Que sont-ils devenus … Djoman Sissoko : Le guérillero du Djoliba AC

A l'image de ses aînés des Jeux Africains de Brazzaville 1965 et de la Can de Yaoundé 1972, Djoman Sissoko a aussi contribué à écrire l'une des belles pages de l'histoire du football malien avec à la clef : une finale de Can junior et une qualification à la Coupe du monde.

1 Août 2025 - 01:56
1 Août 2025 - 11:57
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Que sont-ils devenus … Djoman Sissoko  : Le guérillero du Djoliba AC

En son temps, le football malien avec peu de moyens cherchait à sortir sa tête de l'eau. C'était en 1988 avec les Sory Ibrahim Touré dit Binkè, Amadou Bass, Kassim Touré, Malick Tandjigora, Issa Soumaré, Bouba Diabaté, Soumaïla Coulibaly et autres. A l'époque Djoman évoluait au COB, avant de transférer au Djoliba où il s'imposa comme la tour de contrôle du bastion défensif des Rouges et des Aigles du Mali. Et ce jusqu'à sa retraite en 1996. Qui est ce joueur ? Quelle fut sa carrière ? Djoman Sissoko est le héros de la semaine pour maintenir le cap de la régularité dans l'animation de "Que sont-ils devenus ?". L'ancien international du Djoliba nous a reçu à son lieu  de travail pour une évocation de sa carrière. L'accueil a été tellement chaleureux que nous avons passé plus de deux heures avec lui après l'interview. L'homme est d'une amabilité et d'une modestie sans fard.

Notre rencontre avec Djoman Sissoko ne pouvait nullement occulter le parcours du Djoliba en phase de poule de la Ligue des champions parce qu'il était l'entraineur adjoint de l'encadrement technique qui a réussi à briser le mythe de cette prestigieuse compétition tant convoitée. Dommage que les Rouges, au-delà de ce miracle, ont enregistré un bilan catastrophique avec : six matches, quatre défaites, deux matches nuls, douze buts encaissés. Quelle explication à ce naufrage ? Selon lui, l'explication est très simple : le Djoliba et sa barre technique ont été victimes de l'inexpérience face à d'autres clubs plus nantis sur tous les plans. Certes l'ambition n'était pas démesurée, mais ce parcours a permis au Djoliba d'intégrer beaucoup de paramètres.

D'autre part, il ne s'offusque pas du limogeage de tout le staff malgré cette qualification. Seulement il estime que vu l'engouement et l'espoir qui ont caractérisé cette qualification historique des Rouges, l'on pouvait donner plus de temps à l'encadrement technique. Bref, le départ du coach Demba et ses adjoints ne s'explique pas logiquement.

Il est très facile pour nous de retracer l'histoire de Djoman Sissoko, parce qu'il appartient à la race de jeunes talents qui ont suscité l'enthousiasme du monde sportif malien, quand notre football était nostalgique de bons résultats. L'on se contentait du Tournoi Amical Cabral.

Rugueux et rigoureux

Il était le stoppeur titulaire des juniors entraînés par le duo Nany-Doudou. Nous nous rappelons de ce jeune défenseur physiquement bien bâti, très athlétique et pétillant de santé. Véritable armoire à glace, Djoman n'accordait aucun répit à son adversaire. Il lui arrivait de le suivre jusqu'au banc de touche où il venait prendre de nouvelles consignes. Spécialiste de tacles spectaculaires, il paraissait toujours nerveux sur un terrain. Mais à la longue, nous finirons par comprendre qu'il est passionné et déteste la défaite. Ce qui explique son engagement.

Né et grandi à Bamako, Djoman Sissoko soutient n'avoir jamais pris du thé, fumé de la cigarette. Qui plus est, il se couche au plus tard entre 21 h et 22 h. Certes nous l'avons connu au COB, sinon pour le situer il faudrait parler de cette rencontre de championnat national entre le Djoliba et le Stade malien de Bamako en 1989.

Ce jour-là, les Rouges, qui menaient (1-0), ont subi les assauts répétés des Blancs. C'est dans une atmosphère de panique généralisée dans la défense djolibiste que Djoman Sissoko concéda le corner sur une occasion en or. Malheureusement, sa tête a cogné le poteau et il tomba en syncope. C'est dire son degré d'engagement.

L'homme a fait ses débuts au Club olympique de Bamako (COB). C'est là qu'il a entamé une belle carrière qui le conduira dans les différentes équipes nationales et au Djoliba AC. Sinon jouer dans un grand club n'était pas son ambition immédiate. C'est-à-dire que Djoman Sissoko ne se souciait pas trop, seulement comment s'imposer.

Sa sélection en équipe nationale par Kidian Diallo lors de la saison 1986-1987 donna une nouvelle dimension à sa carrière. Impressionné par les qualités du jeune défenseur, Kidian le recommandera à l'encadrement technique des juniors. Et voilà qu'il devint un élément incontournable des Aiglons au sein desquels il joua toutes les rencontres. Seulement au Gabon en match de préparation de la Coupe du monde en Arabie saoudite, il s'est fracturé le pied. Djoman est retourné à Bamako et l'équipe a continué sur le Royaume saoudien. Une fois à Bamako, il est informé que le président Moussa Traoré a instruit qu'il soit envoyé en Arabie saoudite où toutes les dispositions avaient été prises pour sa prise en charge. Il est resté longtemps à l'hôpital après même la Coupe du monde.

Fan d'Idrissa Traoré alias Poker

C'est surtout pour son admiration d'Idrissa Traoré dit Poker que Djoman a transféré au Djoliba en 1988. Il explique comment tout cela est arrivé.

"Jouer au Djoliba était un défi pour moi. Pour la circonstance, j'ai expliqué mon intention au président feu Karounga Kéita dit Kéké. Sans condition, je lui ai dit être disposé à m'engager pour la famille rouge. Il a fait prendre les dispositions pour formaliser ce transfert. Je profite de cette occasion pour renouveler toute ma gratitude à Kéké. Cet homme était un modèle du point de vue social et des responsabilités. Que dire aussi de feu Aly Koïta dit Faye, pour son dévouement vis-à-vis de ma personne !"

Depuis cette date, il n'a plus quitté la grande famille du Djoliba. A sa retraite footballistique en 1996, Kéké l'intronise préparateur physique de l'équipe, et adjoint des différents entraîneurs qui se sont succédé au Djoliba jusqu'en 2006.

De 2007 à 2011, Djoman avait les destinées de l'AS Mandé. Après cette aventure, il formera une équipe à Dougoulakoro, qui accède en 2e division.

En 2023, le Djoliba lui fit appel pour assurer l'intérim jusqu'à l'arrivée de Demba Traoré, dont il fut encore l'adjoint. Comme évoqué plus haut, à la suite des mauvais résultats en championnat, le staff est limogé. Depuis son départ de l'encadrement des Rouges, il s'occupe de son imprimerie sise à Bamako-Coura Bolibana.

Comme joueur au Djoliba, Djoman Sissoko a remporté deux coupes du Mali (1993,1996), quatre  titres de champion (1988, 1990 1992 1996) et un doublé en 1996. L'homme est marié et père de cinq enfants dont deux garçons. Dans la vie, il aime le football, la lecture et déteste l'injustice et l'ingratitude.

Sa longue et riche carrière est liée aux bons souvenirs : la rencontre entre le Ghana et le Mali au tournoi de l'amitié à Ouagadougou en 1987, la victoire du Djoliba contre le Stade malien en championnat national (1992). Il retient cependant deux mauvais souvenirs : sa fracture au Gabon à la veille de la Coupe du monde junior en 1989, l'élimination du Djoliba par le Club africain de Tunis au stade du 26 mars alors qu'il était adjoint du coach Burkinabé Sidiki Diarra.                

O. Roger Sissoko

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