glaser, ancien Directeur de la rédaction d’Africa Intelligence, auteur de «Comment  la France a perdu l’Afrique» et Pascal Airault, journaliste éditorialiste à l’Opinion, a réalisé de nombreux reportages  pour Jeune Afrique. Il est l’auteur de «Françafrique. Opérations secrètes et affaires d’État».

Au Mali, l’islam modéré malikite, pourtant majoritaire ne parvient pas à éteindre la voix des wahhabites qui étaient influents dans le Haut Conseil islamique (HCI).

Au Burkina Faso, les medersas se développent, souvent  hors de contrôle des autorités. Le Niger fait aussi face à la montée de l’obscurantisme. Et le conservatisme social est plus fort au Sénégal.

En France, on pointe un doigt accusateur sur les pays du Golfe (Qatar et Arabie saoudite, eux-mêmes en compétition) et de la Turquie, qui dévoient la pratique de l’islam au sud du Sahara, ce qui n’est pas sans susciter des conflits sociétaux au sein même des communautés musulmanes sur les pratiques religieuses. «Les hommes d’affaires turcs emmènent deux choses dans leurs valises quand ils viennent faire du business en Afrique: le prosélytisme des Frères musulmans et la promotion d’un modèle  autocrato-libéral incarné par le président Erdogan», assure un proche d’Emmanuel Macron.

Au niveau des ambassades, la priorité d’Ankara est de faire fermer les écoles gùlenistes. Les officiels turcs prennent aussi langue avec les confréries et les leaders religieux africains pour diffuser un islam officiel. Pour l’instant, il n’y a pas encore de grand parti politique de la mouvance des Frères musulmans formellement identifié au sud du Sahara. Mais les choses pourraient évoluer.

«Nous allons faire face à des poussées d’islam politique au Mali, au Burkina  et au Niger, reconnaît ce proche du président. L’étendue de la percée des partis islamiques dépendra de l’offre politique alternative qui sera proposée aux citoyens. L’équation pour la France est de faire émerger cette offre en promouvant des leaders politiques promoteurs en Afrique de l’Ouest que l’on s’efforce de bien traiter», précise cette source. L’idée est en fait d’aider la nouvelle génération de leaders laïques et francophiles, pour en faire la prochaine relève, alors que les dirigeants de l’Internationale socialiste sont en fin  de parcours en Afrique de l’Ouest.

«Il faut promouvoir des personnes bien formées qui ne sont pas dans l’idéologie islamique et dans la lutte postcoloniale, ou qui connaissent mieux la France que leur propre pays», poursuit ce proche d’Emmanuel Macron. Ces personnalités sont identifiées par l’Elysée, les ambassades, le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS du Quai d’Orsay). «Si nous ne réussissons pas, des imams comme Mahmoud Dicko au Mali vont rafler la mise sur le plan politique».

Personnalité très populaire dans son pays, ce leader religieux salafiste a aidé le président  Ibrahim Boubacar Keïta à accéder au pouvoir, en  2013, puis a contribué à la chute de son régime, le18 août 2020, au sein  du mouvement révolutionnaire du 5 juin, finalement doublé par les putschistes. Ancien professeur d’arabe de soixante-huit (68) ans, originaire de la région de Tombouctou, formé au wahhabisme à Médine en Arabie saoudite, Mahmoud Dicko manie l’ambigüité à dessein en s’inspirant du pape  François.

«Le plus grand politique de notre temps, c’est qui ?», demandait-il lors de l’Autre Forum de Bamako en février 2021. «C’est le Pape, c’est un chef d’État. S’il vient au Mali, ce n’est pas un imam qui va aller l’accueillir, mais c’est le président de la République. Et ils parleront de toutes les questions qui concernent la République. Pourquoi vous acceptez que le Pape le fasse et que nous ne puissions pas parler de la gestion de la vie de notre nation ?».

Selon lui, les musulmans ont  le droit d’être aussi influents que les Juifs et les chrétiens en Occident. Fin analyste de l’évolution des mœurs, l’imam Mahmoud Dicko sait fédérer pour faire barrage à un projet de loi, une réforme gouvernementale ou la publication d’un manuel scolaire pas à son goût. Son influence s’est affirmée à partir de 2008, lorsqu’il a pris la tête du Haut  Conseil islamique malien (HCIM), créé  en 2002. Il y restera jusqu’en 2019, lorsque le prêcheur malikite Chérif Ousmane Madani Haïdara lui succède. L’imam rigoriste a depuis lancé la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), lieu de rassemblement de ses fidèles.

Habile tacticien, il loue aujourd’hui les vertus de la laïcité à la malienne: «Les gens ont cohabité, le féticheur par-là, le marabout par-là, l’imam par-là, d’autres là-bas, ça n’a jamais posé de problème. Nous avons  eu toujours l’intelligence de manager ces choses-là ensemble».

Pour les responsables français, l’imam Dicko mène une stratégie d’entrisme politique sous couvert d’un combat pour la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Son influence est réelle. Il a pu faire nommer plusieurs ministres dans le gouvernement de transition.

«L’imam Dicko joue politiquement pour lui-même, affirme le proche du président français. S’il accède au pouvoir, il projette de faire la paix avec les terroristes, avec lesquels il est déjà en discussion. Nous ne sommes jamais parvenus à faire dévier, au Mali comme ailleurs, un islamiste de son agenda. Pourtant, l’islam qu’il incarne est minoritaire. Le seul game changer serait  d’avoir un leadership politique au Mali qui fasse bouger le pays. Il faut une nouvelle génération d’acteurs politiques honnêtes et soucieux du développement de leur pays, comme Boubou Cissé et Moussa Mara (deux jeunes anciens  Premiers ministres), car, dans d’autres endroits du monde, nous avons vu ce que l’agenda de la bonne gouvernance islamiste a produit».

