CE QUE J’EN SAIS : Du romantisme à la tyrannie

Dans les sociétés africaines, la réussite d’un mariage dépend moins du degré d’amour et de confiance entre les conjoints que de la pression de l’environnement du couple, notamment des belles-mères et des belles-sœurs...

3 Sep 2006 - 16:58
3 Sep 2006 - 16:58
 0

Dans les sociétés africaines, la réussite d’un mariage dépend moins du degré d’amour et de confiance entre les conjoints que de la pression de l’environnement du couple, notamment des belles-mères et des belles-sœurs.

De nombreuses épouses sont aujourd’hui délaissées par leur faute car elles n’hésitent pas à recourir aux marabouts pour dominer ou séparer des personnes qui s’aiment réellement. C’est ce qu’Aïssatou a appris à ses dépens.

Elle a connu Allaye à l’Université. Il voulait être médecin et elle économiste. Pendant huit ans, ils se sont aimés à la folie sans rien se promettre. C’est au moment d’aller se spécialiser aux Etats-Unis qu’il lui demanda solennellement de l’épouser à son retour. Il était loin d’imaginer le projet que sa sœur nourrissait pour lui.

Ayant très tôt occupé la place de sa défunte mère, cette dernière avait demandé la main d’une de ses cousines pour son frère sans l’en informer. Elle avait peur que son frère épousât une inconnue qui allait le détourner de sa famille afin de bien jouir de sa réussite.

Malheureusement pour elle, son frère avait une autre conception du mariage. Il s’opposa donc à la volonté de sa sœur et épousa Aïssatou comme il la lui avait promis. La sœur ne s’avoua pas vaincue et comptait sur les marabouts pour inverser la tendance en sa faveur.

Et brusquement Allaye commença à s’éloigner chaque jour de la pauvre épouse dès le début de sa première grossesse. C’est à peine s’il rentrait à la maison. Souvent, il ne se présentait qu’au petit matin pour venir se laver et aller au travail. Il adressait à peine la parole à sa femme.

Entre eux, il n’y avait plus de câlins, plus d’intimité et de complicité comme dans le temps. Il ne lui donnait même plus régulièrement le prix de condiment à plus forte raison son argent de poche. Ses frais de consultations, ses ordonnances… étaient à sa charge.

Une fois, elle a eu une crise au beau milieu de la nuit. Ayant essayé de joindre son mari en vain, c’est presque en rampant qu’elle a pu sortir de la maison pour héler un taxi qui l’amena à l’hôpital où elle passa la nuit.

Le lendemain, lorsque Allaye la trouva sous perfusion à la maison, il ne lui demanda même pas ce qui lui était arrivé. Pis, il disparut tout le reste du week-end. Ce calvaire continua jusqu’à son accouchement. Ce jour aussi l’époux infidèle était absent. Ce n’est que le lendemain qu’il surprit à la maison sa conjointe et son nouveau-né, une charmante fille.

De baptême ? Il n’en eut point ! Il n’en voulait pas. Il avait d’autres préoccupations et surtout d’autres projets en tête. Sa sœur et sa maîtresse le dominaient maintenant aussi bien psychologiquement que socialement. Il n’agissait plus que sur l’ordre de celles-ci. Allaye était devenu une marionnette entre leurs mains. Avec l’aide des marabouts, elles avaient réussi à l’éloigner définitivement de sa femme qu’il avait un moment aimée à la folie.

Aïssatou se pose toujours des questions sur sa vie. Des questions auxquelles elle n’a pas forcément de réponse. Qu’est-ce qui explique le brusque changement de son époux, Allaye ? Comment un gentleman si tendre et si attentionné s’était-il transformé en monstre froid en homme vulgaire qui la battait pour un oui ou pour un non ?

Comment un homme qui s’était opposé à la volonté de sa très influente sœur pour l’épouser pouvait la détester cordialement et l’humilier au point de découcher des semaines entières ? Mystère ! Ce qui est sûr, c’est que son calvaire n’a pas encore connu son épilogue.

Moussa Bolly

 

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0