Faut savoir raison garder

La fusillade qui, dans la nuit du 8 au 9 septembre, a coûté la vie à 16 prédicateurs maliens et mauritaniens à Diabali, a fait monter la tension entre nos deux capitales. Avant même la fin de l’enquête ordonné par les autorités maliennes, Nouakchott laisse exploser sa colère, allant jusqu’à évoquer un « acte commis de sang froid, sans avertissement, sans sommation, ni interpellation ». Selon le communiqué de Nouakchott, ces 16 prédicateurs qui se rendaient à Bamako pour participer à la rencontre de la confrérie de la Dawa, prévue du 21 au 24 septembre prochains, ont été victimes d’un « massacre barbare », de la part d’une unité de l’armée malienne. Dans un communiqué rendu public, quelques heures après ce drame, le gouvernement malien présente ses regrets à son homologue mauritanien. Et aux familles des victimes, ses condoléances. Avant d’ordonner l’ouverture d’une enquête, à laquelle seront associées les autorités mauritaniennes. Afin de faire toute la lumière sur cette affaire. Bien plus, le Mali a dépêché son ministre des Affaires Etrangères, auprès de son ami et frère mauritanien pour présenter, de vive voix, ses regrets. Malgré tout, Nouakchott continue de clamer son « indicible consternation » sur tous les toits. Comme si le Mali ne compte de ressortissants parmi les victimes. Comme si ces prédicateurs avaient été massacrés dans leur véhicule, par une opération du saint esprit. Prétextant la lutte contre le terrorisme, l’armée de l’air a procédé, l’année dernière, au bombardement de certaines bases d’Aqmi à Tombouctou. Des bombardements qui ont provoqué la mort de populations civiles. Dernières victimes en date : une famille arabe voyageant à bord de son véhicule. Le père, la mère et les enfants ont été tués. Sans sommation. De sang froid. Pourtant, face à la douleur, les autorités maliennes sont restées dignes. Et contrairement au Mali, qui a présenté ses regrets dans l’incident de Diabali et avant même la fin des enquêtes,la Mauritanien’a daigné présenter la moindre excuse à son voisin malien. Il faut savoir raison garder.   Oumar Babi