Équation finalement très compliquée pour Paris, dans des pays qui ont tendance à vivre sous des régimes de plus en plus autoritaires. Car compter sur la nouvelle génération africaine pour une reprise en main d’un islam sorti des griffes du salafisme est un pari qui est loin d’être gagné.

Antoine Glaser et Pascal Airault «Le Piège Africain de Macron»

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10 COMMENTAIRES

  1. Un minable esclave cravaté& comme bouboutiga me degoute !!!

    si jamais un malien écoute ce chien, c’est aussi un chienden !

    Dégagez tous ces politchiens millionaires, qui ont mis notre pays en esclavage à la franSS !!!

    Si vous voyez bouboutiga, pissez sur lui !!!

    CEs gens ont fait top de mal aux malines !

  2. Quel titre stupide et insultant pour l’intelligence des Maliens ? C’est tout simplement une manœuvre pour profiter du climat de populisme anti- français et essayer de rendre Boubou Cissé impopulaire.

  3. La stratégie politique de la France reste la même, il s’agit de diviser pour mieux régner. Les autorités maliennes actuelles l’ont bien compris et sont à l’offensive pour neutraliser Emmanuel MACRON dans sa campagne pour sa réélection en 2022.

  4. La structure politique du Mali est connue.
    POUR REMPORTER LES ÉLECTIONS,IL FAUT ÊTRE SOUTENU PAR LES GRANDS PARTIS CAR DES PERSONNALITÉS POLITIQUES FORTES GENRE IBK POUR L’IMPOSER FACILEMENT AUX MALIENS N’EXISTENT PLUS.
    IBK s’est servi de son aura acquise pendant qu’il était CHEF DE GOUVERNEMENT pour séduire les maliens sans y parvenir car il a été incapable de passer dès le premier tour malgré les soutiens de tous les proches du pouvoir en plus des religieux.
    Le score du deuxième tour ne reflète pas la popularité d’un candidat.
    On vote plus contre que pour.
    C’est le cas de MACRON face à marine le pen.
    Après son échec éclatant,ce ne serait plus possible au Mali.
    SI ON ARRIVE À RÉALISER LES RÉFORMES SOUHAITÉES ET NÉCESSAIRES QUI FAVORISENT LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE,LA FRANCE NE PEUT PAS IMPOSER SON CANDIDAT.
    En l’état actuel de notre pays,un candidat étiqueté FRANCE est écarté d’office de la course par les électeurs.
    SI ON VA AUX ÉLECTIONS SANS CES RÉFORMES,CE QUE SOUHAITE LA FRANCE ET SES ALLIÉS DE LA SCÈNE POLITIQUE MALIENNE,LA FRANCE VA IMPOSER UN CANDIDAT.
    Il faut être sûr que les COLONELS sont toujours avec la France tant qu’ils collaborent avec les SÉPARATISTES.
    Seule une FORCE organisée genre M5-RFP peut les pousser à réaliser ces réformes souhaitées et nécessaires.
    CHOGUEL MAIGA a anéanti cette force par sa SOIF DE POUVOIR.
    Avant lui certains jeunes du M5-RFP ont abandonné la lutte du M5-RFP pour s’associer aux militaires.
    La pression que le M5-RFP a exercé sur IBK n’existant plus,il y a une probabilité que les recommandations des ASSISES NATIONALES soient manipulées.
    À priori,les naïfs plus nombreux accordent une CONFIANCE aveugle à ASSIMI GOITA alors qu’il suffit de voir les activités du ministre de l’administration territoriale pour constater qu’il est toujours avec la France.
    SÉPARATISTE=FRANCE.
    CHOGUEL MAIGA est entrain de manipuler pour être dans le lot des francophiles patentés.
    Ses déclarations souverainistes sont une posture adoptée pour négocier sa docilité.
    Ce n’est ni sa conviction,ni sa nature politique qui se manifeste.
    Les hommes politiques étiquetés ANTI IMPÉRIALISTES sont connus des maliens.
    CHOGUEL MAIGA n’en fait pas partie.
    OSER LUTTER,C’EST OSER VAINCRE!
    La lutte continue.

  5. > L’Inter de Bamako est la voie des malhonnêtes diffamateurs du Mali !
    > MACRON ou pas, nous votons le Dr Boubou CISSÉ !

  6. MACRONI,
    TU PEUX LEUR DONNER LA NATIONALITE POUR QUE CES 2 SOIENT PRESIDENT EN FRANCE OU SINON MINISTRE ;
    LE PEUPLE MALIEN DIGNE NE VEUT PLUS DE TES PREFERES ;
    L’UN VOLEUR, ASSASSIN ET APATRIDE (BOUBOU LE SINGE)
    L’AUTRE ARROGANT, SUFFISANT ET GONFLE (MARA)

  7. Macron ou les laquais de Macron se trompent. Avec les casseroles qui sont derrière Boubou, lui il est à écarter. Puis le peuple sait déjà qu il jouera pour la France. Je me demande si un parti politique sérieux proposera B Cisse comme candidat. Bref le peuple n est pas dupe, ce médias joue pour Boubou Cisse en essayant déjà de jauger la réaction du peuple. Dommage

  8. Les mêmes autoproclamés connaisseurs de l’Afrique ! On commence toujours par ces types d’analyses et de publications pour orienter nos décisions. Dommage !

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