Présidentielle 2012 : Soumaïla Cissé pourra-t-il compter sur le soutien d'ATT?
Avec l'arrivée de l'ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, sur l'arène politique, le chemin pour le palais présidentiel devient de plus en plus escarpé et difficile pour tous ces candidats engagés dans la bataille pour la succession d'ATT en 2012. Résultat: tout le monde lorgne maintenant du côté de Koulouba. Epiant les moindres faits et geste d'ATT, devenu plus fort que jamais au moment même de son départ…L'enfant de Niafunké, Soumaïla Cissé, qui sera investi le 18 septembre prochain, pourra-t-il compter sur le soutien de l'enfant du Soudoubaba, le président ATT ?
L'homme qui remettra, dans quelques jours, les clés de la Commission de l'Union Economique et Monétaire (UEMOA) après huit années de bons et loyaux services rendus à la communauté sous-régionale n'est pas un inconnu dans le landernau politique national. Candidat malheureux à la présidentielle de 2002, il est battu, avec armes à la main et cela malgré les multiples trahisons dans son camp, par le candidat indépendant Amadou Toumani Touré à l'issue du second tour de la présidentielle. Alors que tous les sondages le donnaient favori dans la mesure où il était le candidat officiel de la première force politique du pays, à l'époque et maintenant, à savoir l'Adema-PASJ. De cet échec, Soumaïla Cissé retiendra plusieurs leçons principalement sur la trahison dont sont capables des hommes et femmes en politique. Dans le but d'assouvir des intérêts personnels au détriment de ceux du parti.
S'étant présenté, d'abord, comme candidat à la candidature de l'Adema-PASJ dont il était l'un des cadres les plus connus et, peut-être, les plus riches - mais pas parmi les plus influents -, il allait, contre toute attente, mettre KO son challenger à la Convention nationale, des 5 et 6 janvier 2002, Soumeylou Boubèye Maïga, à l'époque tout puissant ministre de la Défense de Alpha Oumar Konaré. Le score sans appel de 221 contre 180 pour l'enfant de Gao, Soumeylou, est désormais inscrit en lettres de sang (ce fut une période douloureuse pour l'ADEMA) dans les annales du parti des abeilles. Les résultats complets avaient été : Inscrits : 456, Votants : 422, Suffrages exprimés : 401, Bulletins nuls : 21. Ont obtenu : Soumaïla Cissé : 221, Soumeylou Boubèye Maïga : 180.
Dès le jour de la victoire de Soumaïla Cissé, la machine pour démolir le candidat de l'ADEMA a été actionnée. Depuis Koulouba, aux dires de certains où un certain Alpha Oumar Konaré, président de la République à l'époque, aurait dit à des officiels de l'ADEMA qu'il recevait de ne " pas prendre ATT comme un ennemi du parti". Une petite phrase qui a été saisie, par la plupart de ses hôtes du jour, comme une invite " à lâcher le candidat du parti " au profit du héros du 26 mars 1991 dont le retour au pouvoir avait été minutieusement préparé. La suite des événements allait donner raison à ceux qui ont très tôt pensé que Soumaïla Cissé avait été trahi par des barons du parti dont il était le candidat officiel. On se rappelle que dans le plan de trahison, un maire d'une grande ville de notre pays était même arrivé à se faire remettre 20 millions F CFA par la direction de campagne de Soumaïla Cissé avant d'aller investir ladite somme…dans la campagne du candidat indépendant Amadou Toumani Touré. Des hauts cadres de l'ADEMA ont détourné des biens de campagne de leur parti pour se retrouver dans le camp adverse. Laissant, au second tour, un Soumaïla Cissé inconsolable mais décidé à ne pas lâcher du lest. C'est vrai que tous ces barons ayant trahi le candidat de leur parti au profit d'ATT ont bénéficié de juteux postes auprès de ce dernier qui s'apprête maintenant à souffler sur ses dix bougies à la tête de notre pays.
Toute chose pour dire que nos tropiques africaines, c'est la politique du ventre qu'on privilégie et non les convictions a fortiori la défense d'une idéologie.
En 2003, afin d'essuyer ses larmes et lui trouver un gagne-pain costaud, le président de la République, pour qui Soumaïla Cissé n'est pas un inconnu, allait faire le plaidoyer auprès du président sénégalais pour hisser l'enfant de Niafunké à la tête de la Commission de l'UEMOA. Mais avant cette nomination, Soumaïla Cissé, avec d'autres cadres et militants qui se sont sentis trahis par le comportement des barons de la ruche, avait trouvé le temps et les moyens pour créer, le 1er juin 2003, l'URD. Dont il allait confier les rênes à l'ex-Commissaire du Mali auprès de l'UEMOA, Younoussi Touré, rentré au pays après sa retraite.
En 2007, Soumaïla Cissé, président de la Commission de l'UEMOA et " propriétaire de l'URD " allait s'afficher partout aux côtés du président ATT pour la campagne de ce dernier, candidat à sa propre réélection. Il le fera avec des leaders politiques de premier ordre comme Dioncounda Traoré, président de l'ADEMA, avec l'espoir, chez l'un comme chez l'autre, qu'ATT procédera au renvoi de l'ascenseur. Mais au profit de qui ? Tous les deux espérant sur l'appui discret du président sortant pour occuper, en 2012, le fauteuil présidentiel.
Voilà maintenant que Soumaïla Cissé va revenir au bercail avec, certainement, l'espoir qu'ATT va lui donner un coup de pouce dans sa reconquête du palais de Koulouba. Car, pour l'instant, sans ce coup de pouce, les observateurs se demandent comment Soumaïla Cissé, victime de préjugés plus ou moins favorables, pourra s'imposer comme un candidat rassembleur, de l'unité. Ce qui a fait, précisément, la force d'ATT en son temps. D'où la facilité et la baraka par lesquels il est en train d'accomplir ses dix ans à la tête de notre pays.
Mamadou FOFANA
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