Pr. Abdoulaye Niang s’insurge contre la Minusma : «Les Nations-Unies ont sous-traité la sécurité à la France (Barkhane)»

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Invité en tant que personne ressource à faire une intervention lors de la conférence de presse du Groupe des patriotes du Mali (GPM), la semaine dernière, Pr. Abdoulaye Niang a fustigé la gestion faite par la Minusma de la crise. «Les Nations-Unies ont sous-traité la sécurité à la France (Barkhane)», a laissé entendre, Pr Abdoulaye Niang, qui estime en plus que le mandat de la Minusma n’est pas la mission appropriée pour notre pays. Nous vous proposons un extrait de ses propos.

«La Mission de stabilisation des Nations-Unies dérive au chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies, qui dit simplement qu’en cas de menaces, les Nations-Unies peuvent envoyer une mission pour aller assurer la stabilisation. Cette Charte a été approuvée en juillet 1945 à San Francisco, elle a 70 ans. La Charte est en état de ménopause avancée. Elle n’est pas appropriée dans le cas de l’environnement asymétrique du Mali. Lorsque le gouvernement de transition demandait aux Nations-Unies la mission, le réseau Diogo Ni Maya a dit non ! Vous avez l’article 7 de la loi 04 051 du 23 novembre 2004 portant organisation générale de la défense nationale. Cet article 7 est plus actif et plus approprié dans le contexte du Mali. On a écrit aux Nations-Unies, mais surtout saisi le Premier ministre de la transition, Diango Cissoko, qui n’a pas voulu nous écouter. Et on a porté plainte auprès du Procureur. Les Africains ne lisent pas les textes ; si on lit, on ne fait pas attention à certains mots clés. Dans la Résolution 2100 adoptée en juillet 2013 qui établissait  la Minusma, il y a une clause de prééminence de l’action du Mali par rapport à l’action internationale. Donc, en vérité, le Mali devait appliquer la loi nationale d’abord, avant de demander la Charte. Et les Nations-Unies sont restées constantes dans la Résolution 2227, en cours (juillet 2015). Ces résolutions ont insisté sur la clause de prééminence, mais aussi sur l’initiative du Mali et le Secrétaire général des Nations-Unies, a insisté sur la responsabilité du Mali. Pour éviter d’être poursuivi quand vous vous lancez dans un environnement asymétrique, vous devez savoir que la mission du Mali est la plus périlleuse dans l’histoire. Notre perception de la mission et notre désir de la mission, c’est de nous amener la stabilité. C’est de s’attaquer aux causes qui menaçaient la paix, mais les Nations-Unies ont enlevé du mandat de la Minusma, la lutte contre le terrorisme, les narcotrafiquants et les jihadistes. Les Nations-Unies ont sous-traité la sécurité à la France (Barkhane) qui est une opération qui n’est pas satisfaisante. Apparemment, leurs avions ne sont pas appropriés dans les environnements, mais c’est la Russie qui a beaucoup plus d’équipements. Mais,  pourquoi la donner à la France et non à la Russie et aux Etats Unis cette mission au sein du Conseil de sécurité ? Parce qu’il existe une attente tacite entre les nations chrétiennes qui date de 1496. Et qui dit que quand une Nation chrétienne arrive dans un pays comme le Mali, la première Nation qui vient, il faut respecter sa prééminence. C’est pourquoi, les Américains, en un moment donné, voulaient investir à l’Office du Niger, mais la France les a rappelés à l’ordre en 1977. Effectivement, les Américains aussi ont utilisé cette clause dans les années 1958 pour les Indiens pour retirer leurs terres. Ils ont voulu dire que les Russes doivent respecter la clause, mais les Russes ont refusé. Ce qui est intéressant pour les Russes. Dans le cadre la Syrie, la Russie, pour intervenir, à demander l’avis de la population, si elle aime que leur président soit avec eux. Une des raisons pour choisir la Russie en dehors de l’historique, c’est que dans le présent, seule la Russie peut leur dire non ! Référons-nous aux ressortissants et non pas à une France qui se dit être responsable de nous.
En fait, François Hollande l’a dit encore à la conférence de l’OCDE : la responsabilité sur le Mali. Et quand ils ont signé l’accord, ils ont dit que  Paris a l’œil sur IBK ; Paris a l’œil sur le Mali. En fait, la Minusma n’est pas la mission appropriée pour nous aider à nous en sortir. Le Commandant de la Minusma a été très clair dans son rapport de 2014-2015. Il a dit qu’il a  besoin plutôt de la protection de la population, c’est-à-dire, c’est la population qui doit les aider à être protégés. Ils n’ont pas le droit de tirer, sauf en cas de légitime défense. Les Guinéens sont morts et d’autres victimes, surtout après avoir levé le mandat de se battre avec les jihadistes. Mais, les parents peuvent porter plainte contre les Nations-Unies, parce qu’on a tué les membres de leur famille qui n’avaient pas le droit de se défendre : la complicité de la Minusma est dans ça. La Minusma n’est pas la mission appropriée pour nous, sauf si ses éléments sont dans l’ambiguïté et attendent qu’il y ait un problème entre l’Azawad et le Mali, avant de devenir une force d’interposition. Et comme ils ont suffisamment de civils parmi eux, ils vont aider à lancer l’administration de l’Azawad, comme ça été fait à Istimore, il y a quelques années. Donc, les Nations-Unies se sont repositionnées, si jamais demain, il y a un éclatement entre le Mali et l’Azawad : les gens de la Mission vont se transférer directement dans l’Etat nouveau qui sera créé. Il est important de souligner cela et si c’est possible, c’est d’avoir plutôt une co-entreprise sécuritaire pour l’Afrique où toutes les Nations non-africaines vont contribuer pour 60% de ressource sécuritaire, mais basée à Tessalit avec des branches à N’Djamena et à Djibouti. Et celles-ci vont permettre de s’occuper de tous ces narcotrafiquants. Et il faut savoir que la drogue qui quitte l’Amérique latine à 2000 dollars, arrive en Europe à 40.000 ou 60.000 dollars. Qui gagne dans cette économie criminelle ?
Donc, le problème est très complexe. Maintenant, si la Mission n’est pas importante, il faut la remplacer par une autre entreprise. Et que les Africains apportent 40% de ressources sécuritaires et les autres 60%. Je crois qu’on peut demander à la Russie et à d’autres membres influents du Conseil de sécurité d’extirper le Mali de la France ; de ne pas respecter cette clause de principe d’acquisition du territoire malien par une première Nation chrétienne qui est la France, mais plutôt de voir qu’il y a une crise globale sécuritaire qui demande autre chose : le renouveau du partenariat mondial pour le développement. La Russie est prête à donner des armes. La défense militaire tout court ne marche plus depuis l’échec des américains et de l’OTAN en Irak, en Afghanistan et en Libye. Il faut redonner la défense civile même aux Dozos. En ce moment, avec les armes que la Russie vend, on aura besoin pour nos Dozos et la jeunesse pour la défense de la Cité. On a besoin de la Russie dans la défense économique. La Minusma n’est pas appropriée, de mon point de vue ; elle va s’arrêter le 30 juin 2016. Mais, si elle ne s’arrête pas et elle ne veut pas combattre les terroristes, je crois que la population malienne peut s’organiser et manifester régulièrement jusqu’à ce que cette Minusma quitte le pays. Ses forces sont en train de violer partout les enfants, les filles et les femmes et on les laisse sur notre territoire, ce n’est pas normal».
Propos recueillis par Harouna COULIBALY

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1 commentaire

  1. Merci Pr niang tu est a la hauteur on a pas besoin de la MUNISMA en réalité. Mais Pr que est ce que tu en pense par rapport a la gestion actuelle du pays? 😉 😈 🙄 😳 :mrgreen:

